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Publié par Alain Lequien

Nous étions si fatigués tous les deux hier soir que, de concert, nous décidons de faire une étape moyenne. Le trajet s’y prête bien, il est relativement facile le  long du canal. Mais, comme souvent sur le Chemin, rien ne va se dérouler comme prévu.  Ainsi va la vie…

   De la fenêtre de notre chambre, nous apercevons le jardin réservé aux Sœurs de la Miséricorde. Hier soir, elles ont reçu des familles pour la fin de la catéchèse. C’est l’occasion de partager avec vous la vision de l’Église de France de ce pèlerinage. Ne serait-ce que pour vous faire une opinion.

   « Tu désires un renouveau, un ressourcement. Après des études, une vie de travail, des événements difficiles, tu désires prendre la route de Saint-Jacques de Compostelle. À chacun ses raisons, multiples, anciennes ou récentes, celles que l’on partage et celles que l’on garde au fond du cœur, celles du corps ou celles du cœur, celles uniques de l’histoire de chacun.

   « Le chemin de Saint-Jacques est un Chemin de liberté : chacun s’y aventure et le parcourt à son rythme, avec ses secrets et ses espérances.

   « La marche, qui caractérise les pèlerins de Saint-Jacques, enseigne deux attitudes à préserver : simplicité et patience.

   « Simplicité : elle fait la richesse et le repos du pèlerin.

   « Patience : en chemin et au retour. En partant, Saint-Jacques est bien loin ; mais, d’étape en étape, de balise en balise, on parvient au terme. À la fin du pèlerinage, il y a un appel à vivre de la lumière reçue, souvent modeste, mais qui permet, petite lumière après petite lumière, d’avancer dans l’espérance. Il faut de la patience pour devenir, jour après jour, ou année après année, toujours plus profondément pèlerin. »

   Avant de partir, notre hospitalière nous prend en photo devant l’entrée de la maison moniale. Encore un souvenir. En parcourant la cité jacquaire, toujours les mêmes interpellations concernant le Chemin. Je pense que ces personnes vivent par procuration notre cheminement. Il faut alors répéter souvent la même chose. Cela n’est pas gênant, car la plupart du temps, nous voyons briller leurs yeux  d’envie positive. Une dame se propose même d’appeler un journaliste qu’elle connait pour nous prendre en photo. Nous le déclinons gentiment. L’enregistrement d’Arte suffit à Djam, le nouveau Ramzi (voir le film Saint-Jacques La Mecque) comme parfois nous l’appelons gentiment.  

Nous marchons maintenant sur les anciens chemins de halage du canal latéral à la Garonne. Là, nous allons croiser plusieurs bateaux et assistons au passage d’une écluse comme à L’Espagnette.

   Petit détour par Malause sur les conseils de trois frères cyclistes, véritables forces de la nature pour aller prendre notre traditionnel café allongé du matin. Dans le bar, des maximes de Lamartine sont affichées. Étonnant en ce lieu.

   Reprise du chemin le long du canal. En discutant, nous oublions de vérifier le marquage blanc et rouge et nous nous retrouvons à faire cinq ou six kilomètres supplémentaires pour revenir vers Auvillar sous le cagnard. C’est trop pour moi qui avais l’intention de m’arrêter à Saint-Antoine sur l'Arrats situé huit kilomètres plus loin.

   Je stoppe donc à Auvillar, jolie petite médiévale dominant la Garonne. Comme à Montcuq, on parle principalement anglais. Il y a de nombreuses chambres d’hôtes. De nombreux taxis font le va-et-vient pour déposer de lourds sacs ou des personnes portant des petits sacs ultralégers. Sont-elles marcheuses ou pèlerines ? Nous ne savons pas.

   Djamel décide de continuer, moi pas. Nous partageons quelques ressources alimentaires, et après un verre pris ensemble, mon compagnon de voyage s’éloigne. Je rejoins le gîte communal où déjà sont présentes deux femmes depuis deux jours. Elles ont décidé de stopper leur parcours ici.

   Petite histoire du lieu : Marcabrun ou Marcabru était le fils d’une veuve locale. À la mort de celle-ci, il fut jeté à la rue par son maître. On n'en connait pas la raison. Recueilli par le seigneur du lieu, il put s’instruire et devenir troubadour. Il fut l’un des plus grands poètes de Gascogne entre 1120 et 1150. J’en tire la conclusion suivante : quand tout parait perdu, il faut espérer et puiser dans ses ressources pour passer ce mauvais cap. Il faut saisir sa chance (il s’en présente toujours) et s’accrocher à l’idée que nous maitrisons notre destin. 

   Auvillar est entouré de vignes depuis fort longtemps. Chaque année, il s’y déroule à la Trinité, la fête folklorique de la Saint-Noé, la fête des vignerons. On y promène dans les rues de la cité Bacchus, un enfant mis sur un tonneau. Place du Château, il plante un pied de vigne.

   Vers 21h00, votre serviteur va se coucher.

   À demain - Alain, Bourguignon la Passion.

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