J'ai très bien dormi, merci. Est-ce le lieu ? Allez savoir. Lorsque je m'installe pour le petit-dejeuner, les cyclistes sont déjà présents. Ils parlent entre eux. Manoli me sert mon café et je biscotte en mettant de la confiture dessus. Antonio arrive et nous échangeons ce qui attire l'attention de nos cyclistes. Nous leur expliquons que je suis aussi hospitaleros en France ce qui explique notre entente. D'un seul coup ils sont intéressés et me demande d'où je viens, etc...
Nous faisons ces quelques photos auxquelles ils participent. Peut-être cela va les décoincer pour l'avenir ? Toujours est-il que ce n'est pas le cas de mes amis qui sont heureux de cela.
Puis, c'est le départ car il faut se quitter : c'est la nécesité du passant pèlerin qui va de lieu en lieu, qui va au plus loin qu'il pourra. Et découvrir le monde de son pas lent et tranquille. Point de vitesse, simplement vivre intensément des émotions et des moments forts qui vont l'enrichir.
Les sorties de ville sont souvent prétexte à se tromper et la moindre erreur vous entraîne à effectuer des distances supplémentaires. Et bien, je me trompe, reviens en arrière et enfin trouve le bon fléchage. Et d'ailleurs prend des photos de lieux ne se situant pas sur le Chemin. Notamment cette arche d'entrée dans la cité.
Un peu plus loin, un chemin de fleurs à l'ancienne. Je me rappelle gamin, alors que j'étais dans un orphelinat en Normandie tenu par des religieuses que nous allions dans les champs et en forêt cueillir des fleurs pour enjoliver la procession. Cela est une tradition perdue de nos jours. .. Toujours est-il qu'ici c'est bien fait et que de nombreux jeunes y participent.
À Zafra le chemin de fleurs.
Montée assez raide, suivie d'une descente bétonnée très rapide affichant 14 %. Attention à toi Alain. Tu as déjà payé ton dû à la chute. Au village de Los Santos de Maimona, nouvelle découverte à l'église, la décoration du reliquaire qui sera promené l'après-midi même en procession dans la cité.
Je vais au bar ouvert boire un café americano, un café noir allongé en fait. Nos amis espagnols boivent surtout du café con leche, un café au lait dans des verres.
Mon cheminement se poursuit tranquillement et de nombreuses pensées se bousculent dans ma tête au sujet de la liberté, la fraternité et l'égalité. Il faudra à l'étape faire le tri car sur ce chemin pas moyen de s'arrêter à l'ombre pour prendre des notes.
En vue de Villafranca, je me dis que bientôt je pourrais déguster ma cerveza, ma bière d'arrivée. Une autre tradition de Lequien ' après l'effort le réconfort '. Une bonne bière bien fraîche permet aux muscles de se relâcher. L'effet du houblon semble-t-il ! Si ce n'est pas vrai, et bien cela me fait du bien.
La première albergue suggérée par Antonio est completo - un groupe de cyclistes. Je me rabat sur la seconde tenue par Mme Carmen qui se situe dans un appartement en ville. Je vais y rencontrer deux pèlerins. Tout d'abord un Allemand de mon âge qui doit bien peser dans les 130/140 kilos. Je fais crevette à côté de lui. Il s'exprime très bien en français. Il ne sait pas s'il va continuer car il a mal au dos. Il vient quand même d'effectuer une centaine de kilomètres à pieds.
Le second est Espagnol et nous sympatisons assez vite. Il m'avait doublé à vélo une heure auparavant. Lorsque nous irons boire un verre et prendre notre menu peregrino ensemble, Miguel Angel va se confier. Il a perdu son emploi il y a peu, mais la banque où il travaillait lui maintient 65 % de son salaire jusqu'à sa retraite. Il est, me dit-il, content de son sort. Cela aurait pu être plus terrible comme situation. Nous parlons beaucoup de cette période difficile dans beaucoup de pays européens.
A suivre. Alain dit Bourguignon la Passion.