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Publié par Alain Lequien

   Lorsque je me lève vers 6h00, je ne sais pas encore où je vais m’arrêter ce soir. En fait, avant de partir, j’ai envie de partager un moment de recueillement avec les sœurs dans leur chapelle ouverte à tous. Même si je suis en recul avec les dogmes religieux, j’éprouve la nécessité de me retrouver dans ces lieux reposants pour l’esprit. Nous serons tous présents. Le saint du jour est saint Thomas. Étonnant, non ? La sœur nous lit quelques psaumes.

   Après un petit-déjeuner copieux, il faut reprendre la route. Au cours de la nuit, un gros orage a rendu les chemins boueux et le temps est particulièrement frais. C’est ainsi que je passe dans des chemins glissants (sympa avec les sandales) avant d’en rejoindre un plus large menant à Montcuq. Ce village a vu sa renommée décuplée à la suite du sketch d’un humoriste de renom, et la présence non loin de là de Nino Ferrer.  

   Je croise de nouveau les  trois Allemands. Cela me fait plaisir de rencontrer des têtes connues. Au bout de six kilomètres, j’arrive dans la cité. Il y a de nombreux pèlerins, dont l’ami Djamel sirotant son café. Au cours de mon arrêt, je vais vous envoyer, mes seigneurs, trois articles grâce au wifi du bar. Ici, la langue anglaise est la référence. Bistrots, boutiques, bureau de tabac, tout le monde parlent anglais. C’est impressionnant.

   Je profite de ma présence pour cheminer dans les rues médiévales pleines de charme (maisons des XIVe et XVe siècles), le donjon du XIIe siècle...

   Mais, il ne faut pas trainer. Je quitte la cité sous la pluie par un chemin pierreux inondé, suivi d’une grande montée. De loin, j’aperçois Djam à la peine. En le rejoignant, il m’apprend qu’il a acheté des sandales à Cahors, et qu’elles lui font mal aux pieds. Il faut toujours un certain temps d'adaptation correcte à ses pieds. Avant de quitter Cahors, il avait encore oublié son bâton de marche. Un peu tête en l’air, mon compagnon de voyage !

   Nous décidons de reprendre notre marche commune pour un temps. Nous rejoignons une jeune Québécoise qu’il connait qui se joint à nous. Nous marchons finalement assez bien. En haut d’une côte, à l’entrée d’une ferme, les propriétaires ont mis du café à disposition et des fruits. Nous en profitons, et mettons notre écot avant de repartir.

   Le temps est toujours incertain. De temps à autre, une pluie d’orage s’abat sur nous. Vers Montlauzun, le soleil revient. Deux ânes semblent apprécier notre passage. Notre Québécoise nous quitte. Après une dure montée, Djam décide de stopper : il a trop mal aux pieds. Comme il se montre plutôt énervé, je préfère le laisser seul et m’éloigner.

   C’est donc seul que je termine cette étape vers Lauzerte. Si la montée a été pénible, que dire de la descente qui même si elle a été aménagée est dangereuse et glissante avec ce temps pluvieux.

   Nous sommes maintenant dans le département du Tarn-et-Garonne.

   La découverte de la cité médiévale de Lauzerte perchée sur sa petite montagne est un beau spectacle. Le village est classé parmi les plus beaux de France. Pour y accéder, à l’image de la colline éternelle de Vézelay, il faut monter par une pente raide. Mais, le spectacle vaut le coup. Jardins de pèlerin, place centrale bien aménagée,  vieilles maisons, tout respire l’authenticité.

   Sans oublier la place des Cornières bordée d’arcades, le lieu de vie avec le coin relevé. Cette création artistique réalisée en 1988 ne laisse personne indifférent. Il fut réalisé par le céramiste Jacques Buchholtz, avec des pavés de grès, des bordures de calcaire, une structure en béton armé de 4 tonnes en porte à faux et carrelage industriel.

   Voici ce qu’en dit un poète local.

   « Un carré de lumière, au milieu d’une bastide, un carré de pierres et de terre assemblées en quadrillage de pavés.

   « Un carré minéral – soulevé dans un angle comme sous un coup de vent déterminant au sol un chatoiement de couleurs, pour mieux illuminer le regard – soulevé dans un angle comme une montée vers le ciel.

   « Un appel vers d’autres rêves, un tremplin vers le surnaturel.

   « Il faut savoir se laisser porter et simplement ressentir l’émotion. »

   Devant l’office de tourisme, des pancartes donnent des indications sur le chemin restant à parcourir : près de mille deux cents kilomètres. En y passant, je retiens ma place au gîte communal. Pour l’instant, je suis seul. Vu le type de lit et la disposition des lumières, le lieu semble être un ancien hôpital local.

   Me promenant dans la cité, je retombe sur Djam enfin arrivé. Il a retrouvé le sourire. Nous prenons un chocolat chaud – il fait frisquet ce soir – avant qu’il ne quitte Lauzerte pour bivouaquer sur les hauteurs environnantes.

   Visite du Jardin du Pèlerin. Il retrace l’histoire et le parcours initiatique du pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle. Il se présente comme un jeu de l’oie. Un sentier parsemé de cases et de panneaux numérotés permet aux joueurs ou promeneurs de se déplacer en suivant des étapes qui racontent le quotidien du pèlerin.

   Au refuge, je suis rejoint par Jean-Luc, Chad et Pascal. Ces deux derniers préparent une grande platée de pâtes que nous partagerons.

   Il est tard. Vers 23h00, tout le monde rejoint sa chambrée. Je suis seul dans la mienne comprenant une dizaine de lits.

   À demain - Alain, Bourguignon la Passion.

 

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Y
je suis entrain d'écrire le récit de mon périple du Puy à Saint Jacques en 2015. Je viens de découvrir ton blog de 2013. Tu étais hospitalier au Puy quand j'y suis passé le 25 mai 2015.
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A
Bonjour, c'est avec plaisir que je lirai ton expérience. J'avoue que j'ai vu passer beaucoup de monde au Puy et je ne me rappelle plus de tout le monde. J'espère que ton cheminement s'est déroulé comme tu le souhaitais. Ultreïa !