Etape 68 – Pendueles - Llanes - Poo – Niembro : 32 km (1730 km)
1er août 2015. Si j’ai bien dormi, c’est le froid qui me réveille. J’ai la folle envie de rester ainsi sans bouger mais je sais que cela ne servira à rien. D’autant que j’ai un mal de tête lancinant et aucun médicament pour le calmer. Aussi, j’ai utilisé une vieille méthode personnelle qui fonctionne pour moi : concentrer ma pensée en serrant les dents et en me focalisant sur le mal. Peu à peu il s’est éloigné. Ce qui ne m’a pas empêché de trainailler d’autant que le petit-déjeuner n’était servi qu’à huit heures trente. J’étais donc peu disposé à parcourir une grande étape. Mais les choses ne sont jamais celles que l’on prévoit. Les incertitudes du Chemin…
La pluie avait cessé de tomber. Malgré tout, le climat était humide et encore frais. Alors que je marchais depuis un kilomètre, le soleil est apparu timidement. En passant devant deux albergues, j’ai salué comme d’habitude les marcheuses et marcheurs d’un « buen camino » bien sonore. En avançant, j’ai pris conscience que j’étais plus en forme que je le pensais. Si bien qu’en arrivant près de Pendueles, j’ai croisé ce troupeau de vaches, et cela m’a bien fait sourire.
Après Pendueles et vers Vidiago, le chemin serpente le long de la côte, de manière plus ou moins lointaine. La nature si elle n’est pas luxuriante est d’une grande beauté. Les chemins pour la plupart terreux et pierreux s’enchainent au fil des kilomètres. En suivant leurs dénivelés, il faut parfois prendre des escaliers de pierres ou passer sur des ponts de bois surmontant un passage d’eau comme sur le rio Puron.
Un peu plus loin, je repasse devant les buffonnes d’Arenillas. Je me remémore cette étrangeté de la nature que m’avait fait découvrir en 2013 Marco l’Italien. Lorsque l’on est au bord du trou de ces bufones, on peut entendre l’écho du flux et du reflux de la mer. S’il n’y a aucun passage d’eau lors d’une mer calme, il en est différemment lorsque la mer est déchainée. Étonnant.
La côte est si découpée que l’on passe au-dessus de criques avec des plages attirantes pour ceux qui sont friands d’endroits calmes pour se baigner ou pour prendre un bain réparateur. Après tout, pourquoi pas puisque la nature s’offre ainsi. Mais, ce n’est pas mon trip d’autant que j’ai une certaine appréhension de la mer. Comme excuses (bof !), je dirais qu’il est tôt, que le soleil n’est pas très chaud et que l’eau de l’Océan Atlantique est réputée quand même assez froide.
Un peu plus loin, je dois effectuer une grande montée suivie d’une grande descente pour contourner le golf de la Cuesta installé sur les hauteurs. J’entrevois même des joueurs tirant leurs sacs à roues (lol). Nous sommes deux mondes très différents qui se côtoient. Je pense que peut-être, de temps à autre, l’un d’eux nous regarde en se disant que nous sommes de drôles de gens. Si la grande partie du chemin est agréable, vers la fin il est en partie détruit par des coulées d’eau et de boue peu après Cué vu en-dessous. On peut apercevoir une belle vue sur le golfe de Llanes.
Au bout du chemin de montagne, c’est la redécouverte de l’ermita del Christe del Camino d’une grande pureté au milieu d’une plantation d’eucalyptus avant d’entamer la descente vers la cité de quatre mille habitants hors-saison. Il y a beaucoup de touristes et voitures en ville d’autant qu’il y a une fête importante locale. Mais aussi de très belles maisons qui me font penser en partie à celles de Colombres.
Lorsque j’arrive à l’albergue où je voulais m’arrêter, dans l’ancienne gare, celui-ci est complet. Et devant, je rencontre deux amis déjà bien connus, Hélène et André, nos deux Bruxellois. Il n’y a pas d’autres possibilités que de continuer. Tous les hébergements sont pleins du fait de la fête locale. Nous prenons donc la direction Poo. Là aussi, il y a la fête et l’albergue est plein. Nous continuons d’autant qu’André à l’adresse d’une pension à Niembro, à sept kilomètres de là.
En vue du village de Barro, nous passons devant l’église Nuestra Sénora de los Dolores construite au XVIIIe siècle. De style néoclassique, elle est comme posée sur une péninsule d’étendue de sable. Quand il n’y a pas de vent qui ondule l’eau, on peut la voir se refléter dans celle-ci.
Après bien des recherches un peu fastidieuses, nous trouvons enfin la pension très excentrée. Mes amis ayant réservé pour eux, l’accueillant accepta de placer un troisième lit dans la chambre en nous faisant un prix acceptable. Après la douche et les courses effectués à la boutique d’une station-service proche, nous avons diné sous une tonnelle. Un bon moment. Gracieusement, la grand-mère du lieu nous lava nos affaires.
A suivre. Alain dit Bourguignon la Passion.