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Publié par Alain Lequien

   Petit déjeuner frugal sur la terrasse de Juliette avant de reprendre le chemin. Avant de partir, elle me donne une grosse part de clafoutis restant de la veille enveloppée dans le papier alu. Nous nous embrassons en disant que nous avons passé un bon moment ensemble. Il est vrai que l’accueil fut chaleureux.

   Le temps est beau, il affiche déjà 19 degrés. Ce fut d’ailleurs certainement la plus belle des journées depuis le départ, enfin, devrais-je dire…

   La sortie de Périgueux est épique, même si des efforts ont été réalisés par une association jacquaire pour éviter les rues trop encombrées. Heureusement, sur le parcours, j’ai eu le plaisir d’entendre et de voir des enfants dans une école qui chantaient dans la cour pour répéter certainement leur spectacle de fin d’année. J’ai eu droit à un grand hello de la part du guitariste et des enfants. Ce spectacle de quelques minutes m’a réchauffé le cœur et réconcilié en partie avec cette partie du parcours ennuyeuse, bruyante et aux fortes odeurs d’essence.

   Direction l’abbaye Notre-Dame de Chancelade. Je découvre la petite chapelle saint Jean construite en 1147. Elle m’a pris aux tripes tant elle était simple, harmonieuse et source de sérénité à la fois. Pour ceux qui apprécient le travail des compagnons tailleurs de pierres, on peut y découvrir de nombreuses marques de leur salaire.

   C’est au tour de l’abbatiale construite en pierre blanche des carrières alentour, dont la sobriété et la profondeur m’impressionnent. Construite en 1120, elle abrite de nouveau depuis 1998 une communauté de chanoines réguliers de Saint-Victor. L’occasion pour un pèlerin allemand de me prendre en photo devant l’abbatiale. Je ferais de même pour lui dans le parc de l’abbaye.

   Nous allons cheminer ensemble pendant quelques kilomètres. Un appel téléphonique (eh oui, il est toujours présent) vient couper cette harmonie. Nous ne nous reverrons pas.

   Après quelques montées raides sur des petites routes, ce sont de longs chemins en forêt très agréables, frais, dont on peut sentir les odeurs harmonieuses mélangeant eau, putréfaction des feuilles et champignons. Sans oublier le bruit des animaux, des oiseaux… un vrai dépaysement qui tranche avec les odeurs des voitures, loin de la vie quotidienne.

   Après le village d’Annesse-et-Beaulieu, je longe l’Isle, une rivière rugueuse et rafraichissante.

   Vers le Puy-Saint-Astier, le nouveau tracé annoncé disparait. Plutôt que de risquer de me perdre dans les méandres de chemins inconnus, je préfère reprendre l’ancien parcours, vers la route départementale 3. Très désagréable. Je passe devant des falaises aménagées pour l’armée de terre et le centre d’entrainement de la gendarmerie nationale. À Saint-Astier, je me passe de l’eau sur la tête à une source. Cela fait beaucoup de bien.

   Je visite l’étonnante église où j’ai eu le bonheur d’entendre l’organiste jouer. Durant vingt minutes, son interprétation m’a pris aux tripes. À croire que c’est la journée. Quand il est descendu, je l’ai remercié pour ce moment. Il m’a répondu avec une grande simplicité qu’il était heureux de m’avoir fait plaisir.

   Saint-Astier doit son origine à un certain Asterius (astre-lumière en latin) qui vécut au VIe siècle. La légende veut qu’étant devenu ermite, il réalisât de nombreux miracles qui lui apportèrent la renommée. L’église est romane par son aspect massif, et gothique par le style de ses arcs.

  

Départ vers le refuge du château de Puyferrat situé à deux kilomètres du village. Ancien château en cours de rénovation, il accueille des séminaires, des mariages… C’est Étienne qui m’installe dans les communs transformés en gites pour les pèlerins. Cela se pratiquait d'ailleurs autrefois. C’est un lieu prestigieux, et le tarif (16 euros) est loin d’être dispendieux.

    À demain - Alain, Bourguignon la Passion.

 

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