Etape 6b : Au sanctuaire marial de Fátima
Fátima est un des lieux de pèlerinage marial parmi les plus célèbres du monde chrétien.
Chaque année, près de cinq millions de pèlerins et de touristes s’y rendent.
La chapelle des apparitions (Capelinha das Aparições) fut bâtie à l’endroit même où la Vierge Marie sous les traits d’une belle dame serait apparue en 1917 à six reprises à trois jeunes pastoureaux, des enfants gardant les moutons à Cova da Iria : Francisco (neuf ans) et Jacinthe Marto (sept ans), et leur cousine Lucie dos Santos (dix ans). François et Jacinthe moururent rapidement de la grippe espagnole.
Le 13 octobre 1917[1], alors qu’il pleut abondamment, une foule de plus de 50 000 personnes égrenant leur chapelet assistent selon la chronique à la dernière apparition de celle qui révéla être Notre-Dame du Rosaire. Elle annonce la fin prochaine de la Première Guerre mondiale.
Alors que la Vierge s’élève vers le ciel, la pluie s’arrête et le ciel devient d’un bleu profond. Certains assistants dirent qu’ils ont vu le soleil se mettre à tourner sur lui-même, lançant des faisceaux de lumière de toutes les couleurs.
Les enfants, quant à eux, vient la Sainte Famille, Notre-Dame-des-Sept-Douleurs accompagnée du Christ, et Notre-Dame du Mont-Carmel.
Les enfants reçurent trois secrets issus de leurs visions. Le premier révélé le 31 août 1941 concerne la révélation de l’enfer. Le deuxième dévoilé le 8 décembre 1941 concerne la dévotion réparatrice au cœur immaculé de Marie et la conversion de la Russie. Le troisième, dévoilé le 13 mai 2000, concerne les persécutions de l’Église au 10e siècle et la fécondité spirituelle des martyrs.
Béatifiés en l’an 2000 par Jean-Paul II, ils furent canonisés en 2017 par le pape François lors de son voyage pour le centenaire des apparitions mariales. Quant à Lucie, elle entra au Carmel de Coimbra sous le nom de sœur Lucie du Cœur Immaculé, où elle décéda en 2005 à l’âge de quatre-vingt-dix-sept ans. Leurs tombes se trouvent dans la basilique néo-gothique Notre-Dame-du-Rosaire (Basílica de Nossa Senhora do Rosário) que nous visitons.
Devant la chapelle des Apparitions où d’habitude se pressent des touristes et pèlerins autour de la statue de Notre-Dame de Fátima placée sur une colonne blanche, il n’y a quasiment personne. Elle fut érigée en 1919, sur le lieu des apparitions de Marie. Le piédestal où se trouve la statue de la Sainte Vierge signale l’endroit où se trouvait le petit chêne vert sur lequel la Dame du Rosaire est apparue.
La basilique primaire n’ayant plus la capacité d’accueillir tous les pèlerins, une seconde fut construite à partir de 2004, consacrée en 2007 sous le nom de Basilique de la Très-Sainte-Trinité. Elle peut accueillir plus de huit mille personnes. Sur la grande esplanade trônent les statues de deux papes : Pie XII et Jean-Paul II.
Selon les historiens, la tradition d’effectuer le tour de la chapelle de Fátima s’est développée vers 1960, lors des guerres de décolonisation. De nombreuses femmes avaient l’habitude d’y venir pour prier afin que les hommes et enfants partis à la guerre reviennent vivants.
Une question m’a toujours taraudée : pourquoi ce petit village portugais porte-t-il le nom de la fille préférée de Mahomet, un prénom souvent porté par de nombreuses femmes musulmanes ? La raison serait pense-t-on historique. Elle daterait de l’époque de la reconquête par les rois chrétiens de cette partie de la péninsule ibérique conquise par les Omeyyades en 711 de notre ère.
Une explication locale (légende ou non ?) est donnée. Au cours d’une bataille menée par le comte d’Ourem (localité proche du sanctuaire), une princesse arabe, prénommée Fatima fut capturée. Au contact du comte, elle se convertit au catholicisme en prenant le nom d’Oriane avant de l’épouser. En hommage, la localité aurait été baptisée de son prénom musulman. Belle histoire !
Nous allons donc voir ces différents lieux avant d’aller manger un morceau près du sanctuaire.
[1] La presse portugaise édita de nombreux articles à ce sujet. Ce fut le cas de l’Ilustração Portuguesa du 29 octobre 1917 montrant la foule regardant le miracle du soleil durant les apparitions. Il en fut de même du journal libre-penseur de Lisbonne O Seculo dont le rédacteur en chef fut témoin du prodige solaire.