Étape 14 : Châtellerault - Naintré – Dissay : 22 km (389 km)
Je pars donc sans regret de cet accueil même si je trouve largement de quoi prendre mon petit-déjeuner sur la table. Après la traversée du pont de l’autoroute, je suis une petite route qui m’amène progressivement aux abords de Châtellerault. De loin, j’aperçois un monument jaune qui disparait de temps à autre.
Enfin, j’arrive à ce carrefour où il est édifié. Étonnement, des véhicules descendent en serpentant d’une main jaune au bras. La Main Jaune (tel est son nom) est, selon son concepteur Francis Guyot, un hommage à la condition ouvrière.
La sculpture fait l’objet de nombreuses critiques depuis son installation. Ce rond-point fut élu à la troisième position d’un championnat de France des ronds-points les plus laids par l'émission de radio « Carrément Brunet » sur RMC. A vous de vous faire une opinion…
Je continue mon chemin dans les faubourgs de la ville après avoir rejoint une piste cyclable, puis les rues menant au centre-ville.
Je rejoins bientôt l’église Saint-Jacques après avoir pris un café au bar du coin.
Peu de représentations de l'apôtre pèlerin sont aussi connues que celle de l'église Saint-Jacques de Châtellerault tant elle est reproduite. Il s’agit ici d’une statue en bois polychrome du XVIIe siècle où l’apôtre est équipé du chapeau, des coquilles, de la gourde et du bourdon, le bâton de marche du pèlerin.
La construction de l’église des pèlerins, édifiée sur les ruines de la chapelle du prieuré Saint-Jacques, a débuté en 1008. Il fut consacré en 1066 par l'évêque Isembert II. Au cours du XVIIe siècle, c'était le quartier des tanneurs, des hommes de loi, des notaires, des maîtres d'école, des chirurgiens, des avocats... Elle fut complètement restaurée en 1858. Cela ne fut pas du goût de Prosper Mérimée, inspecteur des monuments historiques. Il refusa de donner une subvention du gouvernement en justifiant que : « Le projet de façade est bien mauvais. Quel diable cette manie de reproduire la façade de Notre Dame de Poitiers ? Et quel cadran sur un tombeau étrusque ! Je ne parle pas des deux canules d'apothicaires qui surmontent les tours. »
Les propos de Prosper Mérimée, que j’estime beaucoup pour avoir sauvé de nombreux monuments, me semblent trop rigides. Quant à moi, je trouve le résultat superbe.
La visite au carillon de 50 cloches ne fut pas possible. Je suis tombé au milieu de la messe.
Les propos de Prosper Mérimée, que j’estime beaucoup pour avoir sauvé de nombreux monuments, me semblent trop rigides. Quant à moi, je trouve le résultat superbe.
La visite au carillon de 50 cloches ne fut pas possible. Je suis tombé au milieu de la messe.
Je rejoins la Vienne, passe près du camping, passe à Ozon puis à Cenon-sur-Vienne. Là, je rencontre Ben, un médecin et pèlerin qui effectue ses premières étapes jusqu’à Poitiers. Prenant la voie romaine reliant Lemonum (Poitiers) à Caesarodunum (Tours), et voulant aller voir un menhir à Chezelle (je ne le verrais pas), nous nous quittons pour un moment puisqu’il continue son chemin.
C’est seul que je visite les ruines du Vieux Poitiers. La cité de Vetus Pictavis fut construite sous Auguste, il y a près de 2000 ans. Elle était située au confluent de la Vienne et du Clain. Le théâtre de 10 000 places, dont il reste les ruines, mesurait 116 mètres de diamètre. Autour de celui-ci se trouvent de nombreux témoignages d'une vie intense : un quadrillage de rues très marqué et digne d'une cité romaine, des temples, un quartier artisanal, avec une officine de potiers. Tout n’a pas encore été mis à jour. Les restes d’une civilisation passée…
Je rejoins Ben vers Moussais-la-Bataille et faisons route ensemble. Comme j’exprime l’envie d’aller boire un verre et manger un morceau, nous nous arrêtons ou Golf du Haut-Poitou. Bien sûr, nous détonnons dans cet environnement. Mais, j’avoue que j’aime assez bien cette provocation. Nous prenons chacun une grande salade agrémentée de différents composants comme il se doit. Nous surplombons le golf de 18 trous et, quelle ne fut notre surprise d’entr’apercevoir que le retour des joueurs vers le parking s’effectue sur un tapis remonte-pente. Cela nous fit bien sourire vu notre état de marcheurs.
Au moment de payer mon écot, sans me le dire, Ben régla mes consommations. Que dire ? Un grand merci bien sûr, mais surtout un grand geste simple qui fait office de don. Merci Ben.
Cela me fait penser à cette maxime de Goethe : « Si tu veux vivre heureux, / voyage avec deux sacs ; / un pour donner, / et un pour recevoir. »
Nous reprenons la route, et comme j’ai envie d’aller voir le menhir du parc de loisirs Saint-Cyr, nous nous quittons à la croisée du chemin. L’intention de Ben est d’aller jusqu’à Poitiers. Personnellement, je souhaite m’arrêter avant car l’étape d’hier fut éprouvante à tout point de vue.
Arrivant au parc, on voulut me faire payer trois euros d’entrée. Pour le principe, j’ai refusé : trois euros pour prendre une photo ? C’est n’importe quoi. J’ai donc repris ma route après ce détour qui m’a mené à Dissay après avoir choisi l’un des chemins. Trop de marquages tuent le balisage. J’apprendrais le soir que j’ai tourné en rond. Encore une fois…
Arrivant à Dissay, devant le château, les seuls logis possibles sont des chambres d’hôtes. Trop cher pour moi. Alors que j’étais en train de réserver un hôtel populaire près du Futuroscope, voilà une dame qui arrive et qui me dit que… juste derrière moi, il y a une halte jacquaire qui a ouvert depuis peu. C’est l’épouse de l’hospitalier que je verrais le soir. Quelle chance !
Inaugurée en avril 2017, comportant six lits, elle est située au-dessus de la Poste. C’est donc dans les locaux très propres et bien équipés que je rejoins deux pèlerins déjà arrivés, Christian et son fils Paul. Nous prendrons chacun une chambre pour huit euros la nuit. Nous allons passer le repas ensemble après que François, notre sympathique hospitalier, nous ait amené un peu de provisions de bouche donativo. Superbe soirée. J’apprendrais par Christian que Ben, qu’ils ont rencontré également, est bien arrivé à Poitiers, très fatigué. Un beau challenge. Bravo Ben.
A suivre. Bourguignon la Passion.