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Publié par Alain Lequien

   « Il vaut mieux suivre le bon chemin en boitant que le mauvais d’un pas ferme » (saint Augustin). Si je dois résumer cette journée, cette maxime la résume bien.

   Par une matinée un peu fraîche, je traverse Mussidan d’un pas alerte sans voir de monde. En passant devant l’église, j’aperçois une sculpture sur le haut de la façade qui attire mon attention et que je n’avais pas vue auparavant. Elle représente Saint-Georges, le patron du lieu, terrassant un animal.

   Le nouveau tracé est, selon les promoteurs, plus intéressant, car passant en forêt et sur des petites routes sans véhicules. Ayant envie d’espace, avec pour seul bruit celui des oiseaux, cela ne peut que m’aller. Tant est si bien qu’après avoir dérangé quelques lapins déguerpissant à mon arrivée, je découvre au travers des branchages un petit lac couvert en partie de nénuphars dont la blancheur des fleurs tranche sur le feuillage vert de la plante plongée dans l’eau.

 

  Après quelques routes vicinales, je traverse une forêt permettant d’arriver à Saint-Géry dont le chemin entouré de nombreuses fougères est particulièrement abîmé par les dernières pluies.

   Puis, c’est une longue route goudronnée pour aller au point de passage suivant, à Fraisse. Un petit arrêt pour parler avec les propriétaires d’un étang qui, s’ils prennent peu de poissons, viennent ici passer un moment de détente.

   Quelques kilomètres plus loin, en bord de route, un étonnant oratoire avec une Vierge. C’était, selon ce qui y est indiqué, un lieu de regroupement de pèlerins au début du siècle dernier.

Toujours sur la même route, je rencontre quatre personnes d’un certain âge qui se promènent en attendant un groupe de marcheurs qui doivent les rejoindre pour aller au restaurant. Je vais d’ailleurs les croiser plus tard. Ce sont des membres d’une association rugbystique qui y font leur réunion annuelle. 

    Arrivant à Fraisse, je déjeune sur un banc posé inopinément près de l’église. Je vois défiler les électeurs dans la petite mairie proche pour les élections législatives. Très partisan d’user de mon droit de vote, j’ai laissé ma procuration à ma tendre épouse qui remplira, comme le sien, notre devoir citoyen.

   Je reprends la route, mais un mauvais (ou ancien) fléchage m’amène à un lieu-dit Cabanna au lieu de La Cabane. Ne voyant plus de marquage, je m’adresse au propriétaire d’une maison isolée qui m’accueille chaleureusement en m’offrant de l’eau bien fraîche. Alors que nous discutions, il me montre un magnifique faisan venu dans son jardin. Il m’indique un raccourci plus intéressant pour moi. Hélas, je vais tourner en rond pour me retrouver une heure et quart plus tard, devant la même maison. Autant dire, du temps perdu, des griffures d’épines sur les jambes et l’impression d’être un peu idiot.

   Je remonte la côte par où j’étais venu initialement et retrouve le chemin que j’aurais dû rejoindre plus tôt. Tout va bien ensuite pendant quelques heures. À Monfaucon, je récupère de l’eau auprès des scrutateurs, l’occasion de discuter sur les vacances en camping-car.

On parle de tout sur le Chemin. Reprise de la route, le moral est retrouvé quand j’aperçois la pancarte « Sainte-Foy » à onze kilomètres.

   En montant une côte raide vers des vignes, j’aperçois une biche qui passe devant moi à une dizaine de mètres. Le temps de les parcourir, plus de trace. Un peu plus loin, je découvre de belles fleurs bleues avec en fond de décor des rangs de ceps de vignes, un lac et des coteaux. De quoi avoir un moral d’acier. Et je vais en avoir besoin.

   Je suis le fléchage qui me fait tourner en rond. Ce n’est pas mon jour décidément. Alors que je suis égaré, l’hospitalière m’appelle vers 18h00 pour savoir où j’en suis. Je lui promets d’être là dans une heure.

Promesse de Gascon puisque je suis perdu au milieu des vignes. Je trouve au même endroit trois marques du chemin de Compostelle allant dans des directions différentes. À en perdre sa foi en saint Jacques…

   C’est alors que le hasard – ou un miracle ? – va arriver. Franck, sa femme et leurs deux filles sont venus voir un moulin rénové au milieu des vignes qu’ils apercevaient depuis longtemps. Ils s'étaient décidés à venir au dernier moment. Et, ils tombent sur moi. Me voyant déshydraté, ils s’arrêtent et m’offrent de l’eau.

Après avoir déposé sa famille, Franck se proposa de m’accompagner jusqu’au refuge paroissial de Port-Sainte-Foy. J’accepte sa proposition sans hésitation. J’en ai plein les pattes et ai largement fait mon quota de kilomètres aujourd'hui. 34 au compteur…

   Au refuge, je suis accueilli par une hospitalière qui me donne les clés du gîte paroissial. Je paie mon écot, dix euros. Après une douche bien chaude, je vais faire mes courses au Sultan, un magasin tenu par un Marocain de l’autre côté de la Dordogne. Une journée harassante qui ne restera pas comme un grand souvenir, bien que…

     Je vais quitter la Dordogne pour la Gironde.

    À demain - Alain, Bourguignon la Passion.

 

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