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Publié par Alain Lequien dit Bourguignon La Passion

La conduite automobile d’hier a laissé quelques traces. Après le repas communautaire, je n’ai pas tardé à tomber dans les bras de Morphée dans la chambre mise à ma disposition. J’ai dormi d’une seule traite jusqu’à 7h00 du matin. J’en avais besoin. Après une bonne douche, j’ai attendu quelque temps pour prendre mon petit-déjeuner. Même si l’étape n’est pas longue en soi, j’aurais aimé partir tôt pour entreprendre ce parcours escarpé au vu du tracé. Plus de 700 mètres de dénivelé.

Vers 8h00 passé,  je suis en bord de mer. Pas de marquage jusque enfin je le trouve après la pancarte de Menton à Carnoles.

Traversée de rues commerçantes jusqu’au chemin de Menton. Il s’agit maintenant de gravir des escaliers aux longues marches qui progressivement vont m’amener au vieux village de Roquebrune. Le soleil est déjà très présent, mais je ne vais pas m’en plaindre. Toutefois, je sens que cela va être dur. Manque d’entrainement peut-être…

Ce chemin est très beau et je marche à mon célèbre pas de sénateur, c’est-à-dire pas très vite et régulièrement.

En montant vers le village médiéval de Roquebrune. En montant vers le village médiéval de Roquebrune.

En montant vers le village médiéval de Roquebrune.

À l’arrivée au vieux village, après une montée de trois cents mètres de dénivelé, je suis accueilli par un olivier millénaire. Arbre remarquable, les biologistes situent son âge entre 1 800 et 2 200 ans. Il est considéré comme l'un des plus vieux du monde si ce n’est peut-être le plus vieux. Il ne se présente pas comme un individu, mais comme un ensemble de rejets de grande taille dont les racines absorbent peu à peu les cailloux du mur sur lequel il pousse. Sa circonférence fait plus de vingt-trois mètres. Il faillit disparaitre au début du XXe siècle les anciens propriétaires voulant rentabiliser leur terrain. Il fut racheté par l’historien Gabriel Hanotaux et sauvé. Chose étonnante, il produit encore des petites olives noires de la variété pichoulina. Devant cet arbre millénaire, nous devons nous montrer humbles par notre petitesse et adopter une attitude de respect pour cette nature qui nous entoure.     

Continuant la traversée du vieux village médiéval, c’est une succession de rues étroites parfois sombres et d’escaliers. Pris dans mes pensées, je rate le marquage et me retrouve de l’autre côté du village. Heureusement, je rencontre l’accueillante du vieux château qui me remet dans le droit chemin. L’occasion d’admirer de près cette citadelle légendaire.

Roquebrune est sujet de légendes. En voici deux concernant le genêt, cet arbrisseau aux fleurs d’or qui pousse à flanc de pente.

Il y a très longtemps, les jeunes hommes du village mourraient noyés après avoir été attirés dans les flots par le chant de mystérieuses sirènes. Une jeune fille implora la Vierge pour que son fiancé soit épargné. Peu de temps après, elle rencontra une vieille femme qui lui offrit trois brins de genêts qui se multiplièrent jusqu’à barrer complètement l’accès à la mer. Les jeunes hommes furent sauvés, mais on ne sait pas ce qu’il advint des sirènes en colère.

Roquebrune médiéval : rue et château.Roquebrune médiéval : rue et château.

Roquebrune médiéval : rue et château.

Autre légende : au VIIe siècle, une violente secousse ébranla la région. Le versant de la colline qui abritait Roquebrune se mit à dévaler vers la mer. Les blocs de rochers s’arrêtèrent miraculeusement à mi-pente en épargnant le village grâce aux genêts. Depuis, sa fleur d’or est célébrée chaque année à la fin du mois de juin avec un défilé des enfants portant des costumes ornés de ces fleurs jaunes. D’où ce dicton : « Roquebrune a glissé, un genêt l’a arrêté ».

Nouvelle montée et traversée d’un premier plateau où je rencontre deux professionnels photographes pilotant des drones. Une belle discussion sur les possibilités de ces nouveaux moyens techniques.

Je passe sur la colline servant de tunnel de l’autoroute. Parfois, le chemin est large et agréable, parfois le montée est assez raide au gravissant des chemins pierreux.

L’arrêt près d’une minuscule retenue d’eau est le bienvenu pour reprendre force et souffle. Il faut repartir pour atteindre le Mont Gros. Je croyais la montée terminée, ce ne fut pas le cas. J’éprouve une certaine lassitude. Je pense que je n’ai pas encore récupéré de la fatigue du voyage d’hier. Le sens du marquage n’est pas clair pour quelqu’un qui découvre les lieux. À droite ? À gauche ? Je choisis la droite sur le chemin de grande randonnée GR51 en espérant que cela ne m’éloigne pas trop de la côte. Erreur, c’était celui de la gauche qu’il fallait prendre. Ce n’est pas mon jour. Je reviens en arrière. Aucun marquage jacquaire. C’est la poisse. Mon smartphone m’aide pour m’orienter, sans plus.

Je passe au large de La Turbie que j’aperçois au loin. Et j’arrive à Laghet je ne sais pas trop comment en utilisant mon téléphone.

Je me rends à la boutique du sanctuaire Notre Dame de Laghet. Une jeune femme m’accompagne en traversant l’église. Je suis accueilli par une sœur bénédictine. Sont déjà présents un couple de pèlerins, Colette et Yves qui habitent Cavaillon et Yves venu faire retraite après le décès de son épouse. Après notre installation, nous partagerons le repas du soir.

Que dire sur le sanctuaire ? Chaque année, plus de cent mille pèlerins s’y rendent dans l’espoir d’obtenir la guérison ou le réconfort après une maladie ou un accident de la vie. Les sœurs disent que les pèlerins viennent deux fois à Laghet : la première fois pour prier, la seconde fois pour remercier.

Selon la tradition, au XVIIe siècle, la Vierge Marie manifesta sa présence invisible par des signes de sa bonté : guérisons spectaculaires, délivrances de prisonniers et de possédés. Vingt-deux miracles furent reconnus officiellement. La nouvelle se répandit rapidement créant un nouveau pèlerinage. Elle est considérée comme la Vierge de toutes les Miséricordes.

Un monastère de carmes s’installa en 1674 avant que les moines soient expulsés par les lois contre les congrégations en 1903. L’église est fermée, le monastère vendu aux enchères racheté par un chanoine pour le diocèse. L’église du monastère devient église paroissiale du village. Un Petit Séminaire est ouvert jusqu’en 1930. En 1978, le sanctuaire est administré par les sœurs bénédictines du Sacré Cœur de Montmartre. En 2002, le Séminaire est rouvert. Il formera une vingtaine de prêtres avant d’être fermé en 2013.

Un saint célèbre, reconnu en 1962, le Padre Santo de Gênes fut guéri lors de son passage dans son enfance à Laghet. Il offrit dit-on sa vie, lors de l’épidémie de choléra. À sa mort, le 17 septembre 1886, le fléau cessa.

Les guérisons nombreuses ont rassemblé dans la Chapelle et sous le cloître, de trois à quatre mille ex-voto témoignent de la confiance et la gratitude envers Notre-Dame de Laghet considérée comme la Vierge de toutes les Miséricordes. Un lieu qui ne laisse pas indifférent.

Une journée fatigante, mais au combien riche dans la traversée des lieux, de ce que j’ai ressenti au fur et à mesure de mon avancement.

A suivre.

Alain, dit Bourguignon la Passion.

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