Etape 61 – Portugalete - Muskis - Castro Urdiales : 44 km (1537 km)
Ce qui s’est passé la veille aurait dû me rendre plus prudent dans le choix de mes arrêts, et la gestion de mon temps. Il faut croire que même si l’on est sensé avoir plus de sagesse du fait de l’âge ou de l’expérience, un certain entêtement peut se révéler préjudiciable. Alors, mes amis, soyez plus prévoyant que moi sinon… c’est la galère. Et, je l’ai cherchée.
C’est donc en prenant mon temps que je quitte l’auberge de jeunesse, presque 9h00. Il y a bien deux heures que les autres pèlerins, cheminants, marcheurs sont partis. J’avais l’intention d’aller à la cathédrale, mais j’y trouve porte close. Pas le temps quand même de trainailler. Il faut y aller d’autant que la journée est annoncée chaude.
Sur mon guide espagnol, un nouveau chemin inconnu par moi est décrit.
On ne passe plus sur les quais droits comme il y a deux ans, avec l’entrée à Portugalete par un pont roulant. On passe désormais sur les hauteurs de Bilbao, ce qui entraine un détour certes, mais surtout de longues montées et descentes. Par contre, le guide espagnol conseille de prendre le bus (ou le métro) jusqu’à la sortie de la ville afin d’éliminer quelques kilomètres sans intérêt. Le guide français dit qu’il faut passer par les quais. Allez savoir qui a raison…
Et que fait cet entêté d’Alain ? Eh bien, il va les faire ces kilomètres comme si de rien n’était, comme s’il était le seul à maitriser les choses. Et cela va me coûter cher dans le périple de cette journée. Départ tardif, kilomètres qui auraient pu être maitrisés, parcours plus difficile font que lorsque j’arrive à Portugalete, il n’y a plus de place au gite.
Dois-je regretter ce nouveau parcours ? Et bien non, car il m’a permis de découvrir de nouvelles belles choses comme les toits vernissés de l’hôpital, la vue en hauteur de Bilbao, cette marque du parcours avec de vieilles chaussures, une ancienne voie médiévale pavée, la chapelle Santa Agueda…
Pas d’autre choix que de continuer vers l’albergue suivant situé à Muskis, ou si vous voulez, Pobena situé treize kilomètres plus loin. L’accès est facilité par la présence de la longue piste cyclable qui va jusqu’à la plage de La Arena. Je vais donc la parcourir sous la chaleur pesante du soleil. A un moment, manquant d’eau, je fais un détour dans un bar boire un c… et remplir ma poche d’eau.
Ce que je craignais, ce que je pressentais est de nouveau arrivé. Pas de place au gite. Ce remplissage serait dû à la présence d’une classe de quinze enfants qui fut accueillie au détriment des pèlerins. Je trouve cela nul comme pèlerin, plutôt normal comme père de famille. Toujours la contradiction. Mais, qu’y faire ? Je porte moi-même ma propre responsabilité d’arriver à 17h00 dans un gite unique à des kilomètres à la ronde.
Pas d’autre choix que de continuer vers Castro Urdiales situé quatorze kilomètres plus loin. A moins de dormir sur la plage. J’hésite un peu, et me dit que ma bonne étoile va m’apporter une solution. J’aime positiver ainsi lorsque les choses ne vont pas comme il le faudrait. Etre négatif dans ces cas-là n’apporte aucune solution, et entraine de plus des pensées négatives. Et puis, ce n’est quand même pas le désert du Ténéré ce que je vis !
Je reprends donc mon bâton, et vaille que vaille, me voilà en route dans une marche moins rapide. La fatigue bien sûr. Je passe dans des endroits connus surplombant la mer, et j’en profite pour m’en mettre plein les yeux et me remplir les poumons (ah, ceux-là) d’iode. Se créer ainsi des émotions, c’est rendre les choses plus faciles.
Finalement, alors que la nuit commence à tomber, j’arrive enfin sur les hauteurs de Castro. Alors que le scenario envisagé était d’aller dormir avec mon sac de couchage sur la grande plage (je vous promets, vous aurez la photo demain), voilà que mon attention est attirée par une toute petite plaque marquée avec une flèche sur un poteau : « bed 12 € 100m. ».
Naturellement, mon sang n’a fait qu’un tour, à moins que cela soit deux ou plusieurs. Illico presto, je m’y dirige et découvre un petit hôtel/spa que l’on ne voyait pas de la grande rue. Un homme est devant en train de téléphoner. Je lui pose la question. En réponse, il me fait signe d’entrer. A l’intérieur, une femme me propose un lit pour le prix indiqué. Et c’est ainsi que, vers 23h00, j’ai pu boire ma bière d’arrivée avec Éric, un Français ami de la patronne. Vous avez dit chanceux, le Alain…
A suivre. Alain dit Bourguignon la Passion.