17b – Reims, la cathédrale Notre-Dame
Depuis le 3e siècle, la présence du christianisme existait en Champagne. C’est au 5e siècle que fut bâtie la cathédrale dédiée à la Vierge, là même où Clovis se fit baptiser par l’évêque saint Rémi. À partir du 9e siècle, les rois de France sont sacrés à Reims. Le premier fut Louis le Pieux en 816. Une nouvelle cathédrale plus imposante est reconstruite pour accueillir les sacres.
En 1027, s’appuyant sur la possession de la Sainte ampoule, les archevêques de Reims font reconnaître la cathédrale de Reims comme cathédrale des sacres. L'huile miraculeuse de la Sainte Ampoule passait pour avoir oint Clovis et avoir été amenée par une colombe dans le ciel. À partir de 1059, tous les rois de France sauf Louis VI le gros à Orléans, Henri IV à Chartres et Louis XVIII, seront sacrés à Reims. En 1 000 ans, 35 souverains ont été sacrés rois en ce lieu, deux non pas régnés.
En 1210, un incendie ravage les lieux. Dès 1211, la cathédrale actuelle est reconstruite. En 1481, un nouvel incendie détruit les toitures. Elles seront reconstruites, mais les flèches initialement prévues abandonnées.
Des modifications architecturales, les outrages de la guerre, la venue de personnalités jalonnent l’histoire de Notre Dame de Reims. À la Révolution, la cathédrale transformée en Temple de la Raison est pillée. De nombreux dégâts dénaturent les lieux. Il faut attendre le 19e siècle pour que les architectes de Viollet-le-Duc commencent à restaurer les lieux.
À partir du 19 septembre 1914, la cathédrale est prise sous le feu des bombardements allemands, la toiture s’embrase, les vitraux éclatent, les statues sont mutilées. Dès 1919 les travaux de restauration commencent, financés notamment par le mécène américain Rockefeller. Menés par Henri Deneux, ils permirent à la cathédrale d’être rouverte au culte en 1938.
En 1991, elle est classée au patrimoine mondial de l’UNECO. Le 22 septembre 1996, visite du Pape Jean-Paul II, à l’occasion du 1 500e anniversaire du baptême de Clovis par saint Remi.
Cathédrale Notre-Dame de Reims et l'Ange au Sourire du portail nord.
La cathédrale est un joyau architectural dont la beauté fait l’unanimité. Plus grande que Notre-Dame de Paris, elle présente une statuaire exceptionnelle avec 2 303 statues ornant ses façades. On y trouve des scènes bibliques, une galerie de rois, un bestiaire, des gargouilles… sans oublier le célèbre Ange au sourire à l’entrée du portail nord de la façade occidentale. Tout un programme.
À l’intérieur, ce sont surtout les vitraux baignant la cathédrale qui m’ont fortement impressionné. Naturellement, en premier, cette grande Rose venant d’être rénovée en 2016. On peut y ajouter les nombreuses œuvres contemporaines, dont celles de Marc Chagall et d’Imi Knoebel. Elles allient un subtil accord entre la tradition et la modernité. Elles remplacent celles endommagées par les intempéries et par l’incendie guerrier de 1914.
Parmi ceux-ci, il faut faire un choix, et j’ai retenu les trois vitraux de la chapelle axiale réalisés en 1974 par Marc Chagall avec la collaboration de Charles Marq. Ces trois verrières ont été offertes par la Fédération du Bâtiment et des Travaux publics de la région Champagne-Ardenne.
Dans la première fenêtre, l’Arbre de Jessé représente l’arbre généalogique présumé de Jésus de Nazareth à partir de Jessé, père du roi David. Dans la fenêtre centrale, le sacrifice d’Isaac préfigurant celui du Christ. Il est relié intentionnellement au Christ en croix par une ligne oblique, celle de la descente de croix. Enfin, la fenêtre de droite intègre les grandes heures de Reims dont le baptême de Clovis, événement majeur dans l’histoire de la cathédrale, le sacre de Saint Louis et de Charles VII.
Depuis 2015, il y a aussi les six vitraux de l’artiste allemand Imi Knoebel situés de part et d’autre de ceux de Marc Chagall. Ils renforcent de la présence de la création contemporaine dans la cathédrale.
Il y aurait tant à dire sur cette cathédrale. Au bout de trois heures, je suis sorti subjugué par cette beauté, cette sérénité. Mais aussi, par le long et minutieux travail des maîtres d’œuvre, tailleurs de pierre, sculpteurs, imagiers, compagnons et arpettes. Chacun à son office apporte sa pierre à la construction de l’édifice. Ne ratez pas la visite, et prenez votre temps en commençant par le septentrion (dans le sens des aiguilles d’une montre).
À suivre… Alain dit Bourguignon la Passion