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Publié par Alain Lequien dit Bourguignon La Passion

Alors que je descendais vers l’entrée de l’hôtellerie gérée par l’Ordre des Capucins, j’ai entendu des chants provenant d’une petite chapelle où je me suis rendu. Il y avait peu de monde, mais ces chants religieux ont toujours pour moi une belle saveur pleine d’émotions.

Après le petit-déjeuner servi à table, et les quelques mots échangés avec le supérieur de l’institution, me voilà parti, dans un premier temps, en direction de Martigny. En fait, même si j’ai bien dormi, la longue étape d’hier n’est pas complètement récupérée. On verra en route, et de toute façon, j’ai l’intention de prendre mon temps.

   Un peu d’histoire sur l’abbaye de Saint-Maurice d’Agaune. Son histoire débute autour de l’an 300 de notre ère. Maurice et ses compagnons de la Légion thébaine sont des soldats chrétiens de l’armée de Maximien se dirigeant vers le Rhin.

Refusant de renoncer à leur foi, ils sont massacrés et enfouis sur place. Les moines y construisent une première chapelle qui au fil du temps, prit de l’expansion. Au 9e siècle, le site est dirigé par des chanoines de Saint-Augustin. Le monastère, détruit par le feu en 1693, est reconstruit quelques années plus tard. Il abrite toujours, depuis quinze siècles, une communauté de chanoines devenant le plus ancien monastère d’Occident en activité sans réelle interruption.

Du village, j’aperçois cette montagne en forme de dent lumineuse qui se détachant du fait du soleil l’éclairant de si bon matin. Le temps est frais, mais sans vent. Un peu plus loin, je croise l’un des cinq vitraux enchâssés dans des blocs de granit pour le chemin jubilaire.

C’est maintenant, après un passage dans des prés après une belle montée, un parcours sympathique sur un long chemin forestier dans la forêt du Bois Noir. Elle est composée d’une grande diversité : pinède à bruyères (pins sylvestres), parois rocheuses, surfaces agricoles (prairies, haies, bosquets, murs en pierres sèches…), friches et cours d’eau, dont l’un des derniers tronçons du Rhône encore sauvage. Un ravissement de la nature.

À la sortie de Vernayaz, l’impressionnant cascade de la Pissevache. Cette chute de 116 mètres a failli disparaître en conduite forcée pour l’alimentation d’une usine hydroélectrique. C’est ensuite la poursuite en forêt, puis au milieu de plantations fruitières que je me dirige vers Martigny. En route, je m’arrête pour prendre des poires tombées à terre. Elles sont succulentes. Pour la petite histoire, il n’est pas rare, au cours de mes différents cheminements, de ramasser les fruits tombés à terre (et uniquement ceux-là). Généralement très mûrs, ils sont perdus pour leur propriétaire.

Cascade de la Pissevache et le chemin forestier.
Cascade de la Pissevache et le chemin forestier.

Cascade de la Pissevache et le chemin forestier.

J’arrive à Martigny, où je ne m’arrête que peu de temps pour manger un morceau, et faire des courses de bouche. Je traverse la ville assez rapidement, voulant retrouver rapidement la montagne. Cela ne m’empêche pas d’admirer en passant les restes de sa période romaine prestigieuse. C’est le cas de l’amphithéâtre, seul monument visible à mes yeux. Ses dimensions sont modestes, il semble être utilisé pour des manifestations festives.    

 C’est maintenant que commence la véritable montée vers le col du Grand-Saint-Bernard. De 400 mètres d’altitude, je vais arriver à Sembrancher à environ 700 mètres. Un premier dénivelé de 400 mètres cumulé[1] pour une mise en jambes. 

 

[1] Le dénivelé cumulé est l’addition des dénivelés des différentes montées jalonnant la marche. Exemple : si au cours de ma marche, j’effectue trois montées de 200 mètres chacune, j’obtiens : 3 x 200 = 600 mètres de dénivelé cumulé. Sachant qu’un bon marcheur parcours 300 mètres par heure, cette notion particulière donne un aperçu de la difficulté réelle de la marche (ou du trail pour les coureurs).

  J’arrive à Martigny-Croix en suivant le sentier suivant une petite rivière, la Dranse. Petit à petit je monte, tout en suivant plus ou moins la ligne de chemin de fer, passant notamment à la gare déserte de Bovernier. Je suis la rivière pendant un long moment jusqu’à son élargissement. Non loin de là, j’aperçois la route montant vers le col du Grand-Saint-Bernard. Je navigue aux alentours de 700 mètres d’altitude. Force est de constater que cette partie du parcours est presque en montée continuelle sur des sentiers parfois étroits au-dessus de la Dranse. Le paysage vaut le coup, mais il faut faire attention.

J’arrive à la gare de Sembrancher, un petit village de montagne de 900 âmes. Son nom serait dû à l’altération franco-provençale de Saint-Pancrace dont l’église portait jadis le nom ? Je choisis de dormir dans un accueil Airbnb confortable, mais coûteux. On n’a pas toujours le choix. Contacté, le gîte des trois collines où j’espérais me poser ne reçoit personne. Ah ! Si j’avais eu ma tente, je l’ai presque regrettée. J’aurais dormi sur les hauteurs, abrité.

   La balade dans le village est vite faite, ce n’est pas grand. Sembrancher aurait vu passer Hannibal avec ses éléphants, et Napoléon lors de son périple en Italie en l’an 1800. La petite église est close. Quelques fontaines sur des places. Ici, l'eau de source coule à flots. Cependant, c'est avec plaisir que je découvre un très beau rond-point au milieu duquel a été reproduit l'hospice du Grand-Saint-Bernard et bien entendu, des chiens ayant fait la réputation d'accueil et de sauvetage de l'hospice.

Le tout, réalisé en pierres, ce qui ne manque pas ici.

Je découvre aussi que le village produit une eau fluorée classée premium depuis une dizaine d’années. Ma foi, l’ayant goûté, elle ressemble fort aux eaux de source connues. En revanche, pas pour le même prix !

Fatigué, je rejoins mon lit confortable, m’endormant assez vite après avoir lu une brochure locale. En regardant le parcours de demain, je dois m’attendre à un dénivelé plus important.

 

   À demain… Alain dit Bourguignon la Passion

 

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