Etape 70 – San Esteban - La Isla – Colunga : 22 km (1772 km)
Le lendemain matin, je traine un peu et prend seul mon petit déjeuner copieux dans la salle à manger de l’auberge de jeunesse. Il est inclus dans le prix modique de l’hébergement. Hélène et André sont déjà partis, la quatrième personne de la chambrée également. Ce fut l’heure de notre séparation définitive car mes amis bruxellois ont choisi de continuer sur le Camino Norte, vers Gijon. Dans mon cas, je vais vers le Camino Primitivo vers Oviedo.
Je prends donc la route qui passe par San Pedro et San Esteban de Leces. A la sortie de Ribadessela, je fais une halte au camping. J’ai besoin d’un nouveau café. Il y a des jours comme cela. Ce fut l’occasion de discuter un peu avec un groupe de scouts de passage dans la région. Puis, c’est la grande montée vers San Pedro. Contrairement à mon dernier passage, je la grimpe sans difficulté et passe non loin du refuge de San Esteban qui se trouve un peu en dehors du Chemin.
Il fait très beau, et il n’y a que quelques pèlerins et quelques cyclistes sur la route. C’est maintenant l’arrivée à La Vega, un petit village isolé près d’une grande plage. Dans le vieux village, on retrouve ces horreos en bois contrairement à ceux réalisés en pierres de la Galice. L’histoire de ces étranges maisons sur pilotis, recouvertes de chaume ou de tuiles, avec un escalier décalé du bâtiment, nous projette au Moyen Âge. Ce n’était pas nouveau, les Romains en parlaient déjà dans leurs chroniques.
Ces greniers à grains typiques permettant de conserver le maïs et les denrées alimentaires A cette époque-là, le réfrigérateur n’existait pas. Pourtant, il fallait protéger la nourriture de la famille pour que les rongeurs (rats, fouines,…) ne puissent accéder à la nourriture à leur profit. C’est surtout aux alentours du XVIe siècle qu’ils se développèrent dans la région, chaque maison ayant le sien.
Après le passage vers la plage déserte, je continue mon chemin le long de la côte sauvage. La mer est calme, et il y a peu de vacanciers à cette heure matinale. En passant, je vois quelques criques sauvages, véritables petites plages privées. Pour l’instant, il n’y a personne hormis un couple qui a dû, à l’évidence, dormir sous la tente en surplomb de l’une d’elle.
Cette solitude relative se gagne car on ne peut y accéder que par un sentier raide et escarpé. Comme ce n’est pas mon trip, je passe mon chemin. Autour de moi, de nombreux oiseaux de mer s’expriment par leurs cris. Le passage à Berbes est vite franchi. De nouveau, je retrouve la côte échancrée. Ce cheminement agréable passe plus ou moins loin au gré de ce qui me fait penser à un sentier de douaniers.
Le passage du rio de Los Pomenos (les marcheurs de Dieu) est aisé de nos jours. Cela ne m’empêche pas de me projeter au Moyen Âge où sans ce passage, nos anciens pèlerins et cheminants devaient éprouver des difficultés. Le chemin passe au milieu d’un camping qui se répartit de chaque côté. C’est le moment de faire un saut à cette grande plage de l’Arenal de Moris, pour m’y tremper les pieds comme d’habitude.
Après La Espasa, au bout de 17 kilomètres, c’est l’arrivée à La Isla. Il n’est que midi, mais on peut déjà voir une bonne centaine de personnes qui s’y prélasse. Je décide de faire une longue pause dans cette cité, sachant que je n’y ferai pas halte cette nuit. Je prends donc mon temps. C’est l’occasion de faire un détour pour visiter l’église préromane de Santiago de Gobiendes dont on m’a dit du grand bien.
C’est maintenant le temps de reprendre la route pour arriver à Colunga en m’éloignant de la côte. J’y avais déjà fait halte en 2013 dans un hôtel. Je vais faire le même choix, mais dans un hôtel diffèrent, moins smart. Réduction budgétaire oblige. En fait, je ne vais pas voir le temps passer. Je suis concentré sur le début de l’écriture d’un article qui je dois remettre lors de mon retour. Et quand un auteur sent que la réflexion vient, qu’il n’a pas la page blanche, il a intérêt à écrire. Le temps va passer vite, si bien que je ressors à la nuit tombée. Juste le temps de manger rapidement un plat et de rejoindre ma chambre.
A suivre. Alain dit Bourguignon la Passion.