43b – Au col du Grand-Saint-Bernard
Anciennement appelé Mont-Joux (la montagne de Jupiter), le col du Grand-Saint-Bernard culmine à 2473 mètres d’altitude. Il sépare la vallée du Grand-Saint-Bernard du Val d’Aoste et du Val d’Entremont. Ce majestueux site naturel des Alpes Pennines est situé sur la commune de Bourg-Saint-Pierre.
Lorsque l’archevêque Sigeric y passa, il n’y avait qu’un amas de pierres, certainement les restes d’un temple dédié au dieu romain Jupiter qui a dû remplacer un dieu précédent. Il n’y séjourna donc pas. Par contre, ce fut le cas à Bourg-Saint-Pierre en Suisse (voir hier), et à Saint-Rhémy-en-Bosses dans l’Italie actuelle (voir demain).
Au 11e siècle, Bernard de Menthon, archidiacre d’Aoste, y fonda un Hospice destiné à venir en aide aux voyageurs en détresse empruntant ce passage à travers les Alpes. Ainsi sont nés une communauté et un hospice dont la vocation d’accueil est restée ininterrompue jusqu’à nos jours.
La Congrégation des chanoines du Grand-Saint-Bernard compte aujourd’hui une quarantaine de membres présents notamment à l’Hospice du Simplon et dans plusieurs paroisses de la région. À l’Hospice local vivent actuellement trois chanoines et une oblate. Entourés d’une équipe de laïcs, ils consacrent leurs journées au travail, à la prière et à l’accueil des voyageurs venus de tous horizons.
En 1800, Napoléon Bonaparte y inscrit son nom dans son histoire en franchissant sa cime enneigée. Il était accompagné de 40 000 hommes lors de la deuxième campagne d’Italie.
À l’intérieur de l’Hospice, une chapelle datant du 13e siècle, rénovée au 17e siècle en style baroque piémontais. Dans les années 1970, les murs et les voûtes furent débarrassés de plusieurs couches de peinture et de vernis qui avaient modifié l’effet de l’ensemble. La plus récente couche datait de 1930. On peut assister aux offices, c’est ce que j’ai fait avant d’aller dîner.
La chapelle de l'Hospice du Grand-Saint-Bernard.
C’est dans cette chapelle qu’est enterré le général Desaix, mort à Marengo, à la suite d’une décision de Napoléon. Sa dépouille embaumée à Milan fut transportée à l’hospice où eurent lieu ses funérailles en 1805. Dans une ancienne salle de l’Hospice, on peut voir le mausolée érigé en son honneur. Sur le sarcophage était écrit : « Le tombeau de Desaix aura les Alpes pour piédestal et pour gardiens les moines du Saint-Bernard. Napoléon. »
En descendant dans la crypte du 12e siècle située dans les murs de l’ancienne église, réaménagée en 1960, je m’aperçois que celle-ci est sobre et dotée d’un plafond clair voûté. Au plafond, les lumières représentent des constellations. De part et d’autre de l’autel, deux sculptures sculptées dans le fer représentant saint Bernard et une Vierge de miséricorde.
Une petite niche abrite une statuette en bois représentant saint Bernard tenant enchaîné le diable.
Depuis plusieurs années, la communauté fait appel à des bénévoles afin d’être soutenue dans sa mission au service de l’accueil, à l’image des hospitaliers sur les chemins de Compostelle. J’ai eu l’occasion au cours de mes pérégrinations de remplir cet office.
Ici, la demande est d’y consacrer trois semaines ou un mois, ce qui est long. L’accueil de pèlerins est, croyais-moi, une belle expérience humaine et spirituelle.
Une des spécificités de l’Hospice du Grand-Saint-Bernard est la présence des chiens du Saint-Bernard, rendus célèbres pour avoir sauvé de nombreux voyageurs pris dans la tempête ou épuisés par l’effort et les conditions hivernales lors de leur ascension au col.
Depuis 2005, ils sont pris en charge par l’élevage à la Fondation Barry. J’ai eu l’occasion d’en voir sortir deux partis en promenade.
La visite du site permet de passer réciproquement de Suisse en Italie. Tout d’abord, avec la présence de ce lac de montagne. Sur le Plan Jupiter situé en Italie, on peut voir une imposante statue de Bernard de Menthon inaugurée en 1905. Il fut désigné comme le patron des montagnards et des alpinistes par Pie XI en 1923.
Sa légende décrite au 15e siècle nous indique qu’il maîtrisa et enchaîna un diable anthropomorphe. C’est d’ailleurs le sens donné à la statue. Tendant la main, il est placé là pour exorciser tous les démons sur le chemin de Rome.
Un endroit sobre qu’il ne faut pas manquer de visiter.
À demain, en Italie… Alain dit Bourguignon la Passion