Étape 21a : Pons (17) : 23 km (607 km)
Après le petit-déjeuner pris à l’auberge de jeunesse où j’étais seul dans une chambre moderne de quatre, j’entreprends le départ vers Pons, le but de ce soir. Le temps est frais, et le soleil a du mal à sortir. Je rejoins la passerelle qui passe sur la Charente. Peu de monde, des gens pressés pour la plupart regardant dans le vide. Ah ! Cette vie profane où l’on doit démontrer que l’on est très actif, et que surtout il ne faut pas être en retard au travail. Je suis bien content d’être retraité depuis huit ans maintenant bien que, hyperactif, je continue à assurer des cours de management et à siéger aux prudhommes. Du moins, jusqu’à la fin de l’année puisque je mettrai fin à mon mandat de neuf ans, ma décision a été prise définitivement sur le Chemin.
Allez Alain ! Pense à autre chose.
La sortie de la ville de Saintes est loin d’être terrible. Malgré les rives charmantes de la Charente, on a l’impression d’un laisser-aller. Un joggeur essoufflé s’arrête à ma hauteur. « Vous allez loin comme cela ? » Je lui explique que je ne sais pas où je vais m’arrêter : Bordeaux, Irún, Saint-Jacques peut-être… Il me dit comme beaucoup de personnes rencontrées qu’il a l’intention d’y aller… Au bout de plusieurs minutes d’échanges, chacun reprend son activité.
J’ai rejoint maintenant des endroits plus paisibles, marchant sur des chemins et des petites routes qui traversent des champs à perte de vue. C’est un peu la monotonie. Je m’arrête à l’ombre d’un arbre pour manger un morceau. Il faut le faire assez régulièrement. Et puis, comme je suis en inspiration, j’écris deux pages d’idées sur ma tablette. Ah ! Quand elles arrivent, il ne faut pas les laisser s’échapper.
Un de mes amis qui est écrivain enregistre ses idées sur son smartphone. J’ai essayé, il ne faut pas rester bête. En ce qui me concerne, le résultat n’est pas probant, car souvent j’ai perdu le sens et l’émotion du moment. Comme quoi ?
Le chemin monotone me fait penser à de nombreuses choses. Au loin, j’aperçois deux pèlerins arrêtés. C’est le couple déjà rencontré qui a dormi à l’accueil associatif au chevet de la crypte de Saint-Eutrope. Nous faisons chemin commun jusqu’à Pons.
En route, nous découvrons un arrêt pèlerin construit par la commune de Saint-Léger. L’accueil est généreux par le voisin qui travaillant sur son toit est descendu pour nous donner de l’eau, et remet à chacun une belle tomate bien fraiche de son jardin.
Nous arrivons au centre de Pons, ville médiévale étape sur les chemins de Saint-Jacques. On remarque tout d’abord une sorte de tour aux contours crénelés sur laquelle repose une Vierge. Je n’ai pas d’explication. Un château d’eau ?
Nous passons au supermarché pour faire quelques courses. Entretemps, j’ai contacté une dame qui peut me recevoir. Elle viendra me chercher vers 18h00 près de l’église Saint-Vien. Comme j’ai le temps, et que mes compagnons de voyage doivent aller plus loin, nous prenons le pot de l’amitié. Le mari va faire tamponner à l’office de tourisme nos crédentiales.
Pons : donjon, carrefour pèlerins et église Saint-Vivien.
Puis, je me dirige vers l’Hôpital des Pèlerins, classé au patrimoine mondial de l’UNESCO. Voir article suivant sur la visite de l’exposition. Revenant sur mes pas, je passe au carrefour des pèlerins où siègent plusieurs statues de jacquets. Puis, je me rends sur le parking de l’église Saint-Vivien, une église romane datant du XIIe siècle. Une chorale est en train de chanter. C’est mélodieux même si de temps à autre, le chef de chœur joue de la voix.
Mon hospitalière arrive et m’emmène dans sa maison située dans les quartiers neufs de Pons. Je passe une bonne soirée fait d’échanges sur le chemin, les chats, la difficulté de la vie. Vers 21h00, dodo dans la chambre de son fils absent.
À suivre, la découverte des graffitis jacquaires et compagnonniques. Bourguignon la Passion.