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Publié par Alain Lequien dit Bourguignon La Passion

Après une bonne nuit, et un petit-déjeuner de qualité, c’est le départ pour cette étape qui, comme les autres, sera de qualité. Que l’Alsace est belle, je la découvre. J’y reviendrais avec ma chérie. Le temps est moyen, frais, mais il ne pleut pas. Tant mieux !

Je passe par la petite porte sous les anciens remparts avant d’entamer le sentier des vignes. C’est pour moi aussi une découverte, toutes ces vignes à flanc de coteaux. Au bout de deux kilomètres, je rejoins le petit village de Kintzheim et son château médiéval le dominant de sa silhouette (monument historique depuis 1965). Le site abrite la « Volerie des Aigles » organisant des spectacles vivants.

De Kintzheim à Orschwiller.
De Kintzheim à Orschwiller.
De Kintzheim à Orschwiller.
De Kintzheim à Orschwiller.

De Kintzheim à Orschwiller.

   J’arrive à Orschwiller, un village vinicole de 600 âmes, devant sa belle église Saint-Maurice (monuments historiques depuis 1987). Elle est fermée lors de mon passage. Tout près, je découvre un parterre fleuri mettant en scène deux moines travaillant la terre. Étonnant ! Très belle réalisation. 

Je rejoins Saint-Hyppolite, un autre village vinicole, toujours sur le sentier des vignes. Il est situé au pied du château du Haut Koenigsbourg. L’ancien château des ducs de Lorraine, construit au début du 17e siècle, fut entièrement reconstruit au 18e siècle. Je ne fais pas le détour, ce n’est pas le sens de ma démarche.

J’accède à Ribeauvillé en passant par Rodern, toujours sur des chemins de terre agricoles, parfois en forêt. De temps en temps, un arrêt de quelques minutes est nécessaire pour manger un fruit, ou boire une gorgée d’eau. Le temps s’est radouci, un pâle soleil a fait son apparition. C’est idéal pour la marche. J’arrive au village médiéval au bout de treize kilomètres. Près d’une fontaine, la statue d’un joueur de flûte. En buvant un café dans un bar tenu par un jacquet, j’apprends que Ribeauvillé renferme de nombreuses représentations de joueur de flûte. C’est en quelque sorte son emblème. La cité fête depuis le Moyen Âge la fête des ménétriers (ménestrels) regroupant des artistes aux talents variés (jongleurs, musiciens, mimes, acteurs).

A Ribeauvillé.
A Ribeauvillé.
A Ribeauvillé.

A Ribeauvillé.

Direction d’Hunawihr, un village serti parmi les vignes, classé parmi les plus beaux villages de France. Bâtie sur une butte à l’écart du village, l’église Saint-Jacques le Majeur datant du 15e siècle est entourée d’une enceinte hexagonale avec six bastions semi-circulaires percés de meurtrières. Originalité : elle pratique le simultaneum, c’est-à-dire l’accueil au sein d’une même église des cultes protestants et catholiques depuis 1687. Cet acte de tolérance est toujours en vigueur (les jours de culte sont alternés).

Dans l’église, je peux admirer de magnifiques peintures murales datant de 1493. Son auteur est inconnu. Redécouvertes en 1879 lors de travaux de rénovation, elles furent classées par les Monuments historiques en 1929. Elles racontent en quatorze tableaux, comme dans une bande dessinée, des épisodes de la vie de Saint-Nicolas ainsi que des miracles accomplis après sa mort. Cette vie fut popularisée par la Légende dorée écrite au 13e siècle par Jacques de Voragine.

Hunawihr, l’église Saint-Jacques le Majeur.
Hunawihr, l’église Saint-Jacques le Majeur.
Hunawihr, l’église Saint-Jacques le Majeur.
Hunawihr, l’église Saint-Jacques le Majeur.
Hunawihr, l’église Saint-Jacques le Majeur.
Hunawihr, l’église Saint-Jacques le Majeur.

Hunawihr, l’église Saint-Jacques le Majeur.

Reprenant mon cheminement, trois kilomètres plus loin, je me retrouve à Riquewihr, une autre cité médiévale classée parmi les plus beaux villages de France. J’y fait un arrêt plus prolongé pour manger un morceau sur un banc. Ses vins sont mondialement reconnus comme étant la « Perle du vignoble alsacien ». Respect ! Tout cela pour un bourg de 1 000 âmes.

