Etape 19 – L'Affenadou - Laval-Pradel - St Martin de Valgalgues - Alès : 20 km (456 km)
C’est la dernière étape du trajet de Daniel le Corrézien qui doit rejoindre ses pénates. J’ai appris que nous étions collègues puisqu’il a rédigé deux ouvrages sur ses expériences de marcheur, l’un sur Compostelle, le second sur le GR20 en Corse. Pour les non-spécialistes, le GR20 est certainement le chemin de grande randonnée le plus difficile comme l’ont démontré les évènements tragiques de ces derniers jours. Ce départ m’attriste car je me suis attaché à cet homme simple même si nous avons surtout parlé de sociétal.
On était loin de la spiritualité qui ne l’intéressait pas. C’est ainsi les rencontres, diverses, loin de son propre mode de pensée ou de son intérêt parfois. C’est ce qui entretient et force la tolérance. C’est aussi l’étape de sortie des Cévennes puisque qu’après Alès, le terrain sera plus plat.
En passant, Daniel est particulièrement ému devant la stèle érigée à l’attention des neuf mineurs décédés dans un coup de grisou en 1958.
Lors de notre passage au Pradel, nous n’avons pu visiter le sanctuaire de Notre Dame de Laval et sa chapelle souterraine. La cité vit se dérouler de nombreux événements (les Cathares et le Comte de Toulouse, Saint Gilles, les Camisards, la résistance protestante). Rabaud Saint-Etienne, le rédacteur de l'article X de la déclaration des droits de l'homme et du citoyen qui préserve la liberté d'opinion en est originaire.
Mais ce qui attira notre attention, surtout celle de Daniel le Corrézien, c’est la présence à la sortie de la cité de ce petit train qui tirait les wagonnets pour faciliter l’évacuation du charbon. Un rappel du dur labeur des hommes de cette époque. Daniel se mit même aux commandes de la machine pour s’imprégner un peu plus de la lutte des classes. Il ne faut pas oublier ce dolmen trônant au milieu d’un champ récemment coupé et toute une collection de véhicules de la seconde mondiale lorsque notre pays était envahi par les nazis. Ce serait le reste d’une colonne remontant par la Regordane pour délivrer notre pays de la barbarie.
Un peu plus loin, c’est la découverte des mines de houille en plein ciel dit « à la découverte ». Le paysage des mines de la Grande Combe à flanc de montagne est relativement lunaire, travaillé par la main de l’homme qui pour extraire le précieux charbon, créa de grands cratères. L’exploitation cessa en 1971, et depuis est classé à l’inventaire général du patrimoine culturel. Trois de ces trous profonds recueillent l’eau et forment des tâches bleues sur cet environnement grisâtre.
Le Mas-Dieu, autre petit village traversé était un lieu de halte et de soin médicaux pour les voyageurs depuis le temps des Croisades dans la mesure où passait le chemin du Nord menant à la Méditerranée. A sa sortie, sur un raidillon pierreux, on peut admirer la Fontaine des mamans due à Charles Blanc, immigré aux États-Unis. Originaire du lieu, il fit don à sa commune du terrain sur lequel se trouve la source et d'une somme d'argent pour « amener l'eau au village et de refaire le toit de l’Église ». On peut remarquer sur la liste de son comité de soutien qu’il n’apparait que des hommes.
Non loin de St Martin de Valgalgues, nous décidons d’aller déjeuner dans ce village. Après quelques difficultés, nous découvrons un restaurant qui va nous servir de grands plats faits maison. Tout est bon, peut-être est-ce même trop chargé. Mais cela vaut le coup quand il s’agit d’une bonne adresse. Il s’agit du restaurant de la mairie.
Repu, nous reprenons la route pour aller à Alès, au gite familial de la Croisée des Chemins. La traversée d’Alès est fastidieuse, heureusement que mon GPS fut bien utile pour trouver l’endroit, l’autre côté de la ville. L’accueil est sympathique, et après négociation de notre Daniel national, notre hôte accepte de nous faire à manger. J’y revois Anne-Marie, une Suissesse rencontrée au Relais Saint-Jacques du Puy alors que j’y étais hospitalier. Nouvel hasard. Le soir, la discussion tourna un moment sur la spiritualité. Je pus échanger sur la morale, l’éthique notamment avec notre hôtesse pédopsychiatre (nous partagions les mêmes vues) et une étudiante en sociologie (nous étions en désaccord). Le contenu sembla gêner les autres participants, et l’on coupa cours à notre échange.
A suivre. Alain dit Bourguignon la Passion.