Étape 2 - Tremblay - Romazy - Sens-de-Bretagne (35) : 20 km (48 km)
Lorsque je me lève, mes trois compagnons de gîte sont sur le départ. Il n’est que 7h00 et veulent partir tôt pour éviter la chaleur. Personnellement, je prends mon temps d’autant que j’ai besoin d’écrire différentes choses notamment sur les chemins de Saint-Jacques au Portugal.
Il est quasiment 9h00 lorsque je quitte Antrain. Cette nouvelle étape courte va me mener vingt kilomètres plus loin, à Sens-de-Bretagne.
Le chemin est très bien indiqué avec les marques jaune et bleues retenues ici. Passage non loin du château de Bonnefontaine, puis après quelques centaines de mètres, un chemin de randonnée étroit au profil varié cheminant le long des plantations de maïs et autres plantations. Je retrouve des petites routes bitumées passant par des lieux-dits tels La Soudraie, La Lande, L’Ecu avant d’arriver à Tremblay. C’est l’occasion d’y boire un café. « Il n’y a pas grand monde qui passe par là » me dit la tenancière, une dame d’un certain âge qui vivote avec son petit bar.
Un peu après le bourg, je traverse le ruisseau de la Croix Verte sur une passerelle en bois et continue sur un sentier en sous-bois qui m’amène au Tertre que je dépasse rapidement. Toujours personne en vue, ni locaux ni randonneur.
Petites routes bitumées, chemins en sous-bois, c’est agréable cette ombre sous un soleil de plus en plus pesant. Je m’arrête pour me reposer au pied d’un grand arbre. Ce n’est pas que je sois fatigué, mais j’ai largement le temps de flâner, de musarder. Je m’allonge sur ma couverture et en fait je m’endors. Une pause de deux heures. C’est dur, le Chemin…
Bon, il ne faut pas trop traîner, car je n’ai pas pu contacter mon hôte du soir. Pas de réponse à mes appels téléphoniques. Je commence à me demander s’il va falloir parcourir une bonne dizaine de kilomètres supplémentaires… Les habitants du coin sont peu diserts. Sous un soleil de plomb, j’arrive à Romazy. Je suis à demi-bourg lorsqu’un habitant sort de son garage pour me donner une grande bouteille d’eau bien fraîche sans que j’aie eu besoin de lui demander. Un geste gratuit en forme de don qui, vous vous en doutez certainement, est fort apprécié à sa juste valeur. Il me confirme aussi que les pèlerins sont relativement rares, et qu’il aime échanger sur ces passants qui traversent le village.
Nouveau passage sur un petit pont passant sur un ruisseau suivi d’un sentier qui débute par une montée rapide. Un arbre bouche le chemin, je dois me contorsionner pour passer en dessous. Les lieux s’enchaînent : Pont Gomery, Theuré, la Vallerie. Un chemin creux de type équestre m’amène à Sens-de-Bretagne un peu dans l’expectative : mon hôte, Alain, va-t-il me recevoir ?
J’arrive devant sa maison. Elle est close. Pas bon signe. Je demande à un voisin, on ne l’a pas vu depuis quelques jours… Comme je patientais devant chez lui, les cafés sont fermés, un villageois m’indique la présence d’un parc avec un lac à quelques centaines de mètres de là. Je vais y aller pour buller et travailler un peu sous un arbre. Enfin, l’appel téléphonique attendu arrive : il est chez lui et me dit que trois autres personnes patientent également dans le parc. En sortant, je tombe sur mes trois compagnons d’hier soir. C’est alors qu’Alain pointe son bout de nez pour nous ramener chez lui.
C’est un homme étonnant, philosophe, poète, écologiste, semblant à avoir du mal à s’intégrer dans notre civilisation capitalistique. Apercevant quelques ouvrages notamment de Frédéric Lenoir – j’ai emporté dans mon sac Le miracle de Spinoza -, nous échangeons sur la philosophie. D’ailleurs , il anime dans sa région un Café philosophique. Mais bien vite, nous changeons de sujet, car mes autres compagnons semblent peu intéressés. L’adaptation…
Notre hôte fait la cuisine, c’est léger, mais ce n’est pas bien grave. Chacun fait en fonction de ses moyens, et il ne semble pas rouler pas sur l’or. La chaleur humaine qu’il dégage pallie largement le reste.
Vers 22h00, nous allons nous coucher, j’ai une petite chambre pour moi seul.
À suivre…
Alain dit Bourguignon la Passion.