Le responsable m'a prévenu pas de desayuno puisque je serai le seul dans l'albergue à le prendre. Pas à discuter. Et pas de quoi preparer quelque chose. Il me faudra faire 6 kilomètres pour trouver de quoi me substanter. Bon, c'est la vie mes amis. La route qui mène à Calzadilla est classique, rien n'a redire. Il fait frais et le ciel est très assombri. Lorsque j'ai demandé hier soir si le temps allait se gâter, l'hospitalier m'a répondu que non. J'en doute ce matin.
En arrivant à Calzadilla, miracle : un café. Je prends enfin mon desayuno. Vous savez pour nous les vieux, c'est important de manger. Suivez mon regard. Une vieille église attire mon attention. Puis, pluie de la journée qui dure dix minutes mais avec force. Première pluie depuis mon départ il y a dix jours. Je ne vais pas me plaindre après toute cette chaleur. Mais, il faut sortir le kway et protéger le sac.
Des paysages herbeux et le vieux fou (dixit Djamel).
Continuation du cheminement sur des sentiers de terre entourés d'herbes hautes. Tout cela avec beaucoup de couleurs. Le soleil un peu palot est revenu. Ce n'est pas un mal car la température est de l'ordre de 15 degrés. C'est sur, on est loin de la canicule.
Tranquillement je poursuis mon cheminement et tout autour de moi me pousse à la réflexion. Notamment sur la contribution que je dois envoyer avant le 15 juillet sur le thème : " L'universalité de la fraternité sur le Chemin de Compostelle ". Tout un programme. Étant absent pour ces journées d'été pour cause de cheminement vers Compostelle, elle devrait être lue par l'un des participants. J'ai donc commencé à rédiger mais comme tout, il faut que cela murisse.
Sur le chemin - églises, rivières (rios), animaux, soleil, pluie et toujours des gens sympas.
Toujours le Chemin... Seconde pluie qui dure peu. Et c'est l'arrivée à ma destination du jour.
Alors que je pensais la pluie derrière moi, voici qu'à l'entrée de Zafra, elle tombe de plus belle. Une vraie tornade en quelques minutes. Si bien que lorsque j'arrive à l'accueil des hospitaleros, j'ai pu voir que la jeune femme ne savait que dire. Manoli, j'ai appris son nom ensuite, me laisse me dévêtir de mes vêtements de pluie, me tend une serviette et m'indique la direction de la salle de bain.
Antonio, le responsable arrive. Je m'installe dans une chambrée de huit, mais j'y serais seul. Notre ami parle un peu français et connait bien Saint-Jean-pied-de-Port. Nous échangeons sur notre expérience d'hospitalité que j'ai débuté l'an dernier. Ce fut une grande expérience émouvante. Alors que je ne m'y attendais pas, il me donna une coquille jacquaire. Il avait vu que je n'avais pas la mienne. Ps : je l'ai oubliée. Enfin allais - je dire un moment réel de fraternité. Ce genre de geste gratuit vous réconcilie avec le monde.
Zafra - l'albergue Vincent Van Gogh - immeuble mis à disposition par une grande famille de la ville.
Ce soir, c'est la finale européenne de football (gagnée je l'apprends maintenant par le Real chapeau Zidane), et il y a du bruit en ville. Ah ! Ces jeux modernes du cirque. Voilà qui n'empêche pas l'albergue de fermer à 22 heures.
A suivre. Alain dit Bourguignon la Passion.