3 – Blienschwiller – Châtenois : 15 km (77 km)
Je me lève relativement tôt, après une très bonne nuit. De la fenêtre de ma chambre, je peux apercevoir les champs. C’est beau, calme, reposant. Ce matin, il ne pleut pas. Tant mieux, mes habits sont déjà assez humides. D’ailleurs, je devrais certainement les accrocher à mon sac à dos si le temps le permet.
Petit-déjeuner bien fourni à 8 h, en compagnie de l’aumônier, un vieux curé en villégiature.
Il est temps de partir même si cette journée de marche sera courte. En effet, la disponibilité des accueillants me pousserait à marcher trop longtemps. Ce n’est pas le but. Je m’arrête donc à Châtenois. Bah ! J’arriverais tôt sans me presser.
Au début, le chemin évolue en bordure d’un bois, suivi d’un passage dans des vignes. C’est ainsi que j’atteins Nothalten, un petit village vinicole de 500 âmes. Mon attention est attirée par la belle porte en bois sculptée d’un restaurant, un repas à 12,50 € avec du magret de canard. Cela fait envie, mais il est trop tôt.
Vers Nothalten.
Direction Blienschwiller où je découvre l’étonnante église des Saints-Innocents avec une particularité, la présence sous un auvent d’un Mont des Oliviers comportant des statues en bois polychromes du 17e siècle. L’église est fermée, donc non visitable. C’est dommage, car je vais découvrir un plus tard dans une brochure, la présence dans le chœur d’une fresque « Les Saints Innocents » réalisée en 1913 par Pierre Ledoux. J’ai pu en récupérer une photo tant elle est magnifique.
Blienschwiller, l'église des Saints-Innocents.
Je reprends la route parmi les vignes en direction de Dambach-la-Ville. Je ne m’y arrête pas en poursuivant sur le chemin du Rutenberg. C’est alors que j’aperçois, sur une colline, les ruines du château de l’Ortenbourg sur plusieurs kilomètres. Cette fière forteresse en granite, archétype des châteaux forts rhénans du 13e siècle, fut occupée au 15e siècle par des brigands. En 1633, les Suédois incendièrent le château. Son donjon pentagonal de 35 mètres de hauteur la rend visible de loin.
Un peu avant Scherwiller, je visite la chapelle Taennelkreuz érigée en 1905, à l’emplacement d’un ancien site de pèlerinage. Elle est dédiée à la Sainte Croix. De plan cruciforme et de style néogothique, elle se trouve en plein vignoble.
Sur le chemin de Rutenberg.
C’est l’arrivée à Châtenois, un bourg de 4 000 habitants, pour prendre gîte et couvert au centre de randonnée CCA-Gîte d’étape. L’accueil est sympathique, il y a peu de monde.
Après mes travaux d’arrivée, comme il n’est pas tard, j’écris, consulte des brochures sur la région et visite le village qui possède les restes d’importants remparts.
Dans l’église Saint-Georges, au très beau clocher vernissé (classé aux monuments historiques), je découvre la maquette du clocher au dixième réalisée par un Compagnon du devoir charpentier en 2003. Il la réalisa dans le cadre de son parcours professionnel. Il la donna à la fabrique (les gestionnaires) de l’église. Cela me touche, me sentant très proche de ces « aristocrates du travail bien fait », portant des valeurs fortes.
Châtenois.
Un peu plus loin, la tour des sorcières est une porte-tour gothique datant du 15e siècle. Elle fut remaniée en 1830. On lui a donné ce nom pour rappeler qu’ici, comme dans beaucoup d’endroits, eurent lieu des procès et des exécutions de personnes accusées de sorcellerie. Autre temps, autres mœurs… Sur le toit, la présence d’une cigogne.
Il est venu le temps de me reposer des premières journées. Je me couche tôt après mon appel quotidien à ma chérie.
À demain… Alain, dit Bourguignon la Passion.