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Publié par Alain Lequien

   Réveil vers 5h00 du matin, car Georges m’a proposé d’utiliser son ordinateur pour mettre en ligne mes deux premières étapes sur mon blog[1]. Je travaille durant deux heures à les préparer (traitement photo, rédaction et remaniement de textes…).

   Je rejoins mon hôte qui a préparé le petit-déjeuner que nous prenons ensemble. Nous discutons tant et si bien qu’il ne reste plus de temps pour télécharger les informations sur le blog.

Georges doit se rendre à Dijon pour ses rendez-vous, et il n’est pas question de le mettre en retard. Relativité de la notion de temps entre celui qui marche à son pas de sénateur, et celui encore pris par son activité professionnelle. Avant de partir, il m’offrit une serviette ultralégère. Je lui laisse celle que j’avais emportée dans mon sac en souvenir. Les petits cadeaux entretiennent les liens d’amitié. 

   Vers 8h00, direction Chassagne-Montrachet. Si le temps est agréable, il y a beaucoup de vent, ce fameux vent du nord dirait mon paysan… Dans les vignes, les ouvriers s’affairent pour tailler ou attacher les bourgeons, labourer entre les longs rangs de ceps… Le soleil est déjà si présent que l’on peut mesurer mon ombre sur le chemin de terre.

   En passant devant le Clos de La Perrière ou celui de la Pucelle, je découvre sous un jour nouveau Puligny-Montrachet. Un lieu important pour moi, car il me fit découvrir et connaitre Louis T., un homme de grande valeur qui aujourd’hui poursuit sa voie personnelle vers l’écriture ésotérique.

   De nouveau, des chevaux utilisés pour retourner la terre entre les rangs de ceps. La dernière fois, le paysan était loin. Aujourd’hui, je prends le temps de converser avec les ouvriers. Notre conversation aborde bien sûr l’écologie, la nécessité à revenir à des valeurs (ici d’agriculture) ancestrales.

Si le vieil homme est peu disert, son compagnon plus jeune engage la conversation sur le Chemin. Avec moult détails, il me conte son expérience avec son vélo surchargé. À l’évidence, il l’a très bien vécu tant je voyais ses yeux briller de bonheur. Cela aurait fait un bon compagnon de voyage, j’en suis sûr.

   Arrivée à Chassagne, où naturellement je pense aux Montrachets comme le Bâtard. Bref, vous l’avez compris, je ne le répéterai pas, j’aime les bons vins. Le Chemin n’est pas une punition. Je préfère en parler alors que je débute le Chemin avant de me plonger dans une démarche plus introspective.

   À l’entrée du village, une chouette, à moins que cela soit un hibou, trône sur le mur d’une maison. Étrange vision qui me fait penser à la chouette de l’église Notre-Dame de Dijon et à son extraordinaire légende qu’il m’arrive de conter aux jeunes. Autre vision, un étonnant étalage dans le mur de bouteilles de vins et de différents objets vendus par le viticulteur. Question bête : les bouteilles sont-elles vides ou pleines ?

  

Toujours la traversée du vignoble avant arriver, quelques kilomètres plus loin, à Remigny et son petit pont romain. En ville, les travaux m’obligent à retirer mon sac sous l’œil agacé d’un ouvrier. À son regard, je me dis qu’il doit penser que je n’avais qu’à faire le tour, comme tout le monde. Peut-être même pense-t-il que je suis un de ces fainéants... En haut de la côte, je suis maintenant le canal qui va vers Chagny. Au bout d’un bon kilomètre, ne voyant pas de marquage jacquaire, je décide de retrouver le Chemin de grande randonnée en escaladant une montée abrupte au milieu des vignes. En haut, la pause est la bienvenue, je suis essoufflé.

   Par des chemins de terre, je tombe nez à nez avec un marquage jacquaire. Ouf ! Je suis dans la bonne direction. Je n’ai plus qu’à la suivre. Après le passage devant le domaine de la Folie, je traverse une grande forêt qui m’amène à Rully, village réputé pour ses bons vins. Eh oui, encore et toujours… 

  

Comme j’ai quelques doutes sur la suite, deux jeunes gens du cru m’indiquent la route descendante qui doit me mener à Fontaines. Voyant de loin les premières maisons, j’avais quelques doutes sur la distance indiquée : cinq kilomètres. En fait, je m’aperçois très vite que la route de Chamilly qui doit me mener au centre-ville est très longue et que cette distance parait conforme.  Avant de me rendre au gîte jacquaire, je m’arrête au bar du coin pour déguster ma bière d’arrivée. Elle est bien fraiche. Si avant de partir, je craignais le mauvais temps, depuis trois jours, la chaleur semble aller crescendo.

   Vers 14h00, je découvre derrière l’église Saint-Just le gîte qui est en fait l’ancien presbytère. Tout est ouvert. L’hospitalier, contacté par téléphone, m’indique que je peux m’installer : il passera vers 19h00. Je profite de ce lieu frais pour m’allonger dans un des lits. Sans m’en rendre compte, je me suis endormi comme un bébé, un gros bébé.

   Entendant du bruit, je suis réveillé par l’arrivée d’un jeune pèlerin allemand, Thomas, venant de Puligny-Montrachet. Il est parti depuis deux bonnes semaines de Stuttgart. Âgé de trente-et-un ans, il effectue le Chemin pour la seconde fois, mais seul cette fois-ci. N’ayant rencontré qu’un seul pèlerin depuis son départ, cet informaticien est très disert, notamment sur son métier de programmateur. Notre conversation se déroule en anglais notre langue commune. Un bon moyen de réviser. 

  Comme je grelotte (j’ai dû attraper froid avec le vent au cours de la journée à moins que cela soit lors de ma sieste de deux heures sans avoir pris de couverture), nous partageons un thé bien chaud. En fait, je n’ai pas bien perçu la raison de son cheminement. Mais comme il se doit, chacun est libre de se livrer ou de ne pas le faire. C’est l’esprit de liberté qui règne sur le Chemin.

   À l’heure dite, Mr Gelin, notre hospitalier, passe pour nous fournir des informations sur le parcours, encaisser notre participation et tamponner nos crédentiales. C’est un personnage étonnant, ne faisant pas son âge (quatre-vingts ans). Ses engagements sont particulièrement importants, tant envers les prisonniers que des pèlerins. Il nous raconte la genèse de ce gîte jacquaire réalisé grâce au Lion's Club de Chalon-sur-Saône, et l’aide de jacquets notamment rémois fournissant du matériel.

   Après une bonne platée de pâtes préparée par Thomas, vers 20h00, chacun va se coucher. Je suis trop fatigué (déjà) pour écrire ce soir, je m’endors rapidement. Demain est un autre jour qui doit me mener à Saint-Vallerin.

   À demain. Alain, Bourguignon la Passion.

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