Etape 52 – Canfranc - Castiello de Jaca – Jaca : 24 km (1245 km)
Que dire du chemin réalisé ce jour sous le cagnard ? Il fut difficile à cause de la présence de nombreuses pierres de toutes formes sur le chemin. Dans ces cas-là, il faut être très prudent car il est facile de se tordre la cheville et ainsi être obligé de revenir prématurément à la maison. Donc, journée passée plus à regarder ses pieds qu’autour. Heureusement, il y a les arrêts bénéfiques pour le souffle et se rafraichir.
Au cours du chemin, les dessinateurs y vont de leurs talents. J’avais déjà vu cela dans mes anciens voyages en Espagne, et cela semble se développer en France (voir l’étape de Bazièges). Mais nous découvrons aussi des bâtiments à la forme étranges certainement pour la défense d’un territoire jadis.
La belle surprise fut de découvrir ce beau pont ancien. Sur le garde-fou du pont nou (pont neuf), on pouvait lire difficilement : « RAMON ME FECIC » ce qui veut dire « Ramon me fit » et la date 1599. C’est ainsi que se perpétua la mémoire de Ramon de Argelas, maître tailleur de pierre d’Iseste (vallée d’Ossau) qui fut chargé de reconstruire le pont à la suite de la crue de l’Aragon. Il s’était chargé de le réaliser en onze semaines recevant pour cela une importante somme de 800 livres adquesas.
Les villages se succèdent les uns aux autres : Villanua, Castillo de Jaca et enfin Jaca. J’ai voyagé quasiment seul. Mes compagnons de voyage ont préféré partir selon leurs habitudes en avant. Bruno et Thierry sont encore dans la compétition. Colette, plus discrète souffre toujours de ses ampoules. Nicolas, un ami venu rejoindre Bruno, s’est amalgamé au groupe. Mais il semble souffrir car peu habitué à la marche longue. Celle qui m’étonne le plus, c’est Kio, la fille de 17 ans de Thierry. Elle ne semble pas marcher vite, mais en fait, elle chemine très régulièrement. Peut-être est-ce cette maitrise des efforts que l’on reconnait aux personnes d’origine asiatique ?
Des rencontres, il n’y en eut peu ce jour. Quelques chevaux, peu de marcheurs. On est loin d’un chemin comme celui du Puy ou à la sortie de Saint-Jean-Pied-de-Port. La plupart des nouveaux arrivants sont espagnols et pour la plupart font la partie Col du Somport-Puenta-la-Reina. Une partie du chemin.
Finalement nous arrivons en deux groupes à Jaca : Thierry et Nicolas sont allés au gite communal, Colette, Kio, Thierry et moi-même sommes allés au refuge évangélique. Nos deux amis quitteront leur gite pour nous rejoindre. Bruno en profita pour acheter un nouveau sac (le sien inadapté est le même que celui que j’ai abandonné l’an dernier – pas terrible les sangles du votre M. Mc Kinley). Ici, il n’y a pas de repas le soir. Il fallut chercher un restaurant avec un menu du jour. Ce fut compliqué à satisfaire tout le monde. J’ai failli partir de mon côté tant cela me prenait la tête (expression de mes enfants). Puis, tout s’arrangea et nous avons mangé pour dix euros chacun.
Je dois dire que le groupe commence à me peser. J’éprouve un grand besoin de solitude que je retrouve en marchant. Et, heureusement que nous nous retrouvons le soir. Mais, même-là, je n’arrive pas à me concentrer et à travailler pas comme je le voudrais. C’est clair, le groupe ainsi constitué est réducteur de ma liberté. Il n’y a pas la richesse des échanges à laquelle j’aspire. Toutes les conversations tournent uniquement sur le quotidien. Il va falloir que je prenne une décision.
A suivre. Alain dit Bourguignon la Passion.