37 – La Sarraz – Cossonay : 16 km (955 km)
Il est très tôt lorsque je quitte mon accueil, déposant les clés du logis dans l’entrée de l’appartement de son propriétaire. J’ai dormi moyennement, certainement l’accumulation de la fatigue. Ma première destination est La Sarraz, une petite ville située à une dizaine de kilomètres.
Avant de partir, je ne bois qu’un thé froid dans mon verre en plastique dur que j’emporte toujours à partir de l’eau de ma gourde. C’est-à-dire que je n’ai pas grand-chose dans le ventre. Il n’y avait pas de boutique de bouche, hors restaurants, à Romainmôtier. Dans mon sac à dos, une pomme, une boîte de sardines, un quignon de pain. J’espère trouver quelque chose en route. Le temps est frais, et déjà le soleil pointe son nez.
Tout commence par une route montante — étonnant, non ! — et des petites routes asphaltées avant de rejoindre des chemins forestiers à travers une forêt de feuillus. Déjà presque 300 mètres de dénivelé positif. En passant, quelques fléchages nous invitent à visiter des lieux tels que four à chaux, fours à fer, carrière jaune… dont le contenu m’a déçu avant d’arriver à La Sarraz.
Je n’ai rencontré que trois personnes, dont un jeune Franco-suisse m’expliquant le principe de fonctionnement de La Filature.
Placé sur les bords de la Venoge, cet ancien site industriel tient son nom de la fabrique de couvertures ayant existé jusqu’en 1977. Reconvertie en centre associatif artisanal, culturel et de loisirs, elle abrite aujourd’hui une quarantaine de lieux de création avec une mosaïque d’ateliers dans de nombreux domaines artistiques. Par exemple, une école de djembé, des cours de compostage, un archer…
J’aperçois bientôt une boulangerie-café et un magasin. Je commence par boire un grand café, puis fais quelques courses de bouche au supermarché du coin. Je ne vais pas mourir d’inanition…
Après la traversée de La Sarraz, j’emprunte un chemin surplombant la route et le chemin de fer pour rejoindre Eclépens. Je traverse quelques vignes de Côtes-de-l’Orbe, classé AOC. Je ne suis pas là pour faire de l’œnotourisme, mais c’est beau à regarder et à sentir.
Je suis désormais la Venoge pendant de nombreux kilomètres. Je vais d’ailleurs m’allonger à l’ombre pour récupérer d’une nuit moyenne.
Au loin se détache le clocher du temple de Cossonay. Je quitte le bord de la rivière pour rejoindre ce bourg par une belle montée bien raide, à près de 700 mètres d’altitude. J’y fais halte bien qu’il soit tôt. Je suis fatigué après la dure et longue étape d’hier dans une proposition Airbnb un peu onéreuse, 60 €. Bon ! Hier, j’ai économisé, mon hébergeur n’a rien voulu percevoir. Je mange un morceau, et me prélasse dans le jardin.
L’après-midi, je me promène, visitant le temple protestant et la petite chapelle catholique existante depuis 1964. La première messe catholique du village eut lieu en 1934, dans la salle du tribunal. Du chemin a été parcouru depuis. L’œcuménisme est de rigueur.
Ensuite, la visite du temple, l’ancienne église Saint-Pierre et Saint-Paul devenue réformée avec la conquête bernoise. Il présente des influences très diverses par sa construction étalée sur plusieurs siècles : la nef date de la fin du 11e siècle, avec une influence clunisienne, le chœur du 13e siècle, le clocher visible de très loin du 15e siècle, le porche date du 20e siècle. Il est classé monument historique vaudois en 1900, et est inscrit comme bien culturel suisse d’importance nationale depuis 1995.
J’aime participer aux pratiques rituelles de ces deux religions chrétiennes, avec toute la tolérance qui sied à un cherchant sur les croyances de ses sœurs et frères en humanité. Les lieux de culte sont importants à mes yeux. Un moyen aussi de réfléchir sur le bien-fondé de mon pèlerinage, mon engagement dans les sociétés philosophiques. Je profite de l’occasion d’écrire aussi, de poser mes réflexions.
À demain… Alain dit Bourguignon la Passion