Il y a de nombreuses possibilités de photos à prendre tant il est typique des villages alsaciens. Mais bon, il faut faire un choix. Mon chemin se nourrit de tourisme, de culturel, d’histoire, grande ou petite, mais aussi de réflexions et surtout de spiritualité. Ici, c’est la beauté du travail des hommes qui m’importe. La cité est entourée de remparts, avec la porte étroite dénommée « du Dolder » datant du 13e siècle. Découverte de la statue équestre dénommée « La Dame du Parc ». Cette pièce unique de l’artiste internationale Josépha est présente depuis 2017. Je n’en connais pas la référence.  

Déjà 17 kilomètres. Il me reste encore du chemin à faire. Je prends la direction de Kaysersberg (la montagne de l’empereur), un village situé sur une ancienne voie romaine reliant la plaine d’Alsace au versant lorrain des Vosges. Dénommé désormais Kaysersberg Vignoble depuis 2016 avec l’adjonction des villages de Kientzheim et de Sigolsheim, il est devenu une petite entité de 5 000 habitants.

J’ai lu dans une revue locale que les chevaliers teutoniques furent, semble-t-il, les premiers religieux à s’installer à Kaysersberg, au 13e siècle ?

   Un grand homme, un humaniste est originaire de la cité, Albert Schweitzer (1875-1965). Son père y était pasteur et instituteur. Théologien, philosophe, musicien, médecin, cet homme d’exception partit avec son épouse pour le Gabon en 1913 pour y bâtir un hôpital à Lambaréné. On lui décerna le Prix Nobel de la Paix en 1953.  

 Je me rends à l’église paroissiale de l’Invention de la Sainte Croix[1] commandée par Barberousse, empereur du Saint-Empire romain germanique, au début du 13e siècle. Une légende nous raconte que, manquant d’argent, il mit en gage la couronne de son épouse. Touché par cet acte, Dieu lui envoya deux anges portant chacun une bourse pleine.

C’est ainsi que la construction de l’église put être terminée. Il faudrait faire un article plus complet sur cette église classée en 1985 par les Monuments historiques. C’est un exemple d’art roman tardif, cet art symbolique où le ressenti est mis en avant. 

 

[1] La tradition veut que l’Impératrice Hélène découvre la vraie croix en 327 à Jérusalem. C’est la raison pour laquelle, sa statue datant de 1889 est placée dans une niche du fronton de l’église. Une relique de la vraie croix a-t-elle été détenue dans l’église ?

J’en retiens quatre éléments dont la beauté a créé en moi de fortes émotions.

Tout d’abord, la statue de Saint-Jacques en majesté. Je ne suis pas sur un chemin de Compostelle par hasard, d’autant qu’à huit reprises, Santiago m’a accueilli.

Ensuite, le tympan du portail roman représentant le Couronnement de la Vierge par Jésus entouré des archanges Gabriel et Michel. L’artiste y est représenté, tenant un livre portant son nom : Conradus.

En poursuivant ma visite, l’imposant retable en bois de six mètres sur six environ, sculpté en 1518, classé par les Monuments historiques. Il retrace en 14 tableaux dorés et peints la Passion du Christ, de son entrée à Jérusalem à sa Résurrection. Le tout est couronné des statues de saint Christophe, de l’impératrice Hélène et de sainte Marguerite.

Enfin, le Saint Sépulcre, belle réalisation de pierre qui serait l’œuvre de deux sculpteurs différents. En effet, le Christ serait réalisé à l’époque du gothique tardif, les saintes femmes du début de la Renaissance. Je ne suis pas assez calé pour me faire une opinion. En tout cas, l’œuvre est belle, prenante aux tripes.

   Il est temps de repartir après ces deux heures passées au milieu de cette merveille. En effet, j’ai réservé une chambre au domaine du Golf d’Ammerschwihr. Je n’ai pas trouvé d’autre solution pour dormir. Tant pis, je vais dépenser un peu plus d’argent. C’est la vie.

    À demain… Alain, dit Bourguignon la Passion.

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J
bonjour, j'ai bien apprécié votre blog avec notamment la partie qui concerne le chemin en Alsace, puisque j'ai effectué le Chemin de Compostelle Alsacien (qui part de Wissembourg jusqu'à Belfort) du 8 au 20 septembre 2020 et autant dire que j'ai adoré, en attendant de pouvoir concrétiser mon rêve de me rendre depuis le Puy en Velay jusqu'à Santiago et au-delà si les conditions nous l'autorisent. Bonne marche à vous
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