Les premiers kilomètres de cette étape se déroulent pour une grande part le long de la route nationale avec en fond l'autoroute. Donc, rien d'amusant et même à oublier vite. Sur une petite dérivation un sac abandonné par son propriétaire il y a bien longtemps. Peut-être qu'ici s'est joué une histoire de vie.
Enfin, je sors de la route pour prendre des chemins plus conformes à mes attentes : de la bonne terre sombre, épaisse comme l'aiment les paysans. Tout se déroule vite. Près de Merida, je croise trois cyclistes italiens. Un peu plus tard, c'est un Polonais qui marche vite. Trois mots puis il reprend sa marche et je le vois disparaître à l'entrée de Merida.
Quelques difficultés pour trouver le marquage alors, je suis la pancarte centro ciudad. Et j'arrive effectivement par un très beau pont romain réservé aux piétons près du centre. Le prix de l'entrée des ruines étant de 15 euros, je tente de negocier que je ne suis que de passage. En vain. J'apprendrai à la fin de l'étape par des Français que j'aurais pu négocier le demi-tarif pour les plus de 65 ans... avantage de vieux.
Merida : l'entrée en ville. ..
Je profite de l'occasion d'être dans une grande ville pour renvoyer différentes affaires à la maison, pour 1,5 kg. Même quand on a de l'expérience, on emmene trop de choses. La peur de manquer peut-être. .. Toujours est-il que Mérida vaut le détour touristique.
Comme il n'est que midi trente, je me dis qu'il serait bien de continuer les 16 kilomètres restant pour arriver à Aljucen en marchant tranquillement. Je n'avais pas compté avec le soleil. Et pourtant, je le sais. Ah, cet entêté de Lequien ! Je vais donc passer sous les restes de l'aqueduc romain (fantastiques), puis rejoindre la piste cyclable. Et miracle, un bel olivier ombragé va me permettre de manger à l'ombre.
Merida : l'aqueduc romain.
Reprise du trajet qui m'amène à un restaurant. J'ai soif, donc je bois un coca bien frais. Le propriétaire, un homme de mon âge, vient discuter avec moi. Il se plaint. Nous étions huit à travailler ici avant la crise, nous ne sommes plus que deux. Un joli chat vient se frotter contre moi. Pauline aimerait cela. Les chats dit-elle savent reconnaître les gens de bien. Ouf ! Je m'en sors bien.
Continuant sur piste cyclable, j'arrive à Merida. Eh non, vous ne rêvez pas : une seconde cité du même nom. À moins que l'on n'est jamais quitté la première ?
Et une belle reserve d'eau, celle de Proserpina, qui donnerait l'envie d'aller piquer une tête. D'abord c'est interdit et d'autre part ce n'est pas mon truc. Je vais donc la longer et découvrir une petite plage où s'ébattent deux baigneurs. Ouah ! Je profite du lieu pour boire quoi ? Non, pas une cerveza, je ne suis pas arrivé. Oui, un coca, pardon, ici un Pepsi. Il me reste huit kilomètres me dit le patron. Il est vrai que je suis le seul client.
Propersine, la réserve d'eau et restes romains.
Il fait chaud, très chaud. J'aurais mieux fait d'être resté tranquillement à Merida. Et toujours pas d'ombre. De la route, on aperçoit à quelques centaines de mètres de là les constructions romaines. Chemin ou aqueduc ? Enfin, alors que je ne m'y attendais pas, le chemin tourne à gauche vers des plantations de chênes et de taillis. Chouette, plus d'asphalte. Et un bel arbre ombragé. Il va m'accueillir une bonne demi-heure. De l'ombre qui va permettre de faire baisser la température de mon corps.
Reposé, il me reste à finaliser l'étape qui, dans un premier temps m'amène à Carrascalejo. Je croyais être arrivé quand j'ai vu un bâtiment neuf marqué albergue municipal. Et bien non, c'est une albergue en construction. Les cyclistes italiens qui m'ont rejoins (ils prennent leur temps) m'indiquent qu'il faut encore faire un ou deux kilomètres. Alors allons-y.
Finalement j'irai à la première auberge ouverte il y a peu. J'y retrouve les Italiens, et puis Engel, le pèlerin allemand. Bigre, il a bien marché. Je sympatise avec quatre Bretons de mon âge avec qui je dinerais le soir.
A suivre. Alain dit Bourguignon la Passion.