Étape 5 : Reillanne - Carluc - Cereste - Apt : 34 km (106 km)
Le matin, prise du petit-déjeuner en compagnie de Roberto, l’ami de Chantal qui doit rejoindre Rome... en voiture. L’heure du départ étant arrivée, je règle mon écot, 25 € pour le repas du soir, la chambre et le petit-déjeuner. C'est quasiment du bénévolat. Accolades fraternelles à trois bises pour signifier, selon Chantal, la Trinité.
Le temps est beau et un petit vent frais souffle. Mais, le principal est que je sois en pleine forme.
Le circuit me fait faire un grand détour pour me retrouver au bas du village de Lincel tout près de mon point de départ. A quoi pensent nos baliseurs, certainement pas aux pauvres pieds des cheminants ? Bref, mon petit coup de râle du matin.
Il faut croire que cela m'a tapé sur le ciboulot car, au lieu de prendre le sentier pour Reillanne, je prends une belle route goudronnée qui ne va nulle part. Deux fois deux kilomètres pour rien. Retour en arrière. Et je râle de mon incompétence en n’ayant pas vu la croix blanche et rouge sur un panneau. Erreur traditionnelle du rêveur
J’entreprends alors de suivre le petit sentier raide à flanc de coteau. Pas facile, le bougre. J’arrive enfin, après quelques arrêts, sur le plateau. Le vent souffle fort par rafales. Le mistral peut-être ? J'arrive enfin au village car j’ai faim et envie de faire une halte. J'achète un bougnat chez le boulanger du coin, le tout arrosé de Vichy. Puis, c’est le départ pour Cereste par des sentiers et chemins forestiers pierreux à souhait. Montées, descentes, tout s’enchaine sans trop de difficultés.
En chemin, j’arrive au ravin de Carluc où je découvre un ancien prieuré éponyme, dit aussi le rocher dans le bois sacré.
Le prieuré Saint-Pierre de Carluc.
Ancien lieu druidique récupéré par la chrétienté, ce prieuré fut construit aux environs du XIe siècle. Dénommé Saint-Pierre, il servait de lieu de retraire à l’abbé de Montmajour (près d’Arles). En 1074, il comportait trois églises (Sainte-Marie, Saint-Pierre, Saint-Jean-Baptiste), dont une rupestre, comme à Montmajour. Il n'en subsiste aujourd'hui que des vestiges très dégradés. Et le castrum qui surplombait le site, dont les actes conservent le souvenir, a totalement disparu.De nos jours, on y trouve une ancienne cellule rupestre creusée dans la roche, ainsi qu'une galerie de 26 mètres de long servant à abriter des tombes. Étonnant ! Un lieu à ajouter dans le second volume de mon ouvrage sur les mystères du chemin de Compostelle.
Reprise du chemin vers Cereste après une demi-heure de pause. J’arrive dans cette cité, ancien oppidum romain alors qu’il fait très chaud. Je me ravitaille en eau et décide de rejoindre Apt par l’itinéraire de cyclotourisme. Car, selon mon podomètre, j’ai déjà effectué plus d’une vingtaine de kilomètres. C’est trop peu pour m’arrêter car j’ai perdu du temps dans la montagne.
Je rejoins donc le Voie Verte du Calavon. L'avantage est qu'il s'agit d'une ancienne voie ferrée Cavaillon-Apt-Volx aménagée au profit des cyclistes dans un cadre touristique. Donc, le parcours est moins sinueux que le chemin de grande randonnée et plus plat. Par contre, l'intérêt est moindre puisque, par exemple, j’évite Saignon et l’abbaye bénédictine Saint-Eusèbe. Mais, il fallait faire un choix pour éviter que cette étape déjà longue ne le soit pas plus.
Arrivé à Apt, devant la fatigue, je décide de me rendre directement à mon hébergement situé sur la voie verte. Il s’agit de La Maison de la Boucheyronne, une ancienne bastide provençale reconvertie en centre d’hébergement située en bordure du plan d’eau de la Riaille. Pour 16 €, j’ai droit à une chambre à deux lits avec douche personnelle. Il y a 40 lits, et je suis l’unique habitant des lieux. Pour la cuisine, uniquement un four à micro-onde. Quant à la cafetière, comme je n’ai pas de café, cela me servira demain matin à chauffer l’eau pour le thé. Assez tristounet comme ambiance du soir. C'est la vie du pauvre pèlerin !
Quelques courses dans un magasin bio de la zone industrielle. Je pensais redescendre en ville, mais en me reposant, je me suis endormi.
Etape longue, peut-être trop. Espérons que demain, je ne vais pas le payer.
Alain Lequien – Bourguignon la Passion.