11 – Cartigny – Trefcon : 17 km (275 km)
L’étape prévue initialement de 33 kilomètres devait me mener à Saint-Quentin. Toutefois, l’auberge de jeunesse est fermée et rien d’économique n’est ouvert dans cette grande ville pour cause de pandémie, hormis les hôtels. Ce que je veux éviter le plus possible dans mon cheminement, sauf nécessité absolue. De plus, pour ce onzième jour de marche, je ressens une certaine lassitude en me levant. Je décide donc de la raccourcir, d’autant qu’une solution existe à Trefcon, à 17 kilomètres de Péronne par la présence d’un gîte d’étape, Le Val d’Omignon. Je dois donc partir avec des provisions de bouche.
Je traîne un peu, car mon petit-déjeuner est disponible. Pas un chat… Tout est calme. Je pars en laissant la clé sur le comptoir.
La sortie de la ville est simple, il s’agit de suivre l’ancienne voie de chemin de fer transformée en chemin de randonnée. Si cela donne de la fraîcheur, c’est infecté de moustiques, et ces derniers m’aiment bien… En chemin, je croise des forestiers qui continuent leur travail de sape de la nature… Je sais, certains diront que c’est nécessaire, mais là, c’est à grande échelle faisant des trouées.
Je m’arrête un instant pour me reposer près du village de Cartigny. Je suis rejoint par un chien ressemblant à un loup qui vient me renifler. Je n’en mène pas large, car j’ai déjà rencontré des loups en Espagne, mais jamais de si près. Heureusement arrivent un homme et sa compagne qui m’explique qu’il s’agit d’un chien tchèque croisé avec un loup des Carpates. Il n’est pas dangereux… si on reste loin. Pas rassurant.
Lors d’une autre halte, je suis rejoint par Michèle, la fameuse Anglaise ayant dormi à Bapaume. Elle m’indique qu’une personne l’a déposée ce matin à Péronne. Elle aussi s’arrête à Trefcon, donc on s’y verra.
Peu à peu, sans me presser — c’est presque du repos —, je change de département, passant de la Somme à l’Aisne, et arrive au gîte d’étape qui fait aussi chambre d’hôtes. L’accueil est sympathique. Le dortoir est minimaliste, suffisant pour une nuit. Le lieu est à la fois un gîte équestre avec l’organisation de promenades à cheval et en attelages, mais organise aussi des parcours de canoé sur la Somme ou l’Omignon, la rivière locale. Le propriétaire fabrique également de la sellerie pour les chevaux. Le soir, nous partageons en commun ce que nous avons, notre hôtesse nous donnant du pain et des œufs.
Peu de discussion avec Michèle, qui est un peu renfermée. Naturellement, je n’insiste pas. Vers 20 h, je vais sous la couette.