Etape 39 – Toulouse (par le canal du Midi) : 26 km (911 km)
Ayant quitté le canal du midi par un chemin, nous le rejoignons par un autre puisque ce petit village est un peu à l’écart. Comme on peut le voir sur cette photo, les enfants et les ados de Baziège ont été mis à contribution de manière imaginative et intelligente pour faire la promotion du lieu. Une belle idée d’utilisation des talents que j’ai déjà vue dans quelques villages espagnols notamment sur le camino Norte (2013).
J’ai reçu un message mal de mon éditeur, De Borée, au sujet d’un livre qui doit paraitre en fin d’année : Les mystères de la Bourgogne. Co-écrit avec deux autres auteurs de la même maison d’édition, je dois relire les textes me concernant de manière à corriger les éventuelles fautes et donner ainsi mon aval. En ce qui me concerne, environ 200 pages. Je dois donc le faire imprimer à Toulouse pour y travailler pendant mon cheminement afin de le réexpédier quelques jours plus tard à Auch. Un poids supplémentaire dans le sac. Comme vous le voyez, la vie continue…
En rejoignant le canal, à la sortie du village, nous pouvons découvrir que cette route reprend une ancienne voie romaine. En effet, cet endroit étant marécageux, les Romains avaient conçu une voie surélevée dont il reste ces petits ponts permettant à l’eau de s’écouler. Un moyen astucieux qui pérennisait la construction et qui fut conservé à notre époque.
Après avoir repris mon cheminement le long du canal, après environ deux kilomètres, je découvre de nouveau Abel assis sur un banc. Il semble m’attendre. Il me dit avoir dormi sur le bord du canal, et qu’il est très fatigué. Je peux le comprendre. J’ai alors un langage de vérité en lui disant que je trouve qu’il n’est pas en bonne forme, et qu’il ferait mieux de s’arrêter un peu à Toulouse. Il semble fermé à cette idée, voulant rejoindre à tout prix Bordeaux. Comme on dit dans mon pays, « on ne fait pas boire un âne qui n’a pas soif ».
Il n’est pas question pour moi de le laisser ainsi seul. Je décide en conscience de l’accompagner jusqu’à Toulouse quitte à prendre du retard. Cela n’a d’ailleurs aucune importance, le temps ne compte pas. J’ai aussi dans l’idée, je l’avoue, de le convaincre. En fait, les événements vont jouer en ma faveur lorsque son smartphone va donner des signes de faiblesse. Quand je lui parle de réparation, il me dit qu’il est sous garantie… à Barcelone.
Entretemps, Colette nous a rejoints. C’est donc un trio qui chemine vers la capitale de Midi-Pyrénées. Nous découvrons ensemble de nouvelles écluses, et cette bande de canards qui semblent nous suivre et prêts à nous attaquer en force. Des coquillards ? Un peu plus loin, c’est un vrai village de bateaux qui se sont installés à demeure sur les bords du canal. Et puis, il y a les moustiques particulièrement efficaces et gourmands.
Près de l’Université, Abel est tellement fatigué qu’il s’assoit sur un banc. Je me propose de rester avec lui laissant Colette continuer sa voie. Nous partageons ce que nous avons dans le sac. De nouveau, il retrouve force et vigueur et semble plus sensible à la raison. Je le convaincs d’aller à l’Office de tourisme pour qu’il puisse contacter sa mère auquel il tient tant. Je m’appuie sur le fait que sans téléphone, ce sera difficile de rester en contact. C‘est peut-être un peu fallacieux, mais c’est le résultat qui compte.
Abel s’est enfin décidé, il va prendre le train pour Perpignan. Il reçoit confirmation que sa mère viendra de Barcelone en voiture pour le ramener. Comme je tiens à ce qu’il mette son projet à exécution, je lui prends le billet et l’accompagne à la gare. C’est ce qui s’est réalisé après que nous ayons visité la basilique Saint-Sernin ensemble. Il tenait à la voir. Tout finit donc bien pour lui en espérant que sa mère le convainc de se reposer, de se retaper avant de reprendre son envol.
Nous reprenons notre marche. Nous sommes obligés de faire un détour car il y a de nombreux policiers dans la ville. Cela semble lié à la visite des premiers ministres français et chinois. C’est bien loin de nos préoccupations tout cela. A l’Office de tourisme, nous recevons un véritable accueil sympathique, Hazard et ses sacs y étant certainement pour quelque chose.
Quant à moi, j’ai récupéré mes 400 tirages pour travailler, fait des courses (il faut bien manger) et dormis à l’Auberge de jeunesse. Je ne la recommande pas : c’est très bruyant. D’autant que dans la chambre à quatre lits, je suis tombé sur un vieil Anglais bougon et râleur. Le troisième lit fut occupé vers trois heures du matin par l’arrivée tardive d’un Sud-Américain. Nuit à oublier très vite A suivre. Alain dit Bourguignon la Passion.