Etape 67 – Serdio – Unquera – Colombres- La Franca : 20 km (1698 km)
Cinq heures du matin. Nous sommes réveillés brusquement par des échanges bruyants se déroulant sur la place où se trouve la pension. Sans que l’on puisse apercevoir quoi que ce soit, il s’agissait d’un groupe d’une bonne dizaine de personnes. S’exprimant avec force, le ton monta rapidement et ce qui nous sembla des insultes fusèrent. Cela ressemblait à une manifestation d’hommes et de femmes. Puis, au bout d’une dizaine de minutes, le bruit déclina lentement. Le groupe devait s’éloigner. Le silence retomba. Échangeant entre nous, nous tombèrent d’accord pour dire qu’il devait s’agir de la revendication de pêcheurs ou autres hommes de mer se rendant à leur travail sur le port.
Le mal était fait, pas moyen de nous rendormir. Malgré la pluie qui tombait lentement, je décidais de reprendre la route. En effet, Hélène et André souhaitaient faire un peu la grasse matinée et passer la matinée dans la station balnéaire. Alors que je sortais de la pension, la pluie se mit à tomber drue. J’avais fait un mauvais choix, mais pas question de remonter. Je cherchais vainement un café ouvert. C’est ainsi que j’ai pris la route déjà à moitié trempé.
En passant devant la gare routière, je m’aperçois que le bar est ouvert. Une chance, je vais pouvoir prendre un petit-déjeuner. Je dus me contenter d’un café et d’un paquet de gâteau qui trainait là. Il n’y avait pas grand-monde. J’ai attendu ainsi que peu à peu le jour se lève et que la pluie se calme. Entretemps, j’avais regardé si des bus pouvaient me transporter ver Llanes. Il y avait bien des bus mais vers neuf heures du matin.
Au bout de deux heures, la pluie se calma et je décidais de prendre la route. Désormais, par des petites routes asphaltées, je traverse un paysage encaissé avec de petites prairies couvrant les versants de monts calcaires, la plupart étant boisés. J’ai parcouru ainsi plusieurs kilomètres en passant par Acebosa, Hortigal, Estrada sans voir âme qui vive. Puis, peu à peu, j’ai commencé à rencontrer des marcheuses et marcheurs aux alentours de Serdio. Il semble que certains d’entre eux ont pris un autre chemin pour sortir de San Vicente. A Estrada, je découvre un édifice fortifié datant du XIVe siècle en rénovation, formé d’une tour de trois étages et d’une chapelle et entouré d’un mur à meneaux.
En passant à Unquera, je quitte la Cantabrie pour passer en Asturies. La cité est située sur la rive droite de l’embouchure du Deva, la ria étant dénommée Tina Mayor. Cette cité possède un monastère fondé au VIIe siècle qui aurait abrité le plus grand morceau connu de la croix du Christ rapporté par un évêque. En passant devant un barbier, je décide de faire couper ma barbe. Ainsi, je change de tête comme si cela était un nouveau départ.
Colombres est une cité sortant de l’ordinaire. Pour y accéder, il faut gravir le chemin tracé tout spécialement pour le marcheur. J’y rencontre certes des pèlerins, mais aussi de nombreux touristes. Que cela en montant ou au sommet, le paysage est superbe avec ses grands vallons. Sur les hauteurs, l’accrobranche reliant quelques arbres semble s’être détérioré depuis mon dernier passage.
C’est maintenant l’arrivée à Colombres. Cette cité possède de nombreuses villas atypiques construites par les « indianos », ces émigrants partis faire fortune en Amérique du Sud. A leur retour, ils bâtirent de belles propriétés selon les préceptes des pays visités. Les couleurs sont chatoyantes. Le plus beau bâtiment est sans conteste le palais bleu de la Quinta Guadalupe. Cette maison et son superbe jardin ont appartenu à Iñigo Noriega Laso, qui émigra au Mexique.
En 1906, il fit construire cette résidence à laquelle il donna le nom de son épouse. On y trouve le musée de l’Emigration qui explique les succès et les échecs des migrants. J’ai bien tenté de le visiter, mais il y avait un groupe scolaire très bruyant. J’ai préféré y renoncer. D’autres villas attirent l’œil dont certaines avec des alignements des palmiers ramenés du Brésil.
Même si le temps est peu engageant, il ne pleut plus, ce qui est un bien. Toutefois, peu en jambes, grelottant car j’ai dû attraper froid, je décide de raccourcir mon étape. En effet, j’étais parti pour aller jusqu’à Llanes, ville située à vingt-trois kilomètres de Colombres. En temps normal, cela n’aurait pas été un problème. Mais l’évidence est qu’il est plus raisonnable de m’arrêter.
Plutôt que d’aller dans une albergue, j’ai préféré aller au camping de La Franca situé à cinq kilomètres pour récupérer tout seul sous la couette. J’y avais déjà fait halte en 2013 et l’accueil dans les bungalows en bois m’allaient bien. En fait, en arrivant alors que la pluie avait commencé à tomber, je découvre que c’est désormais dans des mobil homes en plastique que les pèlerins et marcheurs sont logés. Je n’ai pas envie de rechercher autre chose. Aussi, seul dans un espace réduit pour quatre, j’ai pu me reposer en toute quiétude.
A suivre. Alain dit Bourguignon la Passion.