Étape 2 : Massy - Longpont-sur-Orge – Arpajon : 26 km (43 km)
De retour à Verrières, j’ai la plaisir de revoir mon ami Joao, un compagnon de route rencontré sur le Camino Primitivo et à Santiago en 2015, membre de l’association Compostelle 2000 et aussi baliseur de ce chemin. Nous allons cheminer ensemble toute la journée et je dois dire que cela fut un grand plaisir d’échanger nos souvenirs et de confronter nos idées, comme au bon vieux temps. En toute amitié, bien sûr.
La Coulée verte étant terminée, c’est maintenant sur l’asphalte qu’il va falloir que nous marchions. Une sortie d’agglomération assez classique somme toute. Nous quittons Massy pour arriver d’abord au centre de Champlan. Le village devrait son nom, selon une société savante du lieu, à l’existence d’une plantation de platanes en ce lieu vers 670. Le village était alors dénommé « Campus Pladani ». Mais ce qui attire notre attention, c’est un questionnement sur son blason. En faisant des recherches, j’apprendrais qu’il représente les armoiries de la famille seigneuriale des Harville, datant du XVIe siècle. Il représente une croix avec cinq coquilles dont l’une est placée au centre et les autres au bout des branches de la croix. Un lien avec Compostelle ?
Il est temps pour nous de filer vers Saulx-les-Chartreux. En chemin, dans un chemin creux, nous rencontrons un vieil homme berbère qui garde ses quelques biquettes. Bel échange avec cet homme sur les biquettes, l’évolution de son troupeau, ses fromages… Le genre de discussion avec un homme simple et vrai.
Une double origine serait à l’origine du nom de la commune. Le mot Saulx proviendrait d’une présence abondante sur le territoire de saules à moins que cela soit du fait la salinité des eaux du Rouillon. Quant à la mention « les Chartreux », elle date du XIIe siècle avec l'implantation de l'Ordre des Chartreux. Lors des Guerres de religions, ils quittèrent les lieux pour se réfugier à la Grande-Chartreuse (Isère).
Nous passons à Ballainvilliers avant de nous diriger vers Longpont-sur-Orge où nous allons prendre un café. Longpont, un nom qui lui fut donné à la suite d’une bataille entre des descendants de Clovis au Ve siècle sur un long pont qui aidait à franchir la rivière et les zones marécageuses, un lieu-dit dénommé Longus Pontus.
Ce village, qui ne portait pas ce nom alors, abritait au IIIe siècle la chapelle mariale Sainte-Marie faisant l’objet d’un pèlerinage. Elle fut érigée sur un ancien lieu de culte druidique, un chêne sacré. Les hommes de la forêt y honoraient une statue en bois représentant une vierge devant enfanter (Virgini pariturae). Cette légende fut entretenue par les ecclésiastiques qui plus tard, bâtirent la basilique actuelle au XIe siècle.
La construction fit l’objet d’une nouvelle légende. La première pierre étant posée en 1031 en présence du roi Robert le Pieux, tout le village participa à cette construction qui dura 150 ans. Dame Hodierne, épouse du seigneur Guy, participait elle-même, portant de l’eau sur le chantier afin d’aider les maçons. Pour faciliter sa tâche, elle demanda au forgeron local de lui fournir une barre de fer pour faciliter le port des seaux. Celui-ci, influencé par sa femme, lui donna par dérision une barre rougie au feu. Contre toute attente, Hodierne fut épargnée de toute brûlure. Le forgeron et sa femme moururent dans l’année. La barre de fer d’Hodierne fut transformée et devint la « Croix rouge fer » aujourd’hui conservée au fond de la basilique.
Longpont-sur-Orge : basilique Notre-Dame-de-Bonne-Garde - fresque, croix rouge fer et Dame Hodierne.
A la suite de ce « miracle », Dame Hodierne obtint de l’abbé Hugues de Cluny la présence de moines qui créèrent un prieuré financé par la donatrice. Les clunisiens y accueillirent les pèlerins partis de la Tour Saint-Jacques à Paris, trouvant à six lieux de leur départ une halte au prieuré Sainte-Marie-de-Longpont. Un repos nécessaire avant de repartir vers Étampes, prochaine étape sur la « voie de Tours ». Les coquilles sur l’étole de l’apôtre Saint-Jacques sont toujours visibles au tympan du portail de la Basilique. Ce prieuré, situé au sud de la basilique n’a pas résisté aux affres de la Révolution. Il fut vendu et détruit. Toutefois, l’ensemble fait partie de la Fédération des Sites Clunisiens.
Quant à l’église, elle fut élevée au rang de basilique en 1913, sous le vocable de Notre-Dame-Bonne-Garde.
Il nous reste une dizaine de kilomètres à parcourir pour rejoindre Arpajon, où je dois me reposer. Ce trajet se fit par petites routes, mais aussi autour du lac de Leuville avec parfois quelques problèmes de balisage. Le temps est frais et légèrement pluvieux. Nous mangeons un morceau près de l’église Saint-Clément qui fut jadis confiés aux moines bénédictins de l’abbaye de Saint-Maur qui la rebâtir en y rajoutant un cloître et un prieuré. Déjeuner convivial comme il se doit entre deux vieux amis.
Dans l’attente de l’arrivée de mon hospitalier du soir, nous nous rendons à l’ancienne halle bâtie en 1470. La toiture à deux pans comporte une demi-croupe aux deux extrémités. Elle est soutenue par quatre rangées de douze piliers en bois de chêne, dressés sur une assise en grés. Elle abrite de nos jours la Foire aux Haricots depuis 1922. Un ami cafetier de Joao nous offre le café. La confraternité portugaise est toujours aussi forte. J’ai déjà eu l’occasion de la remarquer.
A l’église, je retrouve mes hospitaliers qui m’accueillent dans un esprit d’entraide fraternelle. Après l’enregistrement au presbytère, et avoir déposé Joao à la gare, il me ramène dans leur maison située à la limite de la cité. Plus tard, je serais rejoint par ma première pèlerine sur ce Chemin, Sophie, qui a déjà parcouru cette voie.
L’accueil de Françoise et Bernard est chaleureux. Merci.
A suivre. Bourguignon la Passion.