Etape 73 – Grado - San Juan de Villapañada : 29 km (1861 km)
Hormis mes deux compagnons de route qui passent la journée à Oviedo (en asturien, Uviéu ou Uvieo), je suis le dernier à quitter l’albergue vers huit heures. J’ai oublié de vous dire que c’est une ville importante, plus de 200 000 habitants. Comme le café/bar où j’ai diné hier soir est ouvert, j’en profite pour prendre un petit-déjeuner copieux. Hier soir, j’ai gouté aux fameux carbayones d'Oviedo, la spécialité locale gastronomique de la ville. C’est bon et bourratif car fourré à la crème d'amande. Comme j’ai bien maigri, mes poignées d'amour peuvent l’accepter (lol). Je me donne le droit de déguster et de déroger à l’alimentation du marcheur. Pérégriner n’est pas une punition, mes amis.
A la sortie de la ville, une statue commémorative du premier pèlerinage du roi Alphonse II le Chaste. Puis, une œuvre plus moderne avec cette alternative du blanc et du noir, de la lumière et des ténèbres, de la tradition et du modernisme. Puis, le paysage urbain fait place à un paysage champêtre de montagne moyenne. C’est une succession de petites routes et de chemins de campagne. Je rencontre plusieurs pèlerins sur le Chemin, notamment des Asiatiques. Il est vrai que l’aéroport d’Oviedo en déverse de nombreux grâce aux lignes aériennes.
A Escamplero, je passe devant l’albergue où j’avais logé la dernière fois. A Valsera, je découvre une petite chapelle moderne dédiée à Notre-Dame de Fatima. Elle remplace depuis 1930 celle datant du XIe siècle détruite partiellement par un incendie. A Premono, un petit village peu habité de nos jours, il y avait également au Moyen Âge un hôpital pour les pèlerins en service jusqu’au XVIIIe siècle. Il n’en reste aujourd’hui qu’une petite chapelle dédiée à Santa Ana.
Près de Penaflor, je passe sur le pont historique d’origine romane mentionné dans des écrits de 1144 pour franchir le Rio Nalon. C’est un lieu où se déroulèrent de nombreuses batailles notamment entre les troupes napoléoniennes et espagnoles lors de la guerre d’indépendance au début du XIXe siècle. Le maréchal Ney devenu duc d’Elchingen, voulant soumettre la Galice et les Asturies, alors qu’il était harcelé par la guérilla, bât le général de La Romana en ces lieux en 1809.
A Grado, on m’annonce que l'albergue municipale se trouve au village de San Juan de Villapanada situé à deux kilomètres. En fait, mes informateurs sont en-dessous la vérité puisqu’il me fallut faire facilement cinq kilomètres avec un dénivelé près de deux cents mètres. Quant aux douze places annoncés, il y en a en fait une bonne vingtaine de lits sans oublier ceux qui vont dormir sur le sol de la cuisine sur un matelas.
Il est vrai que Domingo, notre hospitalier, s’il est rigoureux sur la discipline, est un homme particulièrement sympathique n’hésitant pas à réconforter et aider ceux qui souffrent. Notamment, il lava gracieusement le linge des trente personnes présentes. Un vrai hospitalier à l’ancienne.
Cette auberge aménagée dans une maison est l’héritière directe de l’ancien hôpital possédé par l’Ordre de Saint Jean de Jérusalem au Moyen Âge. Dans l’albergue, je vais rencontrer Laurent, un Lillois, le seul Français avec qui je peux échanger. Il y a beaucoup de jeunes Espagnols assez remuants. Je ne savais pas alors qu’avec Laurent, nous allions cheminer pendant plusieurs jours. Salute Lorenzo…
A suivre. Alain dit Bourguignon la Passion.