Etape 10b - Tours : le musée du compagnonnage
Le musée du Compagnonnage, réaménagé dans l'ancienne abbaye Saint-Julien de Tours, présente des collections exceptionnelles de chefs-d'œuvre concernant plus d’une vingtaine de métiers, allant du tailleur de pierre au bourrelier, du joaillier au cuisinier des origines jusqu'à nos jours. Ces chefs-d’œuvre sont le plus souvent exécutés en vue de la réception permettant de devenir Compagnon fini du Tour de France. Chauvin (un peu), je suis très attaché par l’œuvre réalisée par Bourguignon le disciple de la Sainte-Baume qui réalisa les hospices de Beaune avec 20 kg de pâtes à nouilles. Dans le musée, on peut y voir aussi leurs attributs tels que cannes, gourdes, couleurs, des tableaux souvenirs, des outils, des archives, le détail de leurs traditions….
Le musée a ouvert ses portes en 1968. On le doit sa présence à la persévérance de Roger Lecotté (1899-1991), conservateur à la Bibliothèque Nationale, spécialiste du folklore et du compagnonnage. Dès 1951, il s’est efforcé de convaincre les mouvements compagnonniques de la nécessité de préserver leur patrimoine et de l’exposer au grand public. Ainsi, ce musée est dans le prolongement du premier musée dénommé « musée compagnonnique », inauguré en 1911. La ville de Tours comptait de nombreux compagnons au début du XXe siècle qui s’étaient regroupés en une « Alliance compagnonnique » pour pouvoir parler d’une seule voix face aux pouvoirs publics. Cette Alliance mit en place des cours professionnels destinés aux apprentis en s’organisant en « Société protectrice des apprentis ». En même temps, elle prit conscience qu’il était nécessaire d’exposer au public les chefs-d’œuvre de ses différentes corporations. Le but était de montrer que le compagnonnage était toujours vivace, malgré les critiques venant notamment des syndicats ouvriers.
Tours : musee du companonnage - les origines, traditions et histoire.
Les premières traces du Compagnonnage remonteraient au Moyen Age. Ce n’est qu’à partir de documents que l’on peut attester l’existence de groupements de jeunes ouvriers qui voyagent, s’entraident, pratiquent des rites en diverses circonstances et possèdent des attributs et un vocabulaire identitaires. La plupart des plus anciennes mentions de compagnons proviennent des archives judiciaires.
Il existe plusieurs hypothèses sur l’origine des compagnonnages. Elles ne sont pas toutes applicables à l’ensemble des corps de métiers. En ce qui concerne les tailleurs de pierre, il est possible que leur organisation en compagnonnage soit intervenue assez tôt : la construction des grands édifices nécessitait une main d’œuvre qualifiée que les architectes allaient chercher bien au-delà des chantiers. Le déplacement des ouvriers à travers le royaume de France et parfois à l’étranger aurait ainsi développé l’assistance mutuelle, entraîné la mise en place de relais lors de leurs déplacements et aurait imposé des rites de reconnaissance et de réception.
Tours : musée compagnonnage.
Tours : musée compagnonnage - quelques chefs-d'oeuvre.
Parlons maintenant un peu de ma sensibilité aux compagnons du Tour de France.
Depuis ma tendre jeunesse, ils représentent à mes yeux la véritable aristocratie artisanale et ouvrière. L’un de mes premiers livres de chevet fut le Livre du Compagnonnage écrit par Agricol Perdiguier dit Avignonnais la Vertu au XIXe siècle. La parution de cet ouvrage lui valut d’être traité de Premier Bavard par certains de ses compagnons.
Plus tard, ce fut Ils voyageaient la France, vie et traditions des compagnons du Tour de France au XIXe siècle de Roger Lecotté, Pierre Barret et Jean-
Noël Gurgand qui me servit de point d’ancrage.
Le temps de la réflexion plus approfondie étant venu, l’ouvrage de René Guenon, Etude sur la franc-maçonnerie et le compagnonnage me fit aller plus loin dans ma recherche personnelle. Aujourd’hui, engagé sur les cheminements tels que celui de Saint-Jacques de Compostelle et bientôt je l’espère sur le pèlerinage bouddhiste des 88 temples de Kukaï sur l’ile de Shikoku au Japon, j’entrevois un lien universel entre toutes ces démarches. Ceci est une autre histoire à écrire.
Malhabile de mes doigts et gestes, c’est donc avec admiration et une grande humilité que j’ai visité pour la seconde fois, mais avec un esprit très différent de la première, le musée du compagnonnage de Tours. Fréquentant des compagnons, j’aime leur modestie loin de l’intellectualisme de certains milieux. Ce passage est donc pour moi une étape incontournable et enrichissante lors de mon cheminement actuel sur la voie de Tours.
Tours : musée compagnonnage - autres chefs-d'oeuvre.
J’espère que cette richesse vous engagera lors d’un prochain passage à passer quelques heures en ce lieu. Si vous doutiez encore de l’importance du Compagnonnage, notez que ce n’est pas par hasard s’il est inscrit par l'Unesco au patrimoine culturel immatériel de l'humanité.
A déguster sans modération.
A suivre. Bourguignon la Passion.