Étape 88b (2015) – La découverte de Coimbra
Situé à un passage stratégique à mi-chemin du nord et du sud du pays, sur une colline escarpée, la cité est bâtie sur des vestiges préhistoriques comme la Grotte des Alquèves, remplacé ensuite par un oppidum celte. La conquête romaine lui donnera corps en fondant Aeminium, une civitas alimentée au Ve siècle par l’arrivée massive d’une population en fuite en provenance de Conímbriga visité hier. Coimbra est d’ailleurs une contraction de Conímbriga.
La ville fut ensuite occupée par les Musulmans qui restèrent trois siècles. Ce n’est qu’en 1064 qu’elle fut reconquise. C’est à cette époque qu’arriva le fils cadet du duc de Bourgogne (oh ! le chauvin), petit-neveu de l’abbé de Cluny, Hugues. Son fils devint roi du Portugal et créa la première dynastie. Coimbra est alors la première capitale du Portugal, remplacée en 1255 par Lisbonne.
Ma première visite, après une montée raide de la colline est pour l’université, joyau de la cité. C’est l’une des plus anciennes d'Europe. Fondée à Lisbonne par le roi Denis en 1290, elle est définitivement transférée à Coimbra en 1537 dans les bâtiments du Palais er Royal médiéval. Elle va s’étendre peu à peu jusqu’à nos jours. En 1765, elle comptait déjà près de 8 000 étudiants soit la moitié de la population de la ville. De nos jours, elle compte désormais 20 000 étudiants pour une population de 143 000 habitants.
Je ne vais pas la visiter du fait d’une longue attente, d’un prix d’accès prohibitif selon moi et de la nécessité d’être encadré dans un groupe. Trop pour moi.
Je vais donc parcourir la ville et me diriger vers la Sé-Neuve. Elle fut conçue par un père jésuite et bâtie à la fin du XVIe siècle. Sa première destination était de servir d’église au Collège de Jésus. En 1759, les Jésuites sont expulsés et leurs biens donnés à l’Université et au Chapitre. Elle devint cathédrale en 1772. Là aussi, j’aurais voulu la visiter, mais l’entrée est payante. Et comme je ne suis pas fana des ors, ce n’est pas bien grave.
Je me rabats sur la Sé Vieille, l’ancienne cathédrale en espérant que son accès sera libre. Et, je ne vais pas être déçu car il s’agit d’une authentique église romane comme je les aime. Elle fut conçue et bâtie à la fin du XIIe siècle par deux architectes français. Surmontée de créneaux, sa construction rappelle celle d’un château. Normal, Coimbra était à la frontière avec les pays islamisés. Je m’y suis senti bien et est pu me reposer dans la quiétude, car dehors, il fait chaud. J’ai moins aimé le retable principal flamand du XVe siècle trop orné d’or. La simplicité mes amis, la simplicité… on y trouve aussi un beau cloitre que je n’ai pas pu visiter. Devenue exiguë et peu adaptée aux grandes célébrations liturgiques, on lui préféra la Sé-Neuve plus imposante. Dommage !
Continuant ma pérégrination dans la cité, après avoir mangé un petit morceau, j’arrive à l’église du monastère de Santa-Cruz réputé pour ces azuléjos, ces décors en faïences bleues. Là encore, je ne vais pas être déçu. Revenu de Terre Sainte, le promoteur de ce monastère créa ce qui lui paraissait ressembler aux communautés monastiques qu’il avait rencontrés.
Le monastère fut fondé en 1131 par les chanoines de l’ordre de Saint Augustin. Bien avant la fameuse université de Coimbra, il accueillait des étudiants célèbres à l’image de Saint Antoine. Le premier roi du Portugal et son héritier Sancho 1er y sont enterrés dans deux élégants sarcophages funéraires, à l’intérieur du chœur de l’église, devenu panthéon national
L’église abbatiale subit au cours des siècles suivants de nombreux modifications ou ajouts pour devenir gothique au XVe siècle. D’autres modifications seront effectuées si bien que l’on y trouve des traces de la Renaissance, du baroque (l’orgue)…
Ce qui principalement attiré, ce sont ces nombreux panneaux d’azulejos historiés comme par exemple la guérison miraculeuse opérée sur la vraie Croix après sa découverte par sainte Hélène.
A suivre. Alain dit Bourguignon la Passion.