Etape 55 – Sanguesa – Monreal : 40 km (1350 km)
Je suis à mi-parcours de mon cheminement puisque celui-ci est toujours prévu en 110 jours pour 2 700 kilomètres. Le petit déjeuner nous a été remis sous forme de pack par notre hospitalier dont le bar, de toute façon, est fermé à cette heure matinale. Je commence le mien avec Clara qui rapidement prend la route pour le terminer avec Colette qui a décidé de prendre son temps. Je prends donc seul la route, me trompe de direction, puis reviens en arrière pour finalement trouver le bon chemin.
Le temps est maussade, et les pierres glissantes obligeant à faire attention. Mais la vue malgré cela est de grande beauté. Décidément, ce chemin réserve de belles surprises au point de vue du paysage. La descente a fait place maintenant à de grandes pistes légèrement teintées de gris.
La marche y est agréable. En chemin, je croise un pèlerin sur le retour. Le temps d’échanger quelques mots et nous nous éloignons rapidement. C’est maintenant l’arrivée en Navarre qui se distingue par une stèle gravée des deux côtés. Une belle réalisation artistique.
A l’entrée de Sanguesa, je rattrape Clara en grandes difficultés avec ses ampoules. La pauvre a l’air de beaucoup souffrir et pense s’arrêter à l’albergue du lieu. C’est l’occasion pour moi, au bout d’une dizaine de kilomètres de faire des courses puisque la ville est bien achalandée en magasins. Et de boire un café américain accompagné de tortillas.
La cite comporte une très belle église hélas fermée comme d’habitude devrais-je dire. Il pleut à cordes maintenant, et je ralentis mon départ en l’observant. L’église Santa Maria la Real de style roman comporte de très belles sculptures sur le tympan extérieur. Ce qui est étonnant, c’est la représentation de la légende nordique de Siegfried tuant le dragon Fafnir. L’influence peut-être de l’empire romain germanique quand l’empereur était espagnol ? Je n’ai pas pu voir une Notre-Dame de Rocamadour qui y serait abritée.
C’est la montée maintenant vers le village de Rocaforte qui domine Sanguesa. Au bout de quelques kilomètres, je trouve les restes de ce qui semblait être un ermitage. La légende en ce lieu veut que François d’Assise, en route vers Compostelle avec d’autres moines demanda à l’un d’entre eux de fonder un refuge de pèlerin. De retour vers l’Italie (en ce temps-là, on ne prenait ni l’avion, le train ou le bus), il trouva l’endroit à son gout. Une source miraculeuse jaillit et on y fonda le premier couvent franciscain en Espagne.
Plus loin, je trouve un grand bac d’eau de dix mètres de long où je peux me rafraichir. Mais l’eau n’est pas potable. En effet, le soleil a de nouveau fait sa réapparition, et il tape, le bougre. Ce ne sont que montées et descentes dans de très beaux paysages. Tout se déroule ainsi sans éléments particuliers.
Au vingt-huitième kilomètre, je traverse le village en ruine d’Olaz. En fait, je m’attendais à de vraies ruines, pas à des tas de pierres ce qui fut le cas.
Depuis quelque temps, je suis à sec d’eau. Heureusement, je vais trouver une fontaine d’eau potable à l’entrée d’Izco. Dans le village, je découvre Nicolas… venu en bus qui attend l’ouverture du refuge local. Il n’ouvrira pas car il y a une fête locale et le refuge sert de bar. Gentiment, l’hospitalière va l’amener au refuge de Monreal où je vais le découvrir en arrivant.
Alors que j’arrive au refuge, après avoir traversé le pont des pèlerins, complétement trempé car entretemps la pluie a fait de nouveau des siennes, je découvre que Thierry et Kio sont déjà là, venus également en bus. Le soir, nous partagerons le repas préparé par les hospitaliers. Un repas copieux à souhait, et bien arrosé du vin local.
A suivre. Alain dit Bourguignon la Passion.