Etape 60 – Munitibar - A Mendata - Gernika - Lezama – Bilbao: 38 km (1493 km)
Lorsque je quitte seul l’albergue, la plupart de mes compagnons de route sont déjà partis. Seul Claudio, qui avait rejoint le gite entretemps, est resté en arrière. Le temps est frais et maussade. En passant devant le monastère, j’aperçois la porte grande ouverte. Les pèlerins ont dû également quitter cet accueil où j’avais logé lors de mon dernier passage. Il a dû pleuvoir dans la nuit car je m’aperçois vite que les chemins, et surtout les pierres et rochers, sont glissants. Il faut donc être très prudent.
Peu à peu, le temps se lève et le soleil apparait parfois parmi les nuages. Alors que je marche seul, je suis doublé par un jeune asiatique qui marche à grands pas. Peu de temps après, j’apprendrai lors d’un arrêt qu’il s’agit d’un jeune Français habitant en région parisienne qui effectue là son premier départ en quittant sa famille. Il me raconte comment son père est inquiet et lui a donné moult conseils. « Alors, me dit-il, qu’il n’a jamais marché et campé. » Nous en avons ri ensemble de cette peur des parents qui ont du mal de voir leurs enfants quitter le nid familial.
C’est maintenant le temps d’une grande montée qui, dans mes souvenirs, ne se trouvait pas à cet endroit. C’est le jeu de la mémoire. En fait, je la grimpe beaucoup plus facilement que prévu. Je double la famille des trois Italiens, puis le couple de Français rencontré à Askizu, Dans une grande descente, je rencontre deux Espagnols habitant Gernika parlant parfaitement notre langue. Nous échangeons pendant plusieurs minutes de la France où ils ont vécu. Peu après, c’est le passage sur un pont romain parfaitement bien conservé.
L’arrivée à Gernika s’effectue par un chemin bien balisé. Le cheminement rouge est séparé de la route automobile par des plantations. Un bel aménagement. La traversée de la cité est assez rapide. Toutefois, je ne pouvais manquer de poser devant la reproduction en émaux du célèbre tableau de Picasso évoquant le massacre qui s’y est déroulé durant la guerre civile espagnole.
La sortie de Gernika s’effectue par une grande montée sous un soleil devenu beaucoup plus intense. Comme mon intention était de dépasser le gite utilisé la dernière fois, je prends la direction de Lezama où est annoncé par affichettes un nouveau gite moderne. En fait, quand j’y arrive, le gite est plein, et même surbooké puisque des matelas ont été posés à même le sol. Très solidaire, l’hospitalière néerlandaise parlant notre langue me conseille d’aller directement à Bilbao en autobus en me donnant l’adresse de l’auberge de jeunesse. Il reste de la place. En effet, il commence à se faire tard, 18h00.
La raison me pousse à accepter cette idée. Et c’est donc en bus que je rejoins le centre de Bilbao. A pied, il aurait fallu trois heures... Je vais donc passer la nuit dans cette auberge située non loin de la cathédrale. Le jeune couple de touristes Italiens avec qui je vais partager la chambre va se montrer d’une grande discrétion. De plus, le jeune homme me proposa le lit situé en bas au lieu de celui du haut où j’étais affecté (et oui, on donne un numéro de lit) et où je devais grimper pour dormir. Belle éducation.
A suivre. Alain dit Bourguignon la Passion.