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Publié par Alain Lequien dit Bourguignon La Passion

   Frédéric ne souhaite pas rester, pensant qu’étant donné l’heure, nous risquons de tourner en rond. Ce qui n’est pas faux en soi car Fatima n’est pas très grande. Après avoir mangé un morceau au sanctuaire, c’est pour moi un peu à contrecœur que nous reprenons la route vers l’étape suivante. Voilà typiquement une raison qui justifie en soi ma marche souvent solitaire : la liberté de faire ou de ne pas faire.

   Si Frédéric n’avait pas été mon fils, mais un simple compagnon de voyage, nous nous serions séparés, et je serais resté dormir à Fátima. Étant avec mon fils, je ne pouvais le laisser seul. Je n’ai donc pas insisté. Sa démarche est autre que la mienne. Je dois la respecter. Et puis, je reviendrais sûrement.

   Nous repartons cette fois-ci sur des routes asphaltées. Il nous reste vingt et un kilomètres si nous nous arrêtons à Caxarias. Peut-être est-ce le hasard ou une réponse à ma remarque précédente ? Nous allons de nouveau être séparés.

   À un croisement avant Gondemaria, alors qu’il marche rapidement loin devant moi, il disparaît à ma vue. Pensant qu’il a suivi le marquage, je ne me suis pas inquiété outre mesure. Le chemin de terre jaune remplace désormais l’asphalte. J’espère qu’il va m’attendre à un carrefour.

  Les kilomètres défilent, toujours pas de fiston., et aucune trace de son passage. Je me dis qu’il a dû rater un fléchage et suivi un autre parcours. Naturellement, je suis très inquiet d’autant qu’il n’a pas de téléphone pour me contacter (il utilise le mien), et peu d’argent sur lui.

   Je décide de l’attendre à un endroit facile à repérer, la caserne des Bombeiros de Caxarias. Si nous ne trouvons pas de solution pour dormir, nous pourrons peut-être leur demander à être hébergés. L’accueil généreux des hommes du feu est une tradition au Portugal. Mais, on n’en est pas là. Pour être sûr d’être présent à son arrivée, je prends un taxi pour m’y amener. Ce qui réduit mon parcours du jour de plusieurs kilomètres.

   En arrivant à la caserne, mon téléphone sonne : c’est Frédéric qui a emprunté le téléphone d’un habitant. Bonne initiative ! En fait, il a continué son chemin sans m’attendre et se trouve à environ huit kilomètres de là. Il lui faudra près de deux heures pour me rejoindre. C’est donc un grand soupir de soulagement.

   Les pompiers ne pouvant nous loger au sein de la caserne, nous rejoignons la salle paroissiale où ils se réunissent. Un pompier nous ouvre, nous lui réglons notre écot soit dix euros pour nous deux. C’est immense, on est un peu perdu, peu confortable, sans matelas. On fit au mieux.

   Le soir, nous mangeons tout prêt de là. Nous y retrouvons Jean-Marc croisé à Minde avec qui nous dînons en regardant un match de foot (de mémoire Uruguay-Russie gagné par les Sud-Américains 3-0). Il a trouvé un accueil chez une vieille dame à deux kilomètres de là.

   Drôle de journée mélangeant la vie quotidienne et la spiritualité. Elle m’a fait découvrir un autre visage de mon fils. On en apprend tous les jours au travers des événements de la vie.

   À suivre. Alain et Frédéric.

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