Etape 27 - Valencia - Silla - Almussafes - Benifaio - Algemesi - 25 km - (671 kms)
Ça y est, c'est décidé, je vais suivre le conseil de Juan et prendre le train local qui me déposera à Silla. Non seulement cela me paraît un bon plan, mais cela va réduire cette première étape de trente-huit kilomètres à vingt-cinq seulement. Et sous la chaleur, cette différence vaut son pesant d'or.
Après un desayuno bien copieux dans une panetaria (boulangerie), me voici dans le train. Juan avait vraiment raison. Je passe dans des quartiers très miséreux. D'immenses cités tristes entourées de terrains vagues remplies d'herbes séchées. J'aurais été très mal à l'aise face à un tel environnement.
Beaucoup de noms que je vais traverser commencent par Al comme Alfafar. C'est ce qui reste de la présence importante des musulmans dans cette partie de l'Espagne. Exemple, Alfafar est la transcription du nom arabe Al Hofra signifiant le lieu plein de trous. Le train arrive bientôt à Silla, mon vrai point de départ.
C'est jour de marché et la cité grouille de ces gens venus faire leurs courses, marchant lentement comme il se doit. J'ai repéré le clocher de l'église où passe traditionnellement le Camino lorsque je suis interpellé en français par un marchand de fringues. Francais d'origine nord-africaine, nous parlons du pays qu'il a quitté " parce que on ne peut rien y faire " selon son avis. Je ne m'attarde pas, j'ai du chemin à faire et il est déjà neuf heures.
Ici existait jadis un hôpital de pèlerins géré par les Hospitaliers de Sain-Jean de Jérusalem. Il est de nos jours disparu. Visite rapide de l'église et, en sortant, comme je m'y attendais, la petite flèche jaune magique apparaît. Elle me donne le tempo. Pendant plusieurs kilomètres, je vais traverser d'immenses champs de plantations d'oliviers et surtout de riz. Il est vrai qu'ici nous sommes dans le pays de la paella.
Silla - l'église et le chemin.
Au bout de dix kilomètres, j'arrive à Almussafes (le lieu de la moitié du chemin, lié aux marchands), une cité sympathique de sept milles habitants. On peut y admirer une tour de guet musulmane. C'est à la cité jumelle de Benifaio située à quelques pas que je vais m'arrêter pour un menu del dia (menu du jour) car ici, le menu del peregrino n'existe pas. Et je vais manger en entrée une paella qui à elle seule m'a rempli. Et, je retrouve de nouveau une tour arabe.
Rizières, borne et tour du temps de la présence musulmane.
Il fait déjà très chaud et il me reste environ douze kilomètres à parcourir pour arriver au terme prévu de mon étape, à savoir Algemesi. Ce fut difficile car le mec soleil ne fut pas tendre. Mais de quoi je me plains, je l'ai voulu. M'adressant à la police locale, le policier de service me remit la clé de l'albergue après avoir photographié ma carte d'identité. Je me retrouve seul dans ce gîte se trouvant dans une maison particulière. Et je m'ecroule dans un sommeil réparateur alors que je voulais simplement me détendre. L'étape n'était pourtant pas rude, que du plat, mais il faut croire que j'ai besoin de sommeil. Heureusement que nos amis espagnols dînent tard car ce n'est que vers vingt-et-une heures que j'emerge. Et donc je peux aller manger dans un bar. Quant aux courses pour demain, on verra sur la route.
Algemesi - église et albergue.
A suivre. Alain dit Bourguignon la Passion.