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Publié par Alain Lequien

   Il est presque 8h00 lorsque je quitte le gîte communal de Saugues. Comme c’est mon anniversaire, je me demande comment je vais pouvoir marquer cet événement même si son importance est toute relative. Le temps est clair, légèrement frais. Je ne peux prendre comme petit-déjeuner qu’un malheureux thé, car je n’ai plus de nourriture personnelle.

   Il faut donc aller en ville pour boire un bon double café et acheter un minimum de provisions de bouche. Il y a maintenant plein de place dans mon sac de 55 litres vidé de tout ce que j’ai laissé en route (livres, renvoi à la maison). Si j’en acquiers un autre, il sera moins grand. Je n’ai pas le temps de visiter le musée de la Bête du Gévaudan, de moindre intérêt d’ailleurs pour moi.   

   En passant devant le camping pour récupérer Djamel, j’apprends qu’aucun nouveau campeur n’est arrivé hier soir. Il a donc dû dépasser Saugues pour aller bivouaquer ailleurs. Dommage, je pensais avoir trouvé un compagnon de voyage. C’est la vie !

   En sortant de Saugues, à l’image de ce que nous avions trouvé à l’entrée, je trouve des sculptures réalisées en bois, dont un Saint-Jacques géant plus vrai que nature.  

Direction La Clauze, situé à environ huit kilomètres soit plus de deux heures de marche. J’ai beau cheminer d’un bon pas, je suis dépassé par le pèlerin du Beaujolais qui doit se rendre à Fatima. Il tient un chapelet et récite des prières. Un chrétien bien ancré dans son pèlerinage. Je le dépasse un peu plus loin, alors qu’il prie à genoux devant une croix. Je respecte bien sûr sa démarche en m’éloignant un peu du passage et en soulevant mon bâton de marche pour éviter de faire du bruit.

   Le parcours se déroule principalement sur des chemins de terre, croisant de temps à autre des routes sans beaucoup de véhicules.

   Arrivée à La Clauze,  j’y découvre l’étonnant donjon octogonal datant du XIIIe siècle, bâti en équilibre sur un rocher granitique, tour survivante d'une demeure seigneuriale.

   Près d’un gîte, je retrouve Djam en conversation avec d'autres pèlerins. Le temps de faire connaissance, nous reprenons tous le chemin pour Chanaleilles. Le groupe se séparant, je continue avec Djam.

   Comme la matinée est bien avancée, et qu’aucun de nous deux n’a déjeuné, nous faisons halte au Café du Pont pour manger un sandwich. Je suis attiré par l’église romane de Chanaleilles, possédant un clocher-mur caractéristique à  deux rangées de cloches superposées.  C’est d’une grande beauté. Je ressens une émotion face à cette force de la construction. La cité fut le lieu de baptême des sept enfants héros du hameau de Villeret qui se sont vaillamment défendus face à la bête du Gévaudan le 12 janvier 1765.

   En reprenant la route, nous passons devant un petit étal où un artiste ou un passionné du Chemin a réalisé des petites sculptures en plâtre qu’il vend un euro. Il n’y a personne, aussi chacun prend ce qu’il veut et met son obole dans une boîte. Belle preuve de confiance du réalisateur. C’est cela aussi le Chemin. Personnellement, j’ai pris un petit scarabée blanc que j’enverrais avec d’autres affaires à ma chérie.    

Si certains passages sont agréables, ce n’est pas toujours le cas comme ces chemins forestiers complètement défoncés et remplis d’eau. Même si avec mes sandales, les passages sont difficiles et que j’ai les pieds mouillés, je trouve normal que nous souffrions un peu, car nous sommes sur le terrain de ces travailleurs de la forêt. Il faut bien qu’ils gagnent leurs vies.

   Alors que nous discutions, nous sommes dépassés par Robert, un Américain que nous retrouverons à Saint-Alban.    

   Nous passons maintenant près du Domaine Le Sauvage, un lieu d’étape particulièrement réputé du chemin du Puy, à 1300 mètres d’altitude. Ce lieu est magnifiquement planté auprès d’un plan d’eau. Il est géré par un collectif d'agriculteurs ayant décidé de faire revivre ce site historique exceptionnel au cœur de la Margeride.

   À l’intérieur, cela sent un certain luxe. Nous prenons un café en échangeant avec quelques pèlerins connus. Il est temps de repartir, car il nous reste une douzaine de kilomètres à parcourir. Le temps tourne vite.

   En passant devant une petite chapelle dédiée à saint Roch, reconstruite en 1900, après une tempête. Djam est pris d’une grande émotion. Notamment par cette prière bien dans l’esprit du Chemin :

   « Tu as choisi Dame Pauvreté, la folie du Chemin

   « Et tu parles aux oiseaux, et tu chantes avec le vent,

   « Oui, tu as gardé le plus beau, tes trésors d’enfants !

   « Mendiant ton eau, ton pain, combien d’amour donné,

   « Elles ont tant soigné tes mains, les corps, les cœurs blessés,

   « Et toi aussi la souffrance t’a déchiré et broyé,

   « Maintenant dans la grande clarté, tu vas toujours pèlerin ! »

   Appelée aussi chapelle de l’Hospitalet du Sauvage, une source réputée pour ses vertus curatives y coulait et y coule encore, à proximité ; un hôpital-hospice y était adossé, permettant aux pèlerins de se reposer, de se restaurer, de se faire soigner. Elle marque le changement de département.

   C’est maintenant la longue descente vers Saint-Alban-sur-Limagnole. Nous sommes accueillis à la Maison du Pèlerin. Djam préfère rester au gîte ce soir, pour profiter de la douche. Toutefois, ce jour-là, nous ne le savions pas, les propriétaires l'avaient réservé pour accueillir des amis venus les voir. Devant cette situation, ils nous proposent de nous héberger sur l’arrière, au sous-sol. Ils ne servent pas à manger, nous devons aller en ville. Ce n’est pas très smart, mais on fera avec.

   Nous mangeons une assiette du pèlerin au poulet très garnie en ville. Quant à Robert l’Américain, il a préféré manger seul sa popote. Venu de l’ouest des États-Unis, il a le profil type des Indiens de l’ancien temps, lorsque les Anglais ont conquis le pays.

   Vers 22h00, nous dormions tous.

   À demain - Alain, Bourguignon la Passion.   

 

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