Étape 19 : Aulnay-de-Saintonge - Saint-Jean-d'Angély : 24 km (548 km)
Lever relativement tôt, car je dois passer un peu de temps à l’église Saint-Pierre d'Aulnay, mais aussi me rendre à l'abbaye royale de Saint-Jean-d'Angély, une ville qui demande du temps à visiter.
Avec mes deux collègues, nous prenons le petit-déjeuner, puis chacun reprend son cheminement.
Sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle, l’église Saint-Pierre d'Aulnay, on devrait dire de la Tour, est un véritable chef-d’œuvre de l’art roman poitevin du XIIe siècle classé au patrimoine mondial de l’UNESCO au titre des chemins de Saint-Jacques de Compostelle depuis 1998.
On est saisi par le caractère champêtre du site, l'église étant située au milieu de la verdure entourée d’un cimetière où sont disposés des pierres tombales en forme de sarcophages, une croix hosannière de XVe siècle (un pupitre d'où le prêtre lisait l'évangile) et des cyprès. Tout est calme et reposant.
Ancienne église abbatiale, elle dépendait en 1030 de Saint-Martial de Limoges. L'église actuelle a été construite au cours du XIIe siècle. Qu’en dire ? Les mots sont toujours réducteurs lorsque l’on veut décrire un monument qui vous prend aux tripes. C’est le cas. On ressent le vécu, ici se sont passés de nombreux événements liés au pèlerinage.
Véritable livre de pierre, tout nous amène à la réflexion. Les nombreux chapiteaux historiés racontent des scènes bien connues tel Caïn tuant son frère Abel, Samson terrassant le dragon, Samson séduit par Dalila, la tentation d’Adam et Ève, les damnées dévorées par les dragons, Saint-
Georges et le dragon, des éléphants… L'architecture est particulièrement soignée, mise en valeur par l'utilisation d'une belle pierre de taille calcaire au ton harmonieux.
Le portail principal ne possède pas de tympan. Sur la voussure du portail est illustré l'Agneau dans une mandorle entourée d'anges, le combat des Vertus foulant les Vices (la lutte du bien et du mal, par exemple : humilité/orgueil, largesse/avarice…), les Vierges sages et les Vierges folles (l’exigence de la vie spirituelle), le zodiaque. Que du bonheur. Il faudrait des jours entiers pour tout découvrir et surtout comprendre le message symbolique des tailleurs de pierre.
Aunay-de-Saintonge : église Saint-Pierre de la Tour.
Après avoir passé une bonne heure dans ce lieu important - j’aurais pu y rester des heures -, je reprends mon cheminement. Il fait frais et je suis seul.
Je passe dans divers villages au milieu des plaines : Paillé, Les Églises d’Argenteuil, Courcelles avant d’arriver à Saint-Jean-d’Angély. En cours de route, je fais connaissance d’un couple très sympathique.
Après ce qui m’a semblé un détour dans la campagne, j’arrive à la fin de mon parcours du jour, me dirigeant vers la cité historique. Ce n’est pas très grand. Je mange rapidement un sandwich avant de rejoindre l’abbaye royale fondée en 817 par Pépin, le fils de Charlemagne.
Elle eut au Moyen Âge un immense rayonnement dans les terres de l’ouest de ce qui est devenu la France. Ravagée par les Vikings, elle fut reconstruite au XIe siècle. À nouveau saccagée pendant la guerre de Cent Ans, démolie par les Protestants au XVIe siècle, elle est reconstruite au XVIIe siècle. Malgré ces malheurs, elle conserve un portail d’entrée monumental, une vaste cour d’honneur, une salle capitulaire et trois salons d’honneur. De nos jours, elle accueille la médiathèque, l’école de musique et le Centre de Culture européenne dédié à la promotion de l’identité européenne.
SaintJean d'Angély : cité et abbaye royale.
Jouxtant l’abbaye, deux clochers surmontent une immense façade. Ce sont les restes d’une abbatiale inachevée… Les moines en commencèrent la construction en 1741, mais l’arrivée de la Révolution y mit fin. L’église provisoire restaurée en 1899 est actuellement l’église paroissiale.
Saint-Jean d'Angély : abbatiale inachevée.
J’ai eu le bonheur d’y être accueilli et de dormir dans l’une des chambres pour pèlerins situées sous les toits dont on peut admirer la charpente. Comme il n’y a pas de possibilité de repas, je dine à l’extérieur dans un petit restaurant. Ce n’est pas trop cher. Coucher à 21h00.
À suivre. Bourguignon la Passion.