12 – Saint-Quentin – Seraucourt-le-Grand : 29 km (304 km)
Après le petit-déjeuner copieux servi par mes hôtes, je quitte le premier le gîte, car Michèle a décidé de prendre un raccourci pour rejoindre Seraucourt sans passer par Saint-Quentin. C’est son choix, et de toute façon nous n’avons pas les mêmes objectifs. Il est vrai aussi que le GR145, tracé « officiel » de la Francigena effectue de nombreux détours. J’ai cru comprendre qu’elle avait en tête d’écrire un livre pour ses congénères…
Le temps est frais, le ciel bas et nuageux. Progressivement, la température va atteindre 31° à son zénith.
Le début du trajet ressemble au parcours traditionnel de la région, c’est-à-dire plat, avec de grandes plaines au teint coloré. En traversant un bois, pris dans mes réflexions, une souche me met à terre, ma première chute de la Francigena.
Il fallait que cela m’arrive. Résultat, une petite écorchure au bras due à une pierre, un filet de sang sur la jambe droite, rien de bien grave. Il faut que j’arrête de partir dans mes pensées quand je passe dans des endroits de ce type.
Après le passage sur le pont de l’autoroute, je croise un retraité promenant son « roquet du maïs » comme il l’appelle, son chien semble chasser dans ces champs. Il m’indique que je vais bientôt arriver aux pancartes du chemin. Il commence à me raconter son ancienne vie de chauffeur de camion si bien que j’ai un peu de mal à partir…
À la sortie de Savy, mon regard est attiré par la présence de reproductions de canons mis en scène sur une grande pelouse. C’est ainsi que je fais la connaissance d’Alain, un passionné qui les fabrique lui-même dans son atelier. Il me fait visiter son atelier et son musée western. Le couple a participé comme acteurs dans un film toujours programmé. Michelle, son épouse, m’offrit un bon café réconfortant même si le temps commence à devenir chaud.
Il est temps pour moi de repartir vers Saint-Quentin, à sept kilomètres. Je tiens à visiter cette cité, notamment sa basilique réputée pour son immense labyrinthe.
Chez Alain, et en direction de Saint-Quentin.
À l’origine de la cité, Quentin, le fils d’un sénateur romain converti au christianisme martyrisé au début du 4e siècle de notre ère. La légende veut qu’un demi-siècle plus tard, une femme aveugle avertie par un songe retrouva son corps qui fut reconstitué en sortant de la Somme. Elle recouvra la vue en permettant qu’il soit enterré sur une colline. Un oratoire fut construit.
Trois siècles plus tard, les reliques oubliées furent retrouvées, et l’oratoire devint église, puis collégiale gothique qui évolua au fil du temps.
La collégiale gothique actuelle, devenue basilique en 1876, fut construite du 12e au 15e siècle est le plus vaste édifice religieux de l’ancienne Picardie après la cathédrale d’Amiens. Long de 120 mètres, large de 36 mètres avec une voûte de 34 mètres, sa flèche culmine à 80 mètres.
Initialement, le labyrinthe représentait le palais crétois de Minos où était enfermé le Minotaure d’où Thésée ne put sortir qu’à l’aide du fil d’Ariane.
Saint-Quentin : la basilique
Posé avec le dallage depuis 1495, le labyrinthe de la basilique appelé « La lieue de Jérusalem » occupe deux travées dans la nef. Constitué de pierres noires et blanches formant un octogone de 11,60 mètres de diamètre, le parcours de 260 mètres correspondrait à la distance parcourue par le Christ du Prétoire au Golgotha. Il symbolise un parcours initiatique et purificateur que le croyant ne pouvait parcourir physiquement. En suivant les pierres noires, le pèlerin était invité à emprunter à genoux un chemin tortueux et complexe devant ouvrir son âme à Dieu. C’est l’un des rares labyrinthes d’origine avec celui de Chartres.
Je mange sur place une salade complète en attendant l’ouverture de l’office de tourisme pour avoir le fameux cachet sur ma credencial. La ville se trouve sur les deux grands chemins de pèlerinage, celui de Saint-Jacques de Compostelle venant du Nord en direction de Paris, celui de la Francigena que je parcoure.
Je quitte Saint-Quentin en suivant le canal mettant en relation les canaux du Nord avec le Bassin parisien. Tout le long, je vais voir des jeunes plonger dans l’eau alors que celle-ci est loin d’être propre. Et, puis, il y a les moustiques, nombreux. Sur le chemin de halage fréquenté par de nombreux cyclistes, marcheurs et pêcheurs alternent soleil et ombre bienfaitrice des arbres.
En arrivant au terme de mon étape, je recherche le lieu du gîte. En vain. Je contacte Mr Rémy, le responsable local qui m’y amène. Je suis passé devant, car il s’agit d’une petite pièce aménagée comme halte nautique.
Après des courses à l’épicerie du village, je vais dormir sur un matelas posé à terre. Je retrouve là, un lieu d’humilité et de simplicité déjà rencontré. Et, j’ai aimé. Merci, Mr Rémy.
Le long du canal et à Seraucourt-le-Grand, la halte nautique.