32b – Visite de Besançon
Je connais Besançon situé à une centaine de kilomètres de mon domicile de Dijon. Lorsque j’y viens, c’est souvent en coup de vent pour des réunions. Cette fois-ci, je prends le temps de visiter cette cité ayant inspiré Stendhal dans Le Rouge et le Noir. Cette ancienne cité impériale de l’Empire romain germanique, devenue capitale de la Comté, regorge de richesses. Je me suis concentré pour cet après-midi à la cathédrale Saint-Jean (l’Evangéliste), et au monument-hommage aux Français d’Outre-Mer morts pour la France.
Quant à la citadelle de Vauban (sans la visiter, cause Covid), je vais la contourner sous plusieurs angles demain en prenant la direction de Pontarlier. Je me rends à la cathédrale Saint-Jean par la Grande rue en passant devant la maison natale de Victor Hugo. J’apprécie cet homme politique, écrivain, poète… engagé du 19e siècle, notamment pour son combat contre la peine de mort. Un de mes ouvrages préférés est Claude Gueux, dont je vous ai entretenu lors de mon passage à l’abbaye de Clairvaux (étape 24). Combattant infatigable contre la misère, pour la paix et la liberté, il a exaspéré les puissants et inspiré les plus grands poètes de son temps… Un homme à redécouvrir. Ci-dessous, vous trouverez un poème issu des Chants du crépuscule.
J’arrive au square Castan qui abrite les vestiges archéologiques d’un théâtre gallo-romain.
C’est le passage sous la Porte Noire construite en 175 de notre ère, le vestige romain le plus prestigieux de Besançon. On aperçoit, sous l’arc, la porte nord de la cathédrale. Elle est due à l’empereur romain Marc-Aurèle qui fit construire cet arc de triomphe à sa gloire, haut de seize mètres, avec un passage de onze mètres. Les pèlerins se rendant à Rome passaient dessous.
Besançon : square Castan, Porte Noire et cathédrale Saint-Jean.
C’est maintenant le tour de la cathédrale romane datant du 12e siècle, dont furent conservés les deux chevets de l’église précédente. L’architecture paléochrétienne du Haut Moyen Âge servit de modèle. Au fil des siècles, elle fut rhabillée avec des éléments gothiques et de la Renaissance.
Au 18e siècle fut aménagée l’abside du Saint-Suaire grâce aux revenus de l’abbaye de Luxeuil laissé sans titulaire. Pour abriter le Suaire de Besançon, l’architecte opta pour un autel à la romaine, détaché du mur. Il y logea un coffre où fut déposée la relique.
Un Saint-Suaire à Besançon ? Cette relique mystérieuse est apparue ou redécouverte entre 1519 et 1523 à l’ancienne église Saint-Étienne de Besançon. Le linge ayant été détruit en 1794 sous la Terreur, les historiens pensent qu’il s’agit d’une copie partielle du célèbre Saint-Suaire de Lirey devenu le Saint-Suaire de Turin après un passage à Chambéry. Si l’on en croit un historien[1], les reproductions de la relique disparue montrent le Christ en pied, les poignets liés, entouré des instruments de la Passion. Seul le visage du Christ aurait été copié (il n’y a que le visage sur le Saint-Suaire de Lirey).
Autre spécificité, dans la chapelle idoine, la Rose de Saint-Jean, un autel circulaire en marbre blanc, creusé en forme de cuvette. Le pourtour est défini par huit alvéoles, des lobes régulièrement distribués sur la périphérie. Y étaient disposées les hosties à consacrer. Elles encadrent la partie centrale contenant le chrisme, monogramme du Christ. Dans leurs tympans des lobes, on peut lire cette inscription latine : « Hoc signum præstat populis cælestia regna. », c’est-à-dire : « ce signe manifeste, pour les peuples, le royaume des cieux. »
En allant vers le centre, on peut voir en bas l’agneau immolé symbolisant le sacrifice du Christ. Puis un cercle symbolisant la perfection, avec la lettre X (les deux barres forment deux diamètres du cercle) et le rhô, perpendiculaire au X. Ces deux lettres sont les deux premières du mot Christ en grec. De part et d’autre de la croix verticale qui coupe le cercle en deux se trouvent l’alpha α et l’oméga Ω, première et dernière lettres de l’alphabet grec. Elles rappellent la parole du Christ : Je suis le commencement et la fin. Au sommet du cercle et de la croix se tient l’aigle, symbole du Christ ressuscité.
[1] Bernard de Vregille, Les cahiers de la Renaissance du Vieux Besançon.
Besançon : cathedrale Saint-Jean.
Il y a tant d’autres choses encore à dire, mais il vaut mieux les vivre. Si vous passez par Besançon, n’hésitez pas à y passer du temps.
Retournant à mon hôtel, je passe dans le parc des Glacis. Y trône cette statue de bronze d’Ousmane Saw (1935-2016,), académicien, intitulée l’Homme et l’Enfant. Inaugurée en 2013 pour symboliser l’espoir et le devenir du monde, elle se trouve près du Monument du souvenir. Ce monument aux morts des Français d’Outre-Mer, réalisé en 1975, est l’œuvre du sculpteur Georges Oudot (1975). Depuis toujours, les hommes ont voulu conserver une trace des héros morts pour défendre leur pays.
Cela me fait penser aux célèbres vers de Victor Hugo (1802-1885) dans Les Chants du crépuscule (1835).
- « Ceux qui pieusement sont morts pour la patrie
- « Ont droit qu’à leur cercueil la foule vienne et prie.
- « Entre les plus beaux noms, leur nom est le plus beau.
- « Toute gloire près d’eux passe et tombe, éphémère ;
- « Et, comme ferait une mère,
- « La voix d’un peuple entier berce en leur tombeau ! »
- « Gloire à notre France éternelle !
- « Gloire à ceux qui sont morts pour elle !
- « Aux martyrs ! aux vaillants ! aux forts !
- « À ceux qu’enflamme leur exemple,
- « Qui veulent place dans le temple,
- « Et qui mourront comme ils sont morts ! … »
Voilà, mes amis, une belle visite avant de reprendre mon cheminement.
À demain, sur le Chemin… Alain dit Bourguignon la Passion