Etape 81 (2015) – San Roman de Retorta - Puente Ferreira : 29 km (2041 km)
Ma pensée du jour de saint Augustin : « Se vider de tout ce dont on est plein, se remplir de tout ce dont on est vide. »
Après avoir quitté l’hôtel et pris notre petit-déjeuner dans une panaderia (boulangerie), Laurent et moi rejoignons nos amis de la french team sur le parvis de la cathédrale. Nous quittons la capitale provinciale qui se distingue par ses nombreux vestiges romains comme nous l’avons vu. Et surtout, en passant sous l’une des portes (celle de Santiago dite des pèlerins) de cette muraille monumentale de près de trois kilomètres de longueur déclarée au Patrimoine Mondial par l’Unesco. Il nous reste une centaine de kilomètres à parcourir pour arriver à Saint-Jacques.
Grâce au bon fléchage, dévalé une rue, nous arrivons au fleuve Miño, que l’on franchit par un ancien pont romain à l’origine. Une nouvelle occasion de nous arrêter au café ouvert pour prendre un café. Nos amis n’avaient pas déjeuné. De nombreux cheminants s’y arrêtent comme pour dire un au-revoir à la cité, à la civilisation bruyante et de s’engager vers la solitude du Chemin.
Nous passons maintenant ce pont de plus de cent mètres de long et quatre mètres de large et continuons de longer le fleuve. L’ambiance est bonne. De nombreux groupes par deux, par trois ou plus s’égrainent sur le parcours. Lorsque nous arrivons à la fin de cette route, certains continuent tout droit pour rejoindre une variante du Camino Norte. D’autres, et c’est notre cas, entament la montée de la côte un peu raide qui se dirige vers le Camino das Regas, et qui doit nous mener à San Romao da Retorta.
L’étape est plate. La majorité de cette partie de cheminement se déroule le long d’une route. Sur les bas-côtés, un sentier s’est créé au fil du temps par le passage permanent de pèlerins qui l’ont arpenté. Ce n’est pas très grave car la circulation est faible. Bientôt, je me retrouve seul, certains sont devant, d’autres derrière. Cela est bien car chacun peut marcher à son rythme sachant que nous savons que nous nous retrouverons de toute manière.
Au bout de neuf kilomètres, en arrivant au hameau de Burgo do San Vicente, je m’arrête à l’église paroissiale, un exemple du baroque rural galicien. J’y suis rejoint par deux amis de la FT, Damien et Joao. On ne peut y pénétrer, mais c’est tout à effet le genre d’église qui me parle. Deux femmes ont l’air d’apprécier. L’une d’elles ira même jusqu’à tirer la cloche située à l’entrée.
Comme la dernière fois, on se retrouve au bar situé non loin d’elle qui se trouve dans un bâtiment de ferme. j'avais doublé. Nous prenons un solide petit déjeuner dans une sorte de café-auberge un peu à l'écart de la route.
Trois kilomètres plus loin, nous quittons la route goudronnée pour continuer sur des chemins creux. Certains sont restés naturels, d’autres suivent cette antique calzada, un chemin sombre et dallé de pierres plates.
Nous arrivons à San Roman da Retorta. Déjà dix-huit kilomètres effectués depuis Lugo. Après être passé devant l'ermitage roman siégeant au milieu du cimetière, nous nous arrêtons quelque temps auprès d’un café pour se restaurer. Tout près de là, on peut apercevoir une borne romaine, d’un milliaire, qui est en fait la réplique de l’originale transportée à Astorga. Pour la protéger sans doute. On peut y lire : « C.CAESAR.DIVI. AUG. PRONEPOS. AUGUSTUS. PONT MAX. TRIB. POT. III CO.III.P.P ». Cela nous rappelle qu’un chemin romain passait il y a deux milles en ces lieux.
A San Roman, Laurent nous « abandonne » pour prendre gite. C’est avec regret que nous le laissons là. Peut-être a-t-il besoin de se retrouver un peu seul. Laissant son sac, il marche un peu avec nous pour dire au-revoir à Joao et Damien, mais nos deux gentils lascars ont marché un peu vite. Il retourne donc au gite.
Nous traversons Pacio pour rejoindre Ferreira où, semble-t-il, il y a une auberge pour pèlerin. Nous n’avons pas réservé mais nous comptons sur notre bonne étoile. Avant, nous faisons halte auprès d’un modeste pont antique romain. Nous rejoignons à Ponte Ferreira une albergue. Et la chance veut qu’avec Jean-Charles, nous ayons les deux dernières places disponibles car il fallait réserver. Quant à Joao et Damien, comme souvent, ils chercheront un lieu pour dormir sous la tente.
Après la douche bienfaisante, alors que nous attendions le repas, nous assistons de loin à un office religieux en pleine nature fait par deux prêtres accompagnant un groupe de Polonais. C’est à la fois étonnant (un autel portable amené par les pèlerins) et normal (nous sommes sur un chemin religieux). Et même si la plupart se montrent discrets, il est certain que nous portons tous en nous une spiritualité si nous sommes sur ce Chemin mythique.
Le soir, nous partageons tous (une quarantaine de personnes) une énorme paella servie par nos hôtes. Nos Polonais, ceux dont je viens de vous parler, vont se montrer des participants bruyants après avoir bu de nombreuses bouteilles de vin.
C’est ainsi que se termina cette belle journée, nos deux compères nous quittant pour aller dormir dans la campagne.
A suivre. Alain dit Bourguignon la Passion.