Etape 3 – Saint-Crépin – Montdauphin – Réotier – Saint-Clément-sur-Durance – Saint-Alban – Châteauroux-les-Alpes – Embrun – 25 juin 2014 – 38 km (73 km)
Il est 7h30 quand je pars, avec la ferme intention de ne pas trop traîner en route si je veux être à Embrun ce soir. En effet, Michel qui s’est proposé de m’accueillir doit participer à une fête locale auprès du lac, m'a demandé d'arriver avant son départ prévu vers 20h00. Après le petit déjeuner, je prends la route sous un ciel incertain. Assez vite, je m’aperçois qu’en fait, hier soir, j’aurais pu aller nettement plus loin car le trajet est plat et descendant. Je rage intérieurement (pas seulement je l’avoue - lol) contre cet aubergiste qui pour me retenir, m'a raconté quelques bobards. Bref, de toute façon, je ne peux rien y changer. Je parcours les sept kilomètres de route jusqu’à Saint-Crépin d’un pas rapide, en prenant les différentes sentes aménagées permettant de couper les lacets de la route départementale. Puis, je traverse la Durance pour atteindre Saint-Crépin. D’après une étude récente, ce modeste village d’alors était le lieu de naissance d'un dénommé Chapin qui, quittant le pays pour l’Est de la France pour des raisons économiques, va devenir la branche paternelle du célèbre musicien Fréderic Chopin. Passage ensuite à Eygliers pour arriver à Mondauphin (ou Mont-Dauphin). Je connais déjà cette citadelle construite sous les ordres de Vauban, homme de grande valeur humainement dont j’ai écrit en 2006 une modeste biographie (Vauban le Bourguignon). Mais, vu mon trajet, je n'ai pas le temps de m’y arrêter d'autant que les horaires d'ouverture ne me conviennent pas.
Je continue vers Réotier en prenant un chemin de forêt ascendant où je peux entr’apercevoir la citadelle de Montdauphin vue du dessus. A Réotier, je ne peux naturellement pas manquer de passer à la fontaine pétrifiante, véritable phénomène de la nature représentant un monstre. J’en parlerai dans mon prochain livre sortant en fin d’année (les mystères des Hautes-Alpes). Tiens, je fais beaucoup de pub aujourd’hui…
Remontée sur la route (un peu raide) et direction Saint-Clément-sur-Durance. Peu ou prou, je vais suivre en hauteur le tracé de cette Durance fougueuse qui alimente le lac de Serre-Ponçon jusqu’à Embrun, et qui servit aux radeliers de transporter le bois. La route est agréable et ne pose pas de difficulté. Je crois que la forme est revenue après les deux premiers jours de galère. En passant, je vois de nouvelles constructions en cours comme l’école intercommunale, d’autres plus anciennes comme cette chapelle en rénovation surplombant la route. C'est maintenant l'arrivée à Saint-Clément, un beau village ancien, avec ses petites ruelles qui sentent déjà le sud.
Ce fut ensuite la galère, le mot est juste, pour parcourir ces sept kilomètres en épingle à cheveux permettant de passer sur le Couleau. Je ne sais pas qui sont les traceurs de cette voie, mais j’ai beaucoup de doutes sur le fait que les pèlerins d’autrefois faisaient un tel détour pour cheminer. Pourquoi perdraient-ils autant d’énergie alors qu’il leur restait deux mille kilomètres à parcourir pour rejoindre Compostelle ? Il existe certainement d'autres alternatives, un chemin peut-être plus réaliste et plus adapté aux pèlerins qui, je le répète, ne sont pas des montagnards. Bref, je suis en rogne (faut que je me calme) quand j’arrive à Saint-Alban après avoir parcouru environ 26 km.
Il fait trés chaud, et les propriétaires du gite m’accueillent avec sympathie bien qu’ils ne reçoivent plus de pèlerins, sauf exceptionnellement si besoin était. L'esprit de l'hospitalité. Un moment fort où nous pouvons deviser alors que je me désaltère. Je suis en bonne compagnie avec des personnes épris de l’esprit qui est le nôtre.
Reprise de la route vers Châteauroux-les-Alpes en passant sous le célèbre pont de bois de leur gite. Le sentier est à flanc de montagne, et les paysages sont à couper le souffle tant cela est beau. Arrivant à Châteauroux, dans un bar, je prends un coca bien frais et le cafetier me donne un litre d’eau bien fraiche pour mettre dans ma poche d'eau de deux litres. Il faut bien cela, je fais du un litre, un litre dix aux dix kilomètres.
Il me reste 8 kilomètres à parcourir, que j'effectue finalement assez rapidement, plus vite d'ailleurs que je ne le pensais. C'est un véritable parcours de pélerin, sans excés, avec petites routes, chemins forestiers, passage de gué de torrent, passage d'une petite rivière dévalant un chemin (je suis en sandales, et l’eau est bien fraiche). C’est maintenant l'arrivée au-dessus d'Embrun qui fut jadis le siège d'un évéché au même titre que Gap. Il est presque 19h00 lorsque je trouve l'adresse de Michel située sur les hauteurs.
La maison se trouvant près de l’entrée de la cité, je n’ai pas beaucoup de chemin à faire. Michel m’accueille avec une grande sympathie et m’installe dans une chambre. Après une bonne douche, nous prenons le repas du soir car Michel doit se rendre à la manifestation prévue. Ce fut un temps court mais plein de richesses et d’émotion. J’aurais bien aimé l’accompagner, mais les 38 km du jour me pesaient. D’ailleurs, lorsqu’il rentra, je m'étais déjà endormi du sommeil du cheminant. Seul, il regarda à la TV le match France-Equateur.
A suivre… Bourguignon la Passion.