Etape 52 - Hernansancho - Tinosillos - Arevalo - 27 km - (1 284 km)
José Luis m'avait prévenu, il veut partir avec sa fille très tôt, vers six heures en faisant le moins de bruit possible. Il s'excuse par avance s'il me réveille. Un vrai comportement de pèlerin, notre ami. Je le rassure, pas de problème. Je me réveille à temps afin que l'on se souhaite mutuellement un Buen Camino de rigueur. Nos chemins se séparent à cet instant. J'aurais aimé faire un bout de chemin avec eux.
Chemin coloré , chemin sombre, ombre et lumière.
Une demie-heure plus tard, c'est à mon tour de prendre la route vers Santiago. Notre Allemande, qui a dormi dans la pièce annexe, tourne en rond. En fait, partant pus tôt qu'elle, je pensais qu'elle allait me rattraper et me doubler sans difficulté en cours de route. Ce ne fut pas le cas. Elle a tout simplement disparu. Peut-être a-t-elle choisi une autre route ? Ou pris l'autobus ? Décidément...
C'est donc seul que j'effectue cette nouvelle étape. Tout commence par un chemin longeant la route qui mène au villages uivant. Puis, ce sont de nouveaux chemins de terre... Comme le temps est frais et venteux, j'ai gardé ma veste. Ce fut quasiment le cas toute la journée. La température ne dépassa pas les vingt-trois degrés avec un soleil palichon. Un temps idéal pour la marche. Je n'ai pu boire un café qu'au treizième kilomètre, à Tinosillos.
Un Buen Camino, des églises, une cigogne...
Après ce village, nouveau décor. Je traverse désormais une forêt de pins dont certains portent les stigmates de la collecte de la sève avec les godets. On se croirait dans les Landes. Très étonnant, je ne m'attendais pas à un tel paysage ici, avec un sol sablonneux. On est loin de la mer. Cela va durer quasiment jusqu'à l'arrivée de l'étape. Plusieurs kilomètres sans voitures ni bruits, deux kilomètres sur le bas-côté d'une route (c'est plutôt dangereux ), enfin une arrivée sur un petit chemin longeant la route jusqu'en ville.
Forêt de pins, on se croirait dans les Landes.
Arevalo est une petite ville de huit milles habitants située à huit cents mètres d'altitude. Elle est jumelée avec Autun, la cité bourguignonne au passé prestigieux. J'ai tant ecrit sur elle. Un petit coucou à mes amis autunois en passant. Quand je vous dis qu'il n'y a pas de hasard...
A l'office de tourisme, on m'annonce qu'il n'y a pas d'albergue, mais que je peux aller dormir à la salle de sport en contactant la police municipale. Pas trop envie d'autant qu'il faut revenir en arrière. Et, par principe sauf erreur de parcours, un cheminant va toujours de l'avant. Je choisis un petit hôtel car la cité est pauvre en logements.
J'apprends par mon interlocutrice qui s'exprime dans un bon français la raison des écarts de parcours constatés entre mes plans et la réalité du terrain. Il existe en fait deux associations concurrentes, l'une défendant le départ du Camino Levante à partir de Valencia (choix que j'ai fait), l'autre à partir d'Alicante (ce que j'avais prévu initialement). Chacune a établi un guide. En soi, c'est bien et compréhensible. Mais, au lieu de se mettre d'accord sur la partie commune, chacune a choisi son propre chemin. Voyez-vous le ridicule de la chose ? Et le pèlerin dans tout cela ? Ce serait si simple de se mettre autour d'une table et de se mettre d'accord au bénéfice de ceux qui marchent. Eh non, ce serait perdre la face. Ridicule ! On est là dans des problèmes d'ego, chacun croyant détenir la vérité. C'est typique de ce qui divise les hommes et qui fait que nous vivons en permanence dans une situation conflictuelle.
Arevalo, son château, son pont de Médina, ses églises...
Demain, j'ai le choix entre une étape de trente-quatre kilomètres ou deux plus courtes de dix-sept kilomètres. Je déciderai selon le temps, la fatigue, l'envie du moment... Pour l'instant, il est temps de trouver un endroit pour manger. Ce midi, cela a été très léger. Il fait maintenant trente degrés, plus chaud qu'à mon arrivée. Je ne vais pas traîner.
À suivre. Alain dit Bourguignon la Passion.