Etape 60 - Tabara - 26 km - (1 477 km)
Je pars tôt avec Marriet et Guillhem, vers six heures du matin alors que le soleil n'est pas encore levé. Mes amis ont repéré le parcours si bien que l'on risque peu de se tromper. En route, nous tombons dans la nuit sur un couple de vieilles personnes croisées la veille au village de Granja. Étonnant de les voir ainsi cheminer dans la nuit noire.
Nous allons cheminer toute la journée aux alentours de sept cents mètres d'altitude. Toutefois, dans la réalité, nous allons faire de nombreuses montées et descentes ce qui fait que j'ai enregistré environ quatre cents mètres de montée. Le paysage est particulièrement arboré. C'est un grand plaisir de marcher sur des chemins souples.
Changement de chemin entre Ourence ou Astorga - la séparation ?
L'arrivée sur un pont ancien imposant qui surplombe le Rio Elsa est un grand moment. La suite va être surprenante avec des passages de rochers où il faut prendre des précautions le long du Rio. Alors que nous arrivions presqu'en haut de cette montée juste après une pause, voilà qu'apparaissent nos deux amies espagnoles accompagnées de Sebastian, un professeur d'éducation physique croisé la veille. D'après ce que j'ai compris, elles qui devaient aller à Astorga ont joué à pile ou face pour choisir de nous accompagner. L'ambiance doit y être pour quelque chose sans doute.
Toujours la beauté des paysages et ce pont romain de grande envergure.
La " familia ", comme dit Willhem, s'agrandit peu à peu d'autant qu'il faut y ajouter Carlos, parti à pied de Valencia comme votre serviteur, mais qui est obligé de continuer le parcours à vélo en petites étapes. Et puis, notre amie russe dont le nom est imprononçable pour moi, qui très silencieuse jusque là va progressivement s'ouvrir grâce aux talents linguistiques de Willhem. Venue d'Oural, elle effectue son troisième Chemin. Quel courage pour cette professeure qui ne gagne dans son pays que l'équivalent de trois cents euros par mois.
Cela monte, cela grimpe. Il faut faire des efforts.
Nous arrivons à la petite ville de Tabara comptant nef cents âmes et qui possédait jadis un monastère mozarabique. Après un passage presque obligé par le bar pour se désaltérer, chaleur oblige, nous prenons la direction de l'auberge pelegrino où nous sommes accueillis par un hospitalero qui va nous préparer notre repas du soir et le desayuno de demain matin. Auteur de plusieurs ouvrages, Fernando nous parle longuement du Chemin et des richesses de son pays. Nous avons même droit à une vidéo qui explique l'église romane de notre prochaine étape, Santa Marta de Tera.
Un repas du soir préparé par notre hospitalier. Un beau moment de partage.
Ce fut une grande soirée comme je les aime, mélangeant convivialité et spiritualité. Un grand moment qui se termina par le choix d'un cadeau. En ce qui me concerne, j'ai choisi une petite coquille jacquaire qui va remplacer celle imposante que je portais jusqu'alors. Peut-être l'effet du retour vers plus d'humilité. La suite le dira...
À suivre. Alain dit Bourguignon la Passion.