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Publié par Alain Lequien

   Suivre le Chemin ne consiste en aucun cas à mes yeux à réaliser une épreuve sportive. C’est au contraire le moyen de prendre enfin son temps, notamment si l’on doit faire cohabiter sa volonté de cheminer et assumer ses obligations sociétales.

   Un ami, peut-être pour me faire râler, me disait il y a peu avec ses certitudes que je ne faisais pas vraiment le Chemin comme je devrais le faire puisque, selon lui, je le découpais en rondelles de saucisson. Si un jour il doit lire cette chronique, qu’il sache que ce n'est pas le but qui compte, mais l'intention et le chemin. Avec un petit sourire sarcastique, je rajouterais : « Fais-en autant, mon ami ». C’est drôle la vie. Il y a parfois des pisse-froid cherchant à minimiser les actes des autres simplement pour exister. Ceci étant dit, mon coup de gueule du matin est passé, je ferme la parenthèse. Après tout, il s’agit de son problème.

   Ainsi, je suis obligé de revenir passer une journée à Dijon et à Bourg-en-Bresse par le train. Avec gentillesse, mon hospitalière Évelyne me proposa de me déposer à Limoges où elle devait se rendre. Ce fut l’occasion puisque j’avais plus de cinq heures d’attente pour prendre le train, de visiter cette ville que je ne devais pas négliger. Elle a donné son nom – Lemovincensis - à la voie de Vézelay.

   Après le petit déjeuner pris en commun, nous échangeons nos adresses respectives avec Ghislaine et Michel, sans oublier le petit souvenir photographique. A quelques pas de là, la maison natale de Gay-Lussac.

   Arrivé à Limoges, je me rends en priorité à la cathédrale Saint-Étienne. Hélas, ses portes n’ouvrent qu’à 14h30. Bizarre comme horaire. Ainsi la Maison de Dieu n’est pas ouverte à ses fidèles ? C’est dommage. J’en profite pour me promener dans les jardins de l’évêché, dont les parterres sont chatoyants et très odorants.

   Après quelques recherches, je découvre la maison des Compagnons des Devoirs du Tour de France pour lesquels j’ai une grande affection. Elle est située en contrebas de la cathédrale, dans d’anciennes maisons de chanoines restaurées. Le centre de formation du bâtiment est l’un des plus importants de l’association en France et en Europe.  Depuis plus de dix siècles, les Compagnons transmettent la Tradition en formant des ouvriers fiers de leur art, avec une haute conscience professionnelle et le respect d’un haut niveau d’éthique. Elle est située rue de la Règle, mes amis en apprécieront tout le symbole. J’aurais voulu visiter le musée compagnonnique où sont exposés des dizaines de chefs-d’œuvre réalisés par des élèves et des formateurs. Hélas, il n’ouvrait qu’à 15h00, l’heure de mon départ.

   Puisque la cathédrale est inaccessible, je visite l’église Saint-Pierre-du-Queyroix. J’en profite pour photographier son grand reliquaire particulièrement imposant. Les fidèles considèrent qu’une force vivante est toujours active dans toutes ses reliques, permettant ainsi de rendre visible le lien invisible qui relie la Terre au Divin, tout en apportant aide et protection.

   La visite de l’ancien village des bouchers situé en pleine ville est étonnante. La place de la Barreyrrette était divisée en enclos par des barrières (barreyrrettas) où les animaux étaient parqués avant leur abattage jusqu’à la construction d’un abattoir municipal en 1832.

Cette place réaménagée par la ville en 1994 est entourée de bâtiments à pans de bois. Au centre se dresse un mégalithe de trois mètres de haut évoquant celui très ancien qui marquait jusqu’au XVe siècle la limite de la juridiction de l’abbaye de Saint-Martial.  Connu depuis l’aube des temps sous le nom de pierre au bois, il a donné son nom à la rue Pierre-au-Bois toute proche.

   Je visite ensuite de l’église Saint-Michel où j’arrive à la fin d’un office. Construite en granit sur un ancien lieu où passait jadis une voie romaine, elle est de style gothique tardif datant du XIVe au XVIe siècle avec un clocher typiquement limousin possédant une hauteur de 70 mètres. Elle abrite les reliques de saint Martial et de saint Loup. Il est à noter que le chef (crane) de saint Martial, le patron de la ville, est montré en peine ostentation tous les sept ans. Son buste apparait toujours dans les armes de la ville de Limoges, entouré des lettres S et M. La crypte est malheureusement fermée. Ce bref passage valait son pesant et j’ai reçu mon salaire.

  Je quitte donc la cité par le train vers Dijon, en faisant une halte d’une heure trente à Vierzon. Un temps court, mais suffisant pour découvrir la richesse de l’église Notre-Dame abritant les restes de la patronne de la ville, Sainte-Perpétue. Peu connue, en 203 de notre ère, elle fut martyrisée avec d’autres croyants sous le régime de Septime Sévère dans l’amphithéâtre de Carthage (Tunisie).  Sa dépouille reçue au prieuré de Desvres (Pas-de-Calais), puis à l’abbaye Saint-Pierre de Vierzon rejoignit l’église actuelle en 1793. Aujourd’hui, on peut apercevoir une tapisserie réalisée pour fêter les dix-huit siècles de ce martyre.

   L’occasion de revoir le canal de Berry dont j’ai longuement parlé dans les étapes 7 et 8 de mon parcours. Il n’est guère plus brillant.

   Le soir même, j’étais à la maison.

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C
I.
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