Etape 36 - La Gineta - 20 km - (882 km)
Étrange cette trente-sixieme étape qui doit couper en deux celle prévue dans le guide de plus de trente-neuf kilomètres. Celle-ci est infaisable selon moi avec des températures avoisinantes les trente-neuf degrés. Hier soir, à vingt-deux heures, il faisait encore trente-deux degrés dans ma chambre m'obligeant à mettre en route la climatisation. Heureusement que j'étais à l'hôtel.
Il y avait deux chemins pour sortir d'Albacete et naturellement, j'ai pris le mauvais. Triste de moi.
Pourtant, tout avait bien commencé, trop peut-être. L'accueil avait entrouvert spécialement pour moi le service du petit-dejeuner à sept heures alors que cela était prévu à huit heures, samedi oblige. Et, puis le chemin que j'avais choisi partait, selon le plan de l'office de tourisme, au pied de l'hôtel. Idéal, pas besoin de chercher. En plus, il était sympa ce début de chemin, tout droit, tout large, bien propre. On peut même y rencontrer une ancienne micheline a vapeur. Un doute toutefois, je ne retrouvais pas la rue où je devais tourner.
Albacete : la sortie de ville.
Mais, en fait, ce plan ne prenait pas en compte que la route nationale 322 s'était transformée entretemps en autovia (route 2x2). Il m'a fallu faire un détour de deux kilomètres pour trouver un pont me permettant de la traverser et de retrouver après une heure de tâtonnements le bon chemin. Après, tout fut clair, net, bien indiqué.
Si le début s'effectue le long de l'autoroute 31, après quelques kilomètres, le chemin s'en eloigne. Un parcours classique de grands chemins pierreux sans ombre, sauf de temps à autre. De plus, cette partie me permet de passer de huit cents à sept cents mètres d'altitude. Nous sommes en pays céréalier et, à cette époque, les travaux dans les champs sont intenses. S'il n'y avait pas ce sacré soleil, ce serait agréable. Je rencontre quelques tracteurs et camions portant de très gros balots de paille. Et, pas un marcheur, pas un cycliste en vue.
En allant vers La Gineta.
J'arrive à midi passé à La Gineta et boit ma traditionnelle cerveza d'arrivée. Et, surprise, j'apprends qu'il n'y a plus, comme c'est indiqué dans le guide (hébergement au pavillon des sports) et le document touristique, d'accueil pour les peregrinos. Vous voyez d'ici ma tête ? Et la prochaine étape est à plus de vingt kilomètres... Â pied, sous la canicule, ce n'est même pas la peine d'essayer. J'étudie les solutions : train,taxi, bus, il n'y a rien dans ce petit village de mille âmes.
Une véritable chaîne de solidarité va se mettre en place. Une personne qui buvait au bar avec sa copine va tenter de joindre la mairie. En vain. De lui-même, il va me transporter au centre sportif et réussir à convaincre le préposé de m'héberger dans la salle de sport comme indiqué dans le guide. Contactant son responsable, ce dernier donne son accord avec l'avis favorable de la police locale arrivée entretemps. Bref, j'ai dormi dans la salle hand/basket, une grande différence avec la nuit précédente. Mais, au moins, j'ai un matelas et une douche. Avec le passage des trains en fond, et le chant des oiseaux se baladant comme chez eux dans cette salle.
La Gineta : l'albergue municipale dans la salle de basket.
Il faut dire qu'ils avaient d'autres chats à fouetter nos amis de la municipalité. Le soir même se déroulait une course pédestre à laquelle, comme ancien coureur, j'ai assisté. J'ai retrouvé la même ambiance euphorique, les applaudissements y compris pour ceux qui souffraient, sans oublier la hargne de celui qui veut gagner quelques secondes ou places en sprintant. Et puis, ces gamins tenant la main d'une maman ou d'un papa pour passer la ligne d'arrivée. Que de souvenirs cela évoquent en moi. Cela, personne ne pourra me le retirer.
Finalement, une bien belle journée de plus.
La Gineta, course pédestre.
A suivre. Alain dit Bourguignon la Passion.