Étape 9 : Arles - (Saintes-Maries-de-la-mer autostop et bus) : 10 km (208 km)
Dernière étape de ce petit cheminement. Après le petit déjeuner servi par Sylvie, reprise de la route tout d'abord en direction de l'ancienne abbaye de Montmajour dont dépendait d'ailleurs le prieuré de Carluc dont je vous est déjà entretenu. Il faut suivre une route fréquentée, mais le bord est suffisamment bien aménagé pour assurer notre sécurité.
A cette heure matinale, l'abbaye n'est pas accessible, donc pas de visite possible. Créée en 948 sur le mont Major, elle est imposante et fut à la tête de 56 prieurés. Ayant, selon la tradition, abrité un morceau de la Sainte Croix, cela lui attira de nombreux donateurs. La chapelle éponyme fut construite pour accueillir les pèlerins hors des murs de l'abbaye elle-même.
Elle connut un grand essor lors de son rattachement à la congrégation de Saint-Maur. La grandeur sauvage du lieu fascina Van Gogh. En voici quelques clichés pris sur place.
J’aimerais partager avec vous cet écrit de Marie Nauron affiché sur place. « Novembre qui voit naitre les premiers agneaux, ceux conçus dans la joie du retour transhumant, hâte au soleil déclinant vers l’hiver le lent mûrissement des olives et les fignole : beauté, couleur, parfum des fruits qui donneront l’huile sacrée, vienne Noël. »
Par le chemin par un sentier aménagé en parallèle due la route (super idée), je rejoins un carrefour où apparaît la direction des Saintes-Maries. Il est un peu plus de 10h00 du matin, et je me dis que je peux y aller en stop puisque parait-il, il n'y a pas de bus.
Au bout de cinq minutes, un cabriolet Mégane s'arrête et me prend en charge. Au fil de la discussion, il apparaît que nous avons de nombreux points communs notamment de suivre la même recherche personnelle. Nous connaissons d'ailleurs des amis communs. Nous allons bien sûr garder le contact. Comme quoi, le hasard n'existe pas, quand les rencontres doivent se faire, elles se font. Il m'a d'ailleurs indiqué que selon les érudits musulmans, le mot hasard signifie " si Dieu le veut ".
Cet ami me laisse à 12 kms de ma destination. Cinq minutes après avoir entrepris les derniers kilomètres, voilà qu'une petite fiat 500 s'arrête et que ses passagers se proposent de m'y emmener. C'est mon jour de chance ! L'homme est peintre, et sa compagne s'occupe notamment de nourrir des comédiens lors de tournage de films. Comme on peut le voir, on rencontre des personnages que l'on ne voit pas dans la vie courante. Aux Saintes-Maries, nous buvons un café ensemble et parlons notamment de réinsertion de prisonniers au travers d'actions ciblées.
C'est donc une heure plus tard après pris ma décision, ce qui apparaissait impossible sur le papier, que je me retrouve devant la barque des saintes Marie Salomé et Marie Jacobé. Marie Salomé est la mère de Jacques le Majeur qui, comme vous le savez, est vénéré à Compostelle (d'où mon passage) et de Jean l'Evangeliste, l'auteur de l'Apocalypse. Une référence donc, sans oublier Sarah, la patronne des tsiganes.
A l'office du tourisme, j'apprends qu'un bus est en service, et l'on m’en communique les horaires. Il y en a un qui part vers 13h20. Je profite d'être en bord de mer pour déguster un bon poisson grillé. Faire le Chemin, ce n'est pas une punition mais un engagement personnel.
Le sanctuaire des Saintes-Maries de la Mer.
Me voilà de retour à Arles vers 14h30. Arles, je connais. Plutôt que d'y rester ce soir, je décide de rentrer à Dijon pour aller voter. Ma famille me manque, j'ai envie de prendre dans mes bras mon arrière-petite-fille née il y a peu. La famille, c'est un socle important de sa vie, un socle qu'il faut préserver pour garder la sérénité. À 21h30, je suis avec les miens.
Je ne savais pas ce matin ce qui m'était réservé. Quelle belle journée bien remplie !
Alain Lequien – Bourguignon la Passion.