Etape 2 – Verrieres, Pomier – Mont Sion – Chaumont – 28 km (36 km)
9 mai 2015 - Départ très matinal car mes hôtes doivent être au pied de leur randonnée vers 11h00. Petit déjeuner simple et rapide. Tout commence par une montée assez raide, puis des champs. Le chemin est boueux. Premier petit village, Beaumont où l’on peut admirer cette belle fresque murale.
Continuation dans une belle forêt où là aussi, on découvre un nouveau saint Jacques de belle facture. Un moment de repos bien utile après la gadoue du début du chemin.
Belle découverte, la chartreuse de Pomier. Elle fut fondée vers 1170. Pendant deux siècles, le domaine qui s’était agrandi fut administré par les Chartreux. Ils possédaient de nombreuses vignes et des moulins jusqu’à Genève. Pour exploiter leurs biens, ils faisaient appel à des albergataires qui payaient leurs droits soit en espèces, soit en nature. Une trentaine de serviteurs étaient là à la Révolution française qui s’occuper des champs et des animaux.
Lors de la Réforme protestante de 1535 qui mis à mal les États du duc de Savoie, la chartreuse fut épargnée. Cependant vers 1588, la maison subira quelques dépravations. A partir de 1780, les idées révolutionnaires pénétrèrent en Genevois. Les Chartreux virent leur prestige baisser et on les accusa d’exploiter « les mangeurs de sérac », les petites gens.
En 1792, le couvent fut occupé par les membres de la commune libre de Carouges. Dès 1793, les moines se réfugièrent en Piémont. Le couvent fut racheté par un dénommé Aguimac pour 74 480 livres. Il installa une indiennerie (fabrique de toiles peintes), puis une fabrique de faïence enfin une brasserie à bière.
En 1884, Jérémie Girod racheta ce qu’il restait de la chartreuse et la transforma en hôtellerie. Elle reçut de nombreux hôtes de marque comme le futur Jean XXIII ou Jacques Chirac. De nos jours, elle a une vocation d’accueil. (Sur le versant de Salève – la Chartreuse de Pomier – Abel Jacquet).
A Pressilly, je rencontre mon premier pèlerin, un policeman de Munich parti depuis son domicile depuis 4 semaines. Nous marchons de pair pendant une bonne heure, mais il est beaucoup plus rapide que moi. Dans une montée, je m’arrête et l’engage à continuer. Je ne le reverrai pas. Rien ne sert de courir, telle est ma devise.
Peu après, rencontre sympathique avec une belle cavalière, l’occasion de parler un peu de l’élevage des équidés dans la région.
Au col du Mont Sion, je me fais doubler par un autre marcheur. Celui-ci est moins sympathique, à moins qu’il ne soit dans son trip, même pas un bonjour.
A Contamines-Serzin, découverte de cet étrange oratoire réalisée en pleines pierres. Un bien bel ouvrage de construction sans beaucoup de moyens.
Au Malpas, je demande de l’eau à un jeune couple qui me remplit ma gourde. Elle est bien fraiche, et il fait très chaud. C’est maintenant l’arrivée au gite d’étape de Chaumont. J’y rencontre Claude, qui n’est pas jacquet mais un grand randonneur.
Très sportif, notre conversation dérive sur ce sujet. Moi, ex-marathonien, lui plutôt un coureur d’ultra-fond comme des 100 km (13 heures ou des courses de 24 heures (193 km). Depuis 2 ans, il a ralenti la compétition car il arrive à l’âge fatidique où il faut prendre sa retraite. Et où les valeurs de compétition prennent un autre aspect, plus cool. D’ici 4 ans, il envisage d’entreprendre le Chemin. Son état d’esprit mute dans la mesure où il se pose de nombreuses questions sur la vie en général, la sienne en particulier. Même s’il reste encore dans l’esprit compétition, il sait qu’il lui est nécessaire de changer, de faire le deuil de ce qu’il a été, et ce qu’il ne sera plus. Je le comprends d’autant mieux que j’ai vécu ce qu’il vite, dans les années 90’. Du siècle dernier, bien sûr.
Bourguignon la Passion.