Etape 43 - Villanueva de Boga - Mora - 25 km - (1 076 km)
Sur mon guide, il était prévu une étape sans passer par le moindre village, et en suivant notamment un caratera, une route goudronnée. Cela m'inquiétais un peu, toute chose égale par ailleurs, car cela voulait dire sans point d'eau, mais aussi sans se poser dans un bar pour consommer un café ou une boisson bien fraîche. La réalité va être différente pour la seconde journée consécutive.
Le bar n'étant pas ouvert, je suis tombé à la sortie de Trembleque sur un homme en caravane qui fabriquait des glaces mais aussi des espèces de gâteaux frits. Il faut que j'en saches un peu plus à leur sujet. Je vous en reparlerais. Pour terminer, il avait une machine à café et donc m'en a servi un.
Départ direct sur un chemin blanc de terre tassée et de cailloux que l'on connaît bien car ce mélange est souple et agréable sous le pied. Cela amortit bien les chocs et donc est moins fatiguant. Tout se passe bien sauf que je m'aperçois que l'on s'éloigne progressivement de la route. Cela ne m'inquiète pas outre mesure car le fléchage traditionnel est bien présent. Peu à peu, les champs s'animent avec de nombreuses machines agricoles qui effectuent leur travail. Quant au soleil, il fait déjà son apparition. Hier, sur les écrans de télévision, on annonçait trente-huit degrés. Il ne fit que trente-cinq. Pas mal quand même...
Et puis, tout à coup, vers le treizième kilomètre, je vois apparaître au détour d'un chemin un village non prévu sur mon plan. Mirage ou réalité ? Je me doute toutefois qu'il se passe quelque chose de pas ordinaire. Erreur de parcours ? Changement ? En arrivant, je cherche un bar pour essayer de comprendre, mais aussi boire quelque chose, il faut être honnête.
Le premier est fermé. J'interpelle un jeune homme en voiture. Ouf, il parle le français venant régulièrement travailler dans notre pays. Il m'explique la fermeture du dit café et m'emmène en voiture à une autre bar, " le seul qui reste dans le pays " me dit-il. Et, il me confirme que l'on se trouve à Villanueva de Boga. Je ne deviens donc pas fou ou sujet à des hallucinations. En fait, cela fait déjà longtemps que le Camino Levante passe par là. Problème de mise à jour des cartes ?
J'avoue que je suis rassuré car ma crainte était plutôt d'être sur un autre chemin n'allant pas vers Mora ou Tolede. Et donc,de faire du chemin en plus. En soi, ce n'est pas grave mais ce qui le devient, c'est marcher en plus sous le cagnard. Cela vous pompe de l'énergie et vous oblige à vous arrêter plus souvent. Et je ne vous dit pas : l'eau devenue chaude par la force des choses ne désaltére plus beaucoup.
Superbe chemin.
Je pense qu'au change, j'y ai gagné car après ce village, l'environnement est complètement modifié. On passe d'une zone céréaliere à une zone de moyenne montagne avec des chemins pierreux très marqués avant de devenir une zone de plantation de dizaines de milliers d'oliviers. Ils sont toujours étonnants ces changements brusques de paysages sur ce Camino. C'est l'une de ses spécificités.
Enfin, j'arrive à treize heures trente fatigué mais heureux de ce parcours qui m'a fait passer de six cents à huit cents mètres d'altitude. Arrivé sur place, je decouvre un hôtel sympa à trente euros. Pour l'instant, avec les gratuités, je suis à cent deux pour cent de mon budget. C'est qu'il est radin, le père Lequien. Va pour l'hôtel, j'ai besoin de faire un gros somme.
Mora, gentille petite bourgade.
Demain, journée rude. Selon mon guide, mais faut-il le croire ?, plus de trente-huit kilomètres pour arriver à Tolede. Alors, il faut être reposé. Et de plus, c'est dimanche...
À suivre. Alain dit Bourguignon la Passion.