Étape 5 : Rouvray-Saint-Denis - Toury - Assas – Artenay : 32 km (131 km)
Comme nous n’allons pas sur la même destination, je pars avant Sophie. Comme je n’ai pas grand-chose à me mettre sous la dent pour le petit-déjeuner dans le sac, je me rabats sur les croissants de la boulangerie et le café au bistro du coin. Puis, je rejoins la sortie du village.
Première erreur du jour : je suis bêtement un beau marquage accueillant d’un chemin de grande randonnée au grand carrefour. Mais, mû par un doute, après avoir parcouru un petit kilomètre, je contrôle ma position avec mon GPS. Je ne suis pas dans la bonne direction m’éloignant du premier village à traverser, Ouestreville. Je me dis que cela devait être galère pour les pauvres pèlerins d’antan qui devaient souvent se perdre. Nous, cheminants modernes, nous avons la chance des guides et du GPS. C’est la première année où je l’utilise autant, et cela m’a évité bien des déboires.
Je choisis de suivre un chemin de traverse qui me ramène dans la bonne direction. Comme il se met à pleuvoir, rapidement, la terre riche et lourde des chemins agricoles de la Beauce s’accroche à mes chaussures. Ce sera le cas à chaque fois que je vais les emprunter.
En entrant dans le Loiret, je vais suivre désormais de petites routes départementales qui me mènent à Rouvray-Saint-Denis, Oinville-Saint-Liphard jusqu’à Toury après avoir traversé la nationale 20. La pluie cesse par moments, mais je suis complétement trempé. Cela ne me gêne pas outre mesure, c’est la vie du chemin, c’est dans l’ordre des choses de la nature.
L’origine du nom de cette ville serait liée à la présence d’un dolmen dénommé « Pierre de Gargantua » visible dans un square local. Mais, ce qui attire mon attention, c’est la remarquable église Saint-Denis comportant une galerie extérieure d’une grande beauté. Datant du Moyen Âge, elle fut classée aux Monuments historiques en 1907. Les informations locales indiquent que ce fut l’abbé Suger, le célèbre abbé de Saint-Denis près de Paris, qui en fut le maitre d’œuvre.
Toury est aussi célèbre pour une autre raison. Le 31 octobre 1908, Louis Blériot effectua son premier vol aérien aller-retour (après de multiples tentatives) entre Toury et Artenay préfigurant sa traversée de la Manche du 25 juillet 1909. M’arrêtant pour prendre un café pour me réchauffer, je rencontre une nouvelle pèlerine portant également le prénom de Sophie. Nous allons cheminer ensemble jusqu’au terme de notre cheminement à Artenay. Mais, là encore, nous perdons vite les marques. Alors que nous pensions aller vers Tivernon, nous nous retrouvons à Ondreville. Un vieux monsieur nous conseille de suivre les routes asphaltées, les chemins de traverse étant très boueux. Cela nous fit faire un grand détour tant et si bien que Sophie II, qui n’a pas l’habitude de faire de grands parcours, marche lentement. A Lion-en-Beauce, voyant la fatigue de ma compagne de voyage, un brave monsieur s’arrête et nous propose de nous rapprocher d’Artenay. Nous acceptons. Il nous ramène près d’Assas.
Nous ferons le reste en marchant. C’est la découverte de la ligne construite pour l’aérotrain de Jean Bertin désaffectée depuis 1977. Cette voie en béton en aqueduc, en forme de T inversé longue de 18 kilomètres reliait Ruan à Saran.
A la gare d’Artenay, nous nous séparons car elle a réservé son hôtel. Ce n’est pas mon cas n’ayant retenu aucun logement. Je n’ai pas eu de nouvelles du père Stanislas chez qui aurait pu m’accueillir. Sans réponse, je finis par aller dormir à l’hôtel de la Fontaine. Bel accueil, nourriture généreuse.
A suivre. Bourguignon la Passion